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Vaudou de chez Cartier
Vaudou de chez Cartier, ce n’est pas mon nouveau parfum. Vaudou c’est pas doux. C’est le titre de l’expo de la Fondation Cartier que vous feriez bien de vous dégrouiller de voir (si ce n’est fait) parce qu’elle se termine le 25 septembre 2011.
Choisissez pour cela une de ces journées étouffantes dont nous gratifient cette arrière-saison parisienne. Rien de tel qu’une atmosphère tropicale pour ajouter au mystère de ce rendez-vous avec un ensemble exceptionnel de sculptures bocio provenant des collectes du grand collectionneur et «expert autodidacte» Jacques Kerchache lors de ses voyages en Afrique de l’ouest.
Cliquez dans l'image pour voir le film tiré des archives de Jacques Kerchache
Dans l’actuel Bénin (ex-Dahomey), berceau du vaudou, culte et tradition philosophico-magique ancienne. J’ai conscience de vous imposer là encore un écart par rapport à mon thème de prédilection mais quand je lis que Mawu, le plus grand des dieux vaudou, s’appelle parfois Mawu-Lisa car il est à la fois masculin et féminin, comment voulez-vous qu’Animula Vagula ne se sente pas concernée?
Bocio signifie «cadavre qui a des pouvoirs». Et ces statuettes en bois, faites d’une accumulation d’éléments (ossements, cauris, fibres végétales, cheveux, machoires d’animaux, cordes, cadenas, argile, huile séchée, patine sanglante sacrificielle demeurée secrète) sont des objets-passeurs entre le monde des humains et celui des esprits.
Même sans leur poison ou leur substance-médecine, jadis contenus dedans, elles restent détentrices d’une force respectable qui n’est pas sans rappeler celle que nous rencontrons en fréquentant de grandes œuvres d’art brut. Avec cette force psychique, un autre monde fait irruption. La violence du choc nous frappe au cœur, de sa masse pétrifiante. C’est pas de la rigolade. Les ligatures sont là pour nous rappeler que, dans des sociétés qui n’ont pas -comme la nôtre- cantonné la sorcellerie à un rôle folklorique, on peut réellement claquer le beignet à un méchant.
Le cahier olivâtre qu’on distribue à l’entrée de l’expo contient la liste des œuvres montrées. On n’est donc jamais obsédé par les cartels quand on visite les bocio d’en haut (troncs d’arbres sculptés disposés en cercle comme dans la cour d’un village) et ceux de la salle du bas (statues plus petites alignées sur des supports carrés et protégées par des cubes transparents. Un peu à l’écart, le Chariot de la mort, un bocio biface, qui se reflète dans un bassin, est relié par des chaînes à des crânes de crocodiles. De quoi figer le sang!
La très élégante scénographie d’Enzo Mari a le mérite de servir la lisibilité. Mais son parti pris d’esthétisation (conforme à l’esprit Kerchache), s’il révèle la sauvage beauté des objets, met un peu à distance la force dont je parlais plus haut. De ce point de vue, j’avais été plus impressionnée par l’expo plus bordélique de Genève, il y a 3 ans (voir mon post Au pays des zombies du 3.07.2008). L’ambiance fouettait davantage même si les œuvres étaient moins remarquables. Si vous avez pas 49 € pour le catalogue, raflez les documents pour les enfants. Ils sont beaux, bien faits et on peut les mettre entre les mains d’un adulte.
C’est dire si la Fondation Cartier n’infantilise pas son jeune public. C’est assez rare de la part d’une institution muséale pour que ça soit souligné.
Les photos des œuvres de la collections Anne et Jacques Kerchache sont extraites du dossier de presse de l'exposition.
©Yujy Ono
11.09.2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
Ubiquité de Gaston Chaissac
Une virée dans les beaux quartiers? Il ne vous manque qu’un prétexte? Le voici tout trouvé avec le show Chaissac dans le 8e. Un artiste…deux lieux, ce sont deux belles expositions complémentaires que vous pouvez vous mettre dans l’œil jusqu’au samedi 19 novembre 2011 boulevard Malesherbes et avenue de Messine. Deux bonnes voisines, les galeries Brame & Lorenceau et Louis Carré & Cie vous invitent.
Ne faites pas vos timides sous prétexte de la majesté des lieux. On vous laissera regarder en paix et même qu’on vous fera des sourires! C’est un article de Lydia Harambourg dans la Gazette qui a attiré mon attention. Moi, j’ai visité ça trop vite, à l’heure du déjeuner parce que j’ai jamais le temps. Quelques pièces maîtresses de la fin des années quarante chez Carré.
Sonnez sous la voûte monumentale, on vous ouvrira ou apportez votre trampoline pour jeter un, deux, trois coups d’œil depuis le dehors, la grande salle possèdant plusieurs fenêtres.
J’ai trainaillé davantage (mais pas assez) chez Brame & Lo qui est une bonbonnière du dehors. Le bonjour à un grand totem à l’entrée et moquette gris-perle dans l’escalier qu’il faut grimper pour tomber dans une successions de petites salles et gentils corridors, littéralement bourrés de choses diverses et variées des années 50 à 64. J’ai noté une tôle à la bouche rieuse et une bassine avec une petite face chapeautée à la South Park. Ce petit visage au nez de travers n’est pas la seule pièce émouvante.
Vous rencontrerez aussi le gars aux yeux vairons exécuté d’après un dessin d’enfant (1961) et une énorme tête de 1962. Saluez de ma part le Personnage en robe fantaisie (HST de 1963) et le Personnage rieur (HSP de 1963) replié du pied.
J’en passe et des meilleures en regrettant de ne pas être critiqueuse d’art pour vous faire sentir les nuances. Mais quoi, faites votre boulot d’amateurs d’art, quoi! Cela vaut la peine. Il y a deux catalogues.
J’ai préféré le jaune citron de Brame & Lo qui contient notamment de rigolotes photos des correspondants et amis du Gastounet. J’adore pour ma part le portrait de Michel Ragon jeune avec une chevelure presque à la banane qui sent un peu son zazou.
31.10.2011 | Lien permanent
Sépulcrales de saison
Hier il faisait beau et aujourd’hui un temps de Toussaint. Chaque année, c’est pareil, c’est réglé comme du papier à musique. On ne sait pas quoi mettre sur son blogue. Pas facile d’éviter les sujets par trop folichons en ces temps «d’effluves de chrysanthèmes» (merci à l’Animulienne qui m’a fourni la formule). Et on peut pas toujours vous recycler des calaveras en cascade : voir mon post du 4 novembre 2007. Les squelettes à force ça use si on s’en sert trop.
Or donc j’ai choisi cette année de vous brancher sur les Sépulcrales, martyrologe de Pierre Joinul. Pourquoi? D’abord parce que c’est une jolie plaquette dépliante à tirage petit, mise en page par Jean-Luc Thierry et imprimée à Nîmes Par SEP pour les Editions Double Quark.
Ensuite parce que Joinul est un pseudo qui dissimule à peine un découvreur d’art brut hors pair puisqu’il a à son actif Emmanuel le Calligraphe, René le Bedeau et Pierre Jaïn. Joinul est aussi un pote à J.D. qui s’est fait son éditeur pour La bataille de mo
et son illustrateur pour la couvrante de Mézavi chez Pierre Jean Oswald en 1975
Robert Tatin et Slavco Kopac ont pareillement décoré ses recueils, le premier en 1973 : Oublions nos querelles voici que s’avance le vitrier boiteux
le second en 1976 : Mon prof de maths sent le tabac, ah
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de ces drôles de poèmes décalés dont je vous laisse juges. Je les préfère à ses grosses machines de mots qu’il lui arrive de pondre de temps à autres (car c’est un enragé langagier) et où il a un peu tendance à se prendre pour un ordinateur emballé qui nous largue dans un encyclopédisme échevelé.
Là cette série de 32 sépulcres à ressorts comiques, lyriques et discrètement blasphématoires a de quoi plaire. D’abord parce qu’elle est à taille humaine (c’est ma taille) et qu’elle s’arrange pour enterrer je ne sais quel ton secrètement désespéré qu’on sent en filigrane dans les écrits joinuliens. D’autres diraient «à noyer le poisson» mais on n’est pas en avril. Les amoureux de beaux papiers kifferont les couleurs virant délicatement du rose à l’orange doux, du lilas au violet.
Le revers de la feuille est un poème chromatique muet. C’est à Federica Matta que l’on doit le sinueux et narratif décor qui fait le liseron autour des strophes joinuliennes imprimée en blanc.
01.11.2011 | Lien permanent
Nous, ceux de la parole toujours en marche
Impossible de quitter Lausanne sans vous expédier les cartes postales Giovanni Bosco proposées à l’accueil de la Collection de l’Art brut. Les deux premières qui représentent des œuvres feutrales sur papier ou vulgarus cartonus ont été photographiées par Arnaud Conne.
La troisième est un cliché de Lucienne Peiry herself d’après une peinture murale à Castellammare del Golfo en Sicile, patria du créateur-fétiche d’Animula Vagula.
Ces C.P. émanent de l’Associazione Outsider Art Giovanni Bosco et de la Collec de l’Art brut de Lausanne réunies.
Elles vous parviennent au moment où ça bouge en Italie du côté de ce peintre qui reste la plus belle découverte récente en matière d’art brut. Son travail «extraordinaire» figurera en compagnie de ceux de 5 autres créateurs «hors normes» dans une expo collective à Gênes du 3 septembre au 3 octobre 2010. Si j’en crois le carton d’invitation au vernissage du vendredi 3 septembre qui a privilégié une tête-cœur graffitée par Bosco, c’est l’œuvre de celui-ci qui fait office (ça ne m’étonne pas) de locomotive à cette exposition qui se tiendra au Musée-Théâtre de la Commenda di Pré.
Joli nom pour un lieu destiné à recevoir voyageurs, pélerins et pélerines. Un lieu ouvert «pour relier peuples et cultures». Bravo aux Gênois et à la province de Gênes, bravo à la région ligure qui défend de telles valeurs un peu méprisées de notre côté des Alpes. Nous, ceux de la parole toujours en marche, titre de l’exposition, sonne pour nous Français comme une agréable manifestation de tolérance envers l’errance expressive en cet été 2010 synonyme d’imbécile ostracisme d’état.
Ce titre rappelle à mon daddy ces Voix d’en bas, une anthologie de poètes-ouvriers du XIX ème siècle, concoctée en des temps héroïques (1979) par Edmond Thomas, éditeurfan de typographie bien propre sur elle.
C’est pas idiot, sauf que là c’est plutôt le sous-commandant Marcos qui a donné le titre de l’expo gênoise faisant un clin d’œil (pas facile avc un passe-montagne) à une petite poésie de l’anti-leader mexicain : «Nous les sans voix, nous les sans visage».
Evitez de vous couvrir la figure mais passez les frontières, animuliens suisses, français et autres de passage dans la botte pour vous rendre à cette expo où Giovanni Bosco est en bonne compagnie. Notamment celle de Oreste Fernando Nannetti, champion de la boucle de ceinturon dont mon ravissant petit blogue vous a déjà parlé le 15 novembre 2009.
Les autres participants, dont Melina Riccio,
je les connais pas plus que ça, donc le mieux c’est d’aller faire un tour sur le dossier de presse de l’expo. Vous y verrez que Noi, quelli della parola che sempre càmmina a pour commissaire un danseur du nom de Gustavo Giacosa, épris de scénographie-installation et d’écritures anonymes.
22.08.2010 | Lien permanent
Les petites maisons de Juqueri
Décidément, on me lâchera jamais la grappe!
Je m’étais organisé une petite journée pénarde favorable à la méditation du 1er novembre et puis patatras, c’était compter sans le brain trust d’élite constitué par mes lecteurs. L’un d’entre eux, après mon post du 17 octobre 2010, m’avait mailé pour me dire que l’une des images de cette note
lui faisait penser à un petit dessin «qui est à Sainte Anne et qui a été dans le catalogue de la Clé des Champs».
Comme vous êtes très musclés du bulbe, je vous rappelle pas ce que c’est que le centre hospitalier Sainte-Anne of Paris. Mais pour les Animuliens distraits qui l’auraient oublié, La Clé des Champs c’était le titre d’une fameuse expo de 2003 à la Galerie Nationale du Jeu de Paume où ce qu’on avait pu voir une expo Bispo do Rosario pas piquée des hannetons. L’auteur du dessin reproduit page 108 du catalogue de La CdC est un Brésilien du nom de José Theofilo R.. Et ce dessin a dû paraître bien fort aux concepteurs graphiques du catalogue (Sign-Bruxelles) puisqu’ils l’ont utilisé aussi en camaïeu de jaune et brun-rouge pour la couverture.
Les choses en étaient restées là et j’avais laissé planer en attendant que mon correspondant savant (qui s’étonnait de la «provenance Nevada» indiquée par Raw Vision) m’en dise plus. Il ne pouvait pas chercher très rapidement mais il était sûr de trouver la référence dans le livre de Volmat. Aujourd’hui, c’est chose faite et je suis en mesure de vous dire que «le livre de Volmat» en question c’est celui des P.U.F. paru en 1955 quand mon daddy était encore en maternelle. L’art psychopathologique que ça s’appelle ce classique et avec un peu de chance ça se trouve chez les bouquinistes. C’est un joli gros pavé plein de renseignements qui accompagnait la méga-expo internationale au 1er congrès mondial de psychiatrie.
Ouf, ouf. Effectivement quand on va à la page 15 de cette œuvre volmatique, qu’est ce qu’on lit? la notice reprise dans le catalogue de La Clé des Champs.
A savoir qu’il s’agit de «José T. R., mulâtre, paysan, 31 ans, schizophrénie catatonique. Dessins stéréotypés : traits géométiques, faits à l’aide d’une boîte d’allumettes, employée comme tire-ligne. Il n’y a pas dans l’infinité des maisons et des églises qu’il dessine, deux modèles semblables. L’ensemble est stéréotypé : villes développées en plan, maisons et édifices géométriquement juxtaposés. Sa production est un exemple de style schizophrénique dans toute sa pureté».
C’est un peu sec, comme le sont les observations des toubibs de ces années là mais cela a le mérite d’exister. Le dessin de Ste Anne provient de la Collection du Dr Mario Yahn qui bossait à l’hosto de Juqueri près de São Paulo.
Reste que José Theofilo R. est né en 1920 et que le papier sur lequel a été exécuté le dessin reproduit dans Raw Vision 70 aurait été fabriqué avant 1910.
Troublant, non ? S’agit-il, finalement, du même créateur ou d’une rencontre fortuite entre deux créateurs différents? Je suis perplexe.
01.11.2010 | Lien permanent
Le sabotier de Martizay
L’amusant avec mes farfouillages sur les musées autodidactes disparus, c’est qu’une chose en entraînant une autre, je visite par la pensée des tas de charmants petits bleds que vous rencontrerez peut-être pendant vos pérégrinations estivales.
Aujourd’hui, c’est Martizay dans l’Indre (36220), porte d’entrée de La Brenne aux jolis étangs. Comment suis-je arrivée là, aux frontières Berry/Touraine?
Par Jules Sincère, figurez-vous, l’auteur du bouquin dont je vous ai causé dans mon précédent post. Comme ce Sincère a eu la bonne idée de dédicacer de son vrai nom (Allély) mon exemplaire des Amants de la mer, je me suis lancée sur sa piste.
Manque de bol, Allély est un nom répandu dans la région berrichonne et j’ai fait tintin.Non sans faire connaissance au passage avec un certain Robert Allély, sabotier de son métier et sculpteur amateur qui réalisait, à côtés des sabots utilitaires «de véritables œuvres d’art».
Du moins, c’est le Bulletin n°5 des Amis du vieux Martizay (nous y voilà), paru il y a 10 ans, qui nous l’apprend. Pas d’images à se mettre sous la dent malheureusement, à part cette repro pas fameuse d’un étonnant sabot-crocodile.
Il y en a peut-être d’autres à l’intérieur du bulletin mais je n’ai pas le temps de me le procurer. A supposer qu’il ne soit pas épuisé. Mais là aussi, il se pourrait qu’il existe des cartes postales car on avait l’air de prendre au sérieux les coutumes populaires à Martizay.
Alors, messieurs les cartophiles, un coup de pouce siouplait !
17.07.2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
De HLM en USSR
N O Sii A M I E S iiL E S iiB Ê T E S
Pouf, pouf. Faut que j'marque une pause. Votre petite âme errante peut pas toujours faire dans le lourd.
Par conséquent je vous rappellerai pas que c'est demain, jeudi 21 janvier 2010, le vernissage des nouvelles œuvres du centre Creative Growth à la Galerie Impaire : PROJECTS
ni que au même moment (ils pourraient pas se mettre d'accord pour éviter ce genre d'embouteillages ?) la Galerie Christian Berst nous en mettra une nouvelle couche russe avec Back in the U.S.S.R., un titre qui y'a plus qu'à mon daddy-pop que ça dit quelque chose.
Votre servante (comme dirait l'autre) s'abstiendra aussi de vous informer que la dernière expo H.L.M. (hors les murs) du Musée d'Art moderne de Villeneuve d'Ascq vient de commencer à la Galerie des 3 Lacs de Lille Université.
Quoique ça la démange un max d'attribuer son label «nos amies les bêtes» à M. Jean-Marie Guichard qui n'a pas peur d'écrire dans La Voix de ch'Nord : «Cela dit, l'art brut, encore appelé art naïf (gloup !), art des fous, des autodidactes, nous fait découvrir des mondes et des personnages fascinants, surtout quand on fait le voyage en compagnie de Savine Maupin (regloup !), la commissaire de l'exposition».
20.01.2010 | Lien permanent | Commentaires (1)
Les murs de Ste Elisabeth
Comme j’ai traîné ma flemme pendant tout le ouikène, il faut pas trop compter sur moi pour vous apporter des p’tites nouvelles bien fraîches sur un plateau. J’ai juste eu la force de ranger mes deux douzaines de sacs à main qui commençaient à taper sur les nerfs de mon chéri et de vous choisir, dans ma photothèque en stand-by, deux images extra de chez extra. On n’en trouve pas souvent des comme ça. Il faut remonter aux photos de Jean-Philippe Charbonnier que je vous ai montrées le 22 janvier 2007 dans ma note HP Réalités de 1955 pour trouver chose pareille.
Celles-ci ont été prises je sais pas par qui. Flickr, le site collaboratif où je les ai repérées, indique seulement qu’elle ont été «selected by Katleen». Merci Kat. Ces dessins que l’un de vos commentateurs qualifie de «modern hieroglyphics» proviennent du St. Elizabeth’s Hospital de Washington.
Ils ont été réalisés par grattage sur les murs d’une salle d’isolement par un patient, «a disturbed case of dementia praecox», acharné à représenter les événements de sa vie passée
Il semble que le créateur ait travaillé en retrouvant la couleur rouge de la brique sous l’enduit chamois : «pin or fingernail used to scratch paint from wall, top coat of paint buff color, superimposed upon a brick red coat of paint» nous dit la légende en anglais qui accompagne ces clichés.
Votre petite âme errante adore le côté lettriste avant-la-lettre de cette œuvre qui date probablement du début du XXe siècle. St. Elizabeth est un établissement historique du genre gothic revival qui a été créé en 1855.
Comme il est toujours en activité, il se pourrait que cette chambre à libres figurations pariétales et silhouettes à engrenages existe encore et qu’elle propose toujours au visiteur son rébus. Bon…, on peut rêver, non ?
19.10.2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Paysages de femmes
La semaine dernière, je lui ai taxé une vieille brochure de Jean Ajalbert,
un Auvergnat de Clichy-la-Garenne qui fut l’avocat de l’anarchiste Auguste Vaillant. J’avais été attirée par son titre rouge : Paysages de femmes et par la choucarde lettre ornée de sa couverture. Ce recueil célèbre les danseuses de chahut, les pouffes d’atelier et les petites bourgeoises qui montrent leurs mollets en grimpant dans les omnibus.
Bien m’en a pris car j’y ai déniché un fatal poème impressionniste que j’ai recopié pour vous. Pourquoi tant de mansuétude ? mais parce le dit poème nous chante – et c’est assez rare en 1887 pour le souligner – le charme des graffiti parisiens.
18.07.2008 | Lien permanent
Bâtisseurs de Sicile
Coucou, me revoilou. Si votre petite âme errante a manqué à ses devoirs animuliens ces jours derniers, c’est qu’elle a fait comme les copines. Elle a profité du ouikène 8 mai-lundi de Pentecôte pour tailler la route, les doigts de pieds en éventail sur le tableau de bord et le nez dans sa crème solaire.
Direction la Sicile où elle s’est fait une indigestion de granite de limone et de temples grecs avec Reinette, Dominique que sa fille appelle tout le temps sur son portable et Lea qui est Romaine et bonne comme la salade du même nom.
Parties pour Segeste sous un soleil trop top, nous nous sommes retrouvées sous l’orage devant le théâtre antique. Trois feuilles de figuier pour s’abriter à 4, je vous dit pas le concours de T-shirts mouillés !
Voilà ce qui arrive quand on se vautre dans l’hellenisme.
Pour que le ciel nous pardonne nous avons pris le chemin de Mazara del Vallo où le Routard 2008/2009 signale «l’œuvre d’un Facteur Cheval sicilien».
Bon, d’accord, il exagère un brin, le Tardrou mais la maison de Giovanni S vaut quand même un coup d’œil puisque vous m’avez suivie jusque là.
«Vous pouvez pas la manquer», dit le pompiste quand il vous abreuve Bijou, la petite Fiat de location, à l’essence sans plomb et sans reproche. C’est sur la gauche quand on va vers Marsala.
En effet, comment la manquer avec ces crénelages à la grosse, ses seaux en plastique bleu, ses assiettes, ses miroirs, ses bombonnes, ses montants de lit en fer embourbés dans un ciment taloché sans précautions inutiles ?
L’essentiel du travail de ce bâtisseur de désastres volontaires se trouve là, dans ces prèlevement opérés brutalement dans la réalité (ou pour mieux dire : dans ses déchets).
On approche par un chemin de terre qui poudre la carrosserie et on repart de même après avoir demandé l’autorisation de tourner autour de la maison à deux maraîchers qui bossent au jardin.
Impossible de voir dedans au travers des portes surmontées d’images de Padre Pio (un nouveau saint très à la mode) mais ça sent le chaos choisi dans la cour intérieure.
Sur le pignon de la maison, un décor de cailloux alignés, avec le nom du propriétaire qui, trop vieux peut-être habite maintenant en ville. L’indication «vendesi» indique que la maison est à vendre. Son propritaire et ornementateur a-t-il voulu la faire remarquer de la route voisine. Allez donc savoir !
14.05.2008 | Lien permanent