Les grands (!) de ce monde donnant l’exemple, je vois pas pourquoi votre petite âme errante ferait des complexes.
Sachez donc, Animuliens et Animuliennes que je vous ai servi d’ambassadrice au vernissage des 5 d’Oakland et que je vous en ai rapporté quelques souvenirs. Montreuil, ça vaut bien Malte, pas vrai? Et c’est mieux fréquenté. Il y avait les créateurs en photo à l’entrée et le directeur du Creative Growth Art Center, Tom di Maria himself qui était descendu pour l’occasion de sa Californie.
Le loft decharmant et barbarasafarovesque bourdonnait comme une cour de récré. De futures stars du théâtre s’entretenaient avec de jeunes espoires de la littérature sous l’égide bienveillante d’un irisé poisson volant de Judith Scott pendu au plafond. On croisait des esthètes-psys et de gentils Américains de Paris qui se mettaient à parler français entre eux. A peine rentrée dans mon animuloft à moi, j’ai constaté que vous m’aviez plébiscitée et que j’avais pulvérisé mon record d’audience. Cela m’a fait plaisir mais ça m’a donné un coup de fatigue.
Je suis donc allée me reposer dans un château des XVI/XVIIe, le château d’Oiron dans les Deux-Sèvres. Non à cause d’un amour fanatique du Poitou-Charentes mais parce que ce château-là, qui préfère les curiosités contemporaines aux vieilles poussières, abrite un cabinet des monstres, la chambre du coquatrix, la collection de Mama W et le petit couloir des dessins de Frédéric Bruly Bouabré. Peu de chose à voir avec l’art brut, d’accord mais rien non plus qui lui tourne le dos.
Un cygne-lapin, une belettanguille, un écureuil à queue de poisson,
telles sont les créatures hybrides que Thomas Grünfeld, né en Allemagne en 1956, a fait naître selon des méthodes de naturalisation éprouvées. Joan Fontcuberta de Barcelone a trouvé pour sa part, dans les douves d’Oiron, son coquatrix, animal imaginaire dont il s’évertue, de façon très convaincante, à multiplier les preuves d’existence : croquis, relevés, radios, bocaux de formols, vidéos d’amateurs à l’appui.
Quant à Daniel Spoerri, il a recueilli et encadré la collection sentimentale soigneusement étiquetée d’une dame de la fin du XIXe siècle.
Balle de fusil du champ de bataille de Waterloo, pierres rapportées des ruines de Carthage, petit morceau du drapeau du Bucentaure de Venise etc.
Commentaires
Merci pour cette nouvelle découverte ; le site internet du chateau d'Oiron dont vous donnez le lien fait rêver
et ça permet de penser à autre chose qu'au rabachage des élections sur les ondes
cordialement
PH
Écrit par : P. Herman | 10.05.2007
Quel dommage! je n'ai pas osé venir au vernissage à Montreuil et j'ai donc manqué l'occasion de faire peut-être votre connaissance!
Mais j'y suis allée le lendemain dans une ambiance plus discrète pour découvrir des cocons de J Scott en vrai: impressionnant! et pour moi surtout le poisson volant dont vous parlez. Ce qui m'a frappé c'est que les dessins aussi évoquent souvent des cocons, comme si J Scott avait durablement impressionné les lieux mêmes de cet atelier dont les travaux sont marqués au sceau de la répétition. Interrogé sur cette tendance à la répétition, Tom Di Maria aurait dit en toute simplicité: Ils en ont besoin - témoignant du respect dont ces patients sont entourés!
Quant au texte de JL Lanoux dans le journél de l'exposition, je ne vous en dirai rien: Allez le chercher!
Écrit par : Jeanne | 10.05.2007
Ah, quelle déception mademoiselle Ani... depuis plus de 20 ans que nous allons à Oiron, dès le premier jour d'expo d'art contemporain. Figurez-vous que je n'aurais jamais osé faire ce que vous avez fait ! Moi qui suis fan de Daniel Spoeri pour lavoir vu ses œuvres à Oiron, à La Halle Garnier de LYon, pour les Biennales etc... qui ai compulsé son ouvrage sur les fontaines bénites et ses collections d'eau desdites fontaines, jamais je n'aurai osé extraire cet artiste de la catégorie où il navigue...
Ah, au fait on vient à Oiron, et on ne se détourne pas jusqu'à Belvert à peine à 1heure et quelques poussières négligeables... Vous nous faites de la peine.
Si vous étiez passée, avec votre chéri, pour reprendre vos clichés préférés, je vous aurais demandé ce qu'était un "agrégateur", et ça m'aurait évité une passe d'armes au jardin avec un de vos visiteurs préférés, le sieur Stéphane Lemonnier.
A bientôt.
Écrit par : le Pilote de Belvert | 12.05.2007