Des fantômes et des anges au Grand-Hornu (26.12.2007)

 

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«Encore une expo surréaliste !».

Je comptais m’en tenir là, concernant celle du MAC’s au Grand-Hornu en Belgique (jusqu’au 13 janvier 2008), tant il est vrai qu’un meeting avec Mac Collum, Aloïse, Buren, Madge Gill, Robert Barry et Henry Darger, c’est kif-kif pour moi la rencontre «sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie».
6abdc4e34a83bc3cce8ea46623e0d614.jpgCependant le catalogue évoque le temple d’Hadrien (son cabinet logologique à lui) alors je924a1060f8b99381c1829a0cef88383f.jpg me sens concernée par cette confrontation d’«extraits des collections du Musée d’Art Moderne Lille Métropole».
Le problème du MAM, c’est pas qu’il soit actuellement fermé pour modernisation, c’est qu’il est trop riche. C’est un berger qui veille sur un cheptel bigarré. D’un côté les brebis de l’art moderne et contemporain, de l’autre ce loup dans la bergerie : l’art brut.

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Comment rassembler ce troupeau sans limer les dents d’Ysengrin, sans affubler les agneaux de crocs? Problème pas simple.

Des L’Aracine et des ailes, pardon, je voulais dire : Des fantômes et des anges -le vrai titre de l’expo du Grand-Hornu- se donne un mal de chien pour le résoudre.

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Sans faire la bête, j’avoue que je suis pas baba devant la juxtaposition d’une Femme lipue de Van Dongen, datant pourtant d’un temps où l’artiste n’était pas encore un portraitiste people, avec un St Adolf de Wölfli, au prétexte formel de la coïncidence d’un œil charbonneux et d’un masque noir du style «loup».

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Boules de gomme d’un côté, mystère de l’autre.

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Moule à gaufres 

Les rédacteurs du catalogue ont beau s’y mettre à 5, on peine à saisir le concept de l’expo, surtout si comme moi on a le ciboulot trop moulagaufre pour cerner les «points hypnogènes et psychicônes» dont nous entretient Nicolas Surlapierre page 34.

«Comment mettre en place (…) un dispositif où le regard peut s’accrocher de la même manière, à ceci, à cela et encore à cela -art brut, art moderne, art contemporain- (…) ?» demande, page 114, Laurent Busine.

On peut pas. Sauf au moyen de tours de passe-passe. 

«Cette (…) ascension spirituelle est peut-être (C moi qui souligne) à rapprocher des recherches contemporaines d’Augustin Lesage» nous dit, p. 44, Savine Faupin qui vient de parler des «Peintures de rêves» de Miró.

«Pourquoi est-ce que je regarde ce jeune homme de Modigliani aussi bien (C moi qui…) que cette femme colorée d’Aloïse ?», tente de nous persuader Laurent Busine p. 70.

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Avec des «aussi bien» et des «peut-être», on mettrait Paris en bouteille et l’art brut au placard. Car il deviendrait encombrant, l’animal !
Raison pour laquelle peut-être, le directeur du MAC’s qui a pourtant dû potasser Dubuffet et Thévoz, soutient que «l
e statut» de l’art brut «n’est toujours pas défini de manière précise».

Comme dirait Scully «la vérité est ailleurs».

Elle perce dans le texte de Jérôme André, le dernier du catalogue fantômique et angélique.
«
A la lumière du musée, l’objet est (…) naturalisé en œuvre d’art» remarque-t-il p. 162.
De «naturalisation» à «artification», son vilain petit avatar, il n’y a qu’un pas.

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Le pas de ceux qui s’étonnent toujours que Dubuffet les ait dépossédés à jamais de leur monopole d’instances légitimantes.

 

Le pas de ceux qui admettent mal qu’un créateur puisse ne s’autoriser que de lui-même.

 

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