Villeneuve d’Ascq : de MAM en LaM (17.12.2008)
Pauvre Martine! Avec tous les soucis que lui cause la téléévangéliste de son parti, voilà qu’il faut maintenant qu’elle s’occupe d’un MAM qui devient LaM! Depuis qu’il est fermé, on finissait par oublier le MAM (Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq). Le voilà qui sort la tête dans la presse régionale, à la façon du monstre dans son Loch Ness.
Un article de Nord Eclair du 13 décembre 2008 fait la lumière sur l’avancement du chantier. C’est pas fini ! D’abord prévu début 2008, espéré pour le printemps 2009, le bébé ne devrait pas voir le jour avant les cerises de 2010.
Si, d’ici là, la naissance n’est pas contrecarrée par de nouvelles études et travaux supplémentaires, coûteux par définition.
Les arguments invoqués pour expliquer ce retard m’ont semblé, je dois dire, excellents. On frémit à l’idée qu’on ait pu jadis passer à côté de placards amiantés, lors de nos visites dans le bâtiment historique construit en 1983 par Roland Simounet. Heureusement qu’on a fini par s’en apercevoir en ôtant les anciennes cimaises!
Le public n’imagine pas tout ce qu’on fait pour lui. Il va, il vient, il cause dans son téléphone portable, il se laisse vivre, le public.
Il a tendance à se vautrer dans les vieilles idées, à enfiler les pantoufles des anciennes appellations. Il pense - croyez-vous que c’est bête - que ça va plus vite de dire «musée d’art moderne» parce qu’on l’a toujours dit, plutôt que «musée d’art moderne, contemporain et d’art brut» qui exprime tellement mieux ce que le MAM est en train de devenir. Il est attaché, le public, à de petites choses comme un clocher (mettons : à une ville, fût-ce une Villeneuve). Il aperçoit mal, l’innocent, la nécessité de se «positionner en métropole». De MAM à LaM, la différence est considérable, on en conviendra. Le règne sans partage de l’art moderne, c’est terminé, à Villeneuve d’Ascq, mets-toi bien ça dans le cigare, public rétrograde!
Maquette de Manuelle Gautrand
Que tu le veuilles ou non, avec la nouvelle «main» qu’on est en train d’ajouter au bâtiment principal, le machin (j’ose plus dire le musée d’art mo…) de Lille Métropole (j’ose plus articuler Villeneuve d’) est en train de virer définitivement au monstre à 3 têtes.
La collection d’art moderne formée autour de la donation Masurel,
la collection d’art brut formée à partir de l’atterrissage de L’Aracine,
la collection d’art contemporain.
En chiffres : 8400 m2, 3300 en surface d’expo dont 850 pour l’Art brut.
Trois têtes sous le même bonnet : telle est «la mue du MAM». Pas facile de trouver quelqu’un pour chapeauter tout ça. Un cabinet de recrutement a voulu chercher ch’capitaine. Il a été remplacé par un «exécutif communautaire». Objectif : choisir pour conservateur en chef «une personnalité incontestable» et que ça saute! Martine Aubry devra choisir entre 3 noms qui lui seront proposés. Avec tout ça, je suis sûre que cette pauvre maire de Lille n’aura pas le loisir de nous expliquer ce que signifie le logo LaM car moi là, j’avoue que j’ai pas bien pigé.
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Commentaires
Me suis laissé dire que ça signifiait quelque chose comme Lille Art(s) Métropole, à moins que ça ne soit Lille Art Musée, ... C'est tellement évident que personne ne s'en souvient et qu'une agence de comm' va bien être chargée de nous l'incruster dans le cerveau.
Accessoirement, ce nouveau nom élimine la mention à l'art brut (ils n'assument déjà plus leur audace, à la direction des Musées de France ?)
Pour ma part je suggèrerai bien L.A.M. (Laisse Aller Martine !)
Écrit par : Christian Berst | 17.12.2008
Ce sera après quelques mises au point : musée d'art moderne, contemporain et brut , soit dans l'ordre d'arrivée.
Puisse que ce musée n'oublie jamais que l'agrandissement à été possible grâce à la venue de l'art brut d'autant que cette collection s'est faite par un tout petit groupe à la fois ardent et vigilant qui continue à creuser cet art sans se laisser aller aux modes et ce après le refus honteux de la collection de Dubuffet ! Nous osons espérer que le musée ne trahira pas le sens même de cet art sans artiste d'autant qu'il s'agit d'un peu de nous. madeleine lommel
Écrit par : madelrine lommel | 17.12.2008
Trop fun laisse allez martine. On peut se faire tatouer LAM sur le biceps, bomber ça sur les murs: LAM, LAM. En plus, il parait que c'est un nom d'un artiste surréaliste. Et cubain en plus, pour les gens qui aiment la salsa. MOi en tout K, je m'en sert déjà comme mot de passe. LAM pour celui qui le lit.
Blek
Écrit par : blek le rock | 19.12.2008
Et dans tout ça qu'est devenu le projet de créer aux côtés de la collection de l'Aracine un centre de documentation sur l'art brut?
Il me semble que cela comblerait un manque certain
Écrit par : Béatrice Steiner | 20.12.2008
ah madame Steiner vous voilà interrogative sur un centre de docu; il y sera
j'ai moi bien d'autres soucis,
Que va devenir l'art brut dans le monde ?
c'est qu'il est bien gênant celui-là , pour ne pas dire plus !
d'un côté ce que le fric en fait, de l'autre et pour la même raison on en rajoutera à qui mieux-mieux !
et il y en a des fortiches dans le monde pour ça!
pauvre de nous madeleine lommel
Écrit par : madelrine lommel | 26.12.2008
Mais c'est loin d'être secondaire un Centre de Documentation! C'est même capital pour le devenir de l'art brut, du moins pour le devenir de la connaissance du sujet.
Souhaitons que celui du LaM soit largement ouvert à tous, non réservé aux seuls universitaires.
Avec des animateurs qui s'inspireraient de la courtoisie dont faisait preuve Geneviève Roulin, ce serait l'idéal.
La pensée de Dubuffet est victime de trop de torsions.
C'est agaçant de voir les mêmes citations, plus ou moins exactes, circuler ("L'art ne vient pas coucher", "les malades du genou" etc.). Assez de catéchisme!
Tout ce qui peut permettre l'accès aux sources est bon. L'anti-intellectualisme […], loin de servir la cause de l'art brut, marque des buts contre son camp.
Écrit par : Jean-Louis Lanoux | 28.12.2008