Ciel! mon Macréau! (26.07.2009)
Un Macréau d'été ça vous dit?
Si vous venez comme mon daddy de vous retaper la lecture de Paris au mois août de René Fallet.
Si les gosses sont en colo et votre chéri en séminaire à La Rochelle.
Si vous vous sentez l'envie d'un cornet de glace à Montmartre.
Alors c'est l'occasion d'un crochet par la Halle Saint-Pierre qui expose toujours le peintre Michel Macréau jusqu'au 28 août 2009.
Et si vous êtes un touriste déjà blasé de la vie cul-tu-relle du 75-3 ou 4, si vous en avez soupé de Pompidou et que le Musée Picasso vous gave. Si les galeries de la Vieille-du-Temple, des Francs-Bourgeois et de la rue du Perche sont fermées pour les congelés annuels. Si, si, si... et bien c'est pareil.
Mettez le cap sur Anvers (la station de métro), enfilez la rue de Steinkerque, tournez à droite vers la Sainte-Halle, montez l'escalier hélicoïdale et vouzyêtes.
Rien d'autre à faire après ça que de vous en mettre plein «les carreaux» si je m'exprimais comme Fallet. L'expo a suscité des commentaires. Vous pourrez les lire sur le mur de la presse affiché dans l'entrée du musée. Je vous dirai pas si elle est trop ceci ou trop cela. Je m'en «foute» pour parler comme Patricia, l'héroïne anglaise du roman cité + haut.
Simplement, c'est une expo d'envergure sur un artiste important dont le travail est en résonance et en fraternité avec l'art brut. C'est assez rare non? Et vous seriez bons à rayer de la map si, si, si, passant par cheux nous, vous loupiez l'occase.
La faune humaine, 1961
En se penchant sur la margelle, 1962
sans titre, 1967
La danse des 12 têtes, 1985
Le cimetière abandonné, 1988
La blessure de l'ange, 1989
Toutes les photos sont extraites du dossier de presse
Si vous y tenez, vous pourrez prolonger la visite par un souvenir : la lecture assez fastoche (la langue est claire et même aimablement familière) du bouquin qui accompagne l'exposition Michel Macréau. Je suis pas folle de son sous-titre : Entre diable et Dieu. Je vois pas trop ce que les bondieuseries viennent faire là-dedans même si Macréau, c'est vrai, se sert (mais dans un sens absolument pas cul-béni) de figures christiques.
Quant aux diableries, franchement, on nage pas en plein gothique chez Macréau! L'auteur de cette monographie a tendance à faire à Macréau ce que Paul Claudel a fait à Arthur Rimbaud. Edulcorant le potentiel de révolte, sous-estimant le dialogue du corps et du psychisme, négligeant les signes chamaniques au profit de la sacro-sainte croix dont Macréau se servait plutôt pour des motifs purement formels, il parsème son texte de «graal», de «genèse», de «blasphème», de «religion», d'«autel», de «grâce» et autre «spiritualité».
Un vrai bazar mystique qui nous mène tout droit à une conclusion hagiographique après laquelle on n'a plus qu'à dire amen. Il attribue l'apaisement relatif que, selon lui, Michel Macréau aurait trouvé à la fin de sa trop courte vie (il est mort à 60 ans conscient d'être condamné par la maladie) à «la reconnaissance» qu'il sentait «sincère chez son dernier marchand».
Hypothèse qui mérite sans doute d'être envisagée mais gageons qu'elle aurait plus de validité si ledit dernier marchand n'était aussi -comme ça se trouve!- l'éditeur dudit livre.
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