Halle St Pierre : 2 en 1 (07.07.2008)
Y’ a pas que chez les Genevois qu’on rencontre des problèmes de mitoyenneté entre l’étage et le rez de chaussée. A Paris, où l’immobilier se défend encore, je vous invite -cadeau Bonux- à visiter un grand duplex au pied de Montmartre. J’ai nommé La Halle Saint-Pierre où se tient l’exposition British Outsider Art et son volet d’altitude : Eloge du Dessin.
Autrement dit : 2 présentations bien distinctes car les responsables de ces accrochages (Martine Lusardy et Julia Elmore en bas, M.L. toute seule en haut) ont eu beau se décarcasser, les choses ne fonctionnent pas vraiment ensemble. Mais c’est toujours comme ça avec un lieu si tarabiscoté. Les deux espaces sont trop loins l’un de l’autre pour que le visiteur ne perde pas le fil.
Interview de Martine Lusardy - Halle Saint Pierre - Paris
En attendant un réaménagement général de l’archi intérieure qui permettrait aux commissaires de donner toute leur mesure, on souhaiterait presque -mais bon, ouam, ce que j’en dis…- que le premier étage restât vide. On y conduirait le public pour qu’il y jouisse d’une minute de silence après la salve nourrie à laquelle on l’aurait exposé au rez-de-chaussée.
C’est que ça crépite dans la salle noire où l’on nous confronte à un concentré d’art brut britannique. British Outsider Art s’ordonne certes autour d’une colonne vertébrale dont les principales vertèbres («Animula où va-tu chercher des images pareilles ?») sont connues : Scottie Wilson, Madge Gill, Albert Louden. On admire leurs pièges à rêves, leurs dentelles d’encre, leurs personnages à l’hélium qui se dégonflent et puis on passe à des pièces jamais vues chez nous (principalement dessins et tableaux) et provenant pour beaucoup des archives d’hostos psy, notamment le fameux Bethlem Royal hospital of London.
De ce dernier provient le colérique dessin de Jonathan Martin qui orne le carton de l’expo. J. Martin (1782-1838) y fut enfermé après avoir foutu le feu à une église d’York.
Du Royal Asylum de Glasgow nous arrivent, comme des balles, les acérés dessins d’Andrew Kennedy qui fut interné là de 1877 à sa mort en 1899. Seuls 34 de ses œuvres ont été conservées sur des milliers mais c’est déjà ça.
Je me suis usé les yeux à suivre les écrits fanatiquement minuscules de Nick Blinko, guitariste punk né en 1961,
les chaotiques et fantasmagoriques peintures de Vonn Ströpp (né en 1962), l’homme au 123 pseudos.
N’oubliez pas votre coussin pour vous mettre à genoux devant les travaux anonymes (comme ces vaches au policeman) et pour lire les cartels qui sont placés à hauteur des rotules. Pour le reste, le catalogue qui coûte que 20 thunes vous en dira plus. Celui du first floor est plus cher. Comme je ne kiffe pas entièrement cet Eloge du dessin (pourtant de qualité) je m’en suis passée mais c’est pas une raison pour faire comme moi.
Ne serait ce que pour les compositions en couleurs d’Adolphe Vuillemot, «ouvrier, forgeron, ajusteur», limitrophes de l’art brut et de l’art pop, on peut se l’offrir.
21:54 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, madge gill, jonathan martin, andrew kennedy, nick blinko, vonn ströpp, adolphe vuillemot | | Imprimer | | |
Commentaires
Les peintures de Vonn Ströpp, que je ne connaissais pas, m'ont littéralement sciées, notamment celle avec tous les oiseaux imbriqués ensemble. Au début l'on remarque les deux principaux, et puis à mesure l'on découvre qu'il y en a partout, comme sous un camouflage.
Du reste on sort vanné de ce genre d'expo, quoi qu'il en soit.
Écrit par : Valérie | 21.07.2008
Il faut y aller, ne serait-ce que pour voir la folie douce cotoyer la folie ordinaire qui côtoit la folie meurtrière et autodestructrice. Au rez-de-chaussée, une traversée réflexive: ils se dessinent, se peignent; je me regarde. Au premier, l'accroche-rêve, au delà des frontières, concentre ses trouvailles. Alors, il explose, le dessin. Il exhibe son trait, sa ligne virulente pour mieux nous balancer à la figure son oeuvre, son âme.
Écrit par : Réjane | 08.08.2008