Les Gants rouges de Christine Sefolosha (12.10.2009)

Red gloves.jpg

Les Gants Rouges

Avec Christine Sefolosha, il ne faut pas prendre de gants. Lui témoigner illico presto que c'est super son travail même si elle le sait. On risque pas de la gâcher. Elle est la voisine de palier de Carlo Zinelli, un vrai sucre d'orge de l'art brut, dans une exposition américaine dont la durée de vie ira du 16 octobre au 1er décembre 2009.

carlo zinelli 3.jpg

Opening reception : Friday october 16 th (5-8 P.M.) à la Judy A. Saslow Gallery. Je dis ça pour ceux qui pourront être à Chicago ce jour-là et aussi pour l'information des autres qui n'ont pas pour habitude de trainer leurs Converses en Illinois. Avec Chris and Carlo feront bande à part deux autres «outsiders» : Clyde Angel qui fait la soudure et réalise des sculptures en métal

clyde angel 3.jpeg

et Michael Smith qui est inconnu à mon bataillon. Le site de la galerie vous en dira plus.
Chris. Sefolo., pour en revenir à elle, on nous explique que «she began drawing as a child, often during bouts of chronic insomnia». Comme je vous ai déjà parlé de son cas, par exemple le 26 juillet et le 1er décembre 2007, je m'étouffe pour cette fois et je passe la trompette à un de mes fidèles assistants qui s'époumonne pour Les Gants rouges, une peinture sefoloshienne de 2008.

Les Gants Rouges

Quelque chose de fou, quelque chose d’effaré, quelque chose de méchant aussi. Regard de hyène, œil de vairon. Stupeur et sarcasme. Regard de masque déjà noir, posé sur le velours de la couleur. Une prédation tranquille, un holocauste baroque. Concomitants. Pas de doute, on va y passer. On sortira du monde ensoleillé. On s’avancera dans la grotte ténébreuse de la matière par un passage plein de ronces, de brouillard et de villosités. Sur les pas d’une bohémienne endormie avec les monstres chéris de nos nuits pendus à la ceinture de sa robe pastel. Le moyen de se fondre dans cette joie floue que couvre le voile bleu de l’inquiétude? On va y laisser des plumes. Prendrait-on des gants, ils seraient sanglants. La chair sera mordue, «plus becquetée d’oiseaux que dés à coudre» dirait François Villon s’il passait par là.

Cendre et poudre, os et moelle, ce tableau exige tout de qui le regarde. Il faut donner sa peau, sa langue au chat. L’énigme va, l’énigme vient, l’énigme circule dans la composition savante et torturée. Comme La Diseuse de bonne aventure de Georges La Tour (mais dans une note plus instinctivement discordante) Les Gants rouges de Christine Sefolosha ne se soutient que des regards. Ceux qui nous interpellent en victime ou en bourreau. Viande ou mâchoire. Le nôtre, absent de la toile mais cependant sollicité. Ceux qui préludent aux becs froids qui vont fondre sur les proies chaudes. D’un instant à l’autre ça va se déchaîner. Déjà les épines déchirent la lumière. L’œil de la femme aux tresses serpentines convulsées sombrement en cornes d’antilope -son œil droit, celui qui n’est pas représenté ici- fixe celui d’une chimérique bécasse dont le corps est dissimulé dans le maquis imaginaire d’un au delà du tableau. Cette peinture voit des choses que nous ne pouvons pas regarder. Du moins sans ciller. C’est pourquoi elle nous semble avoir trait à la naissance, cette autre forme de mort (ou réciproquement). Si c’est un exercice, c’est un exercice pythagoricien.


Jean-Louis Lanoux

20:05 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christine sefolosha, carlo zinelli, art brut, clyde angel | |  Imprimer | | Pin it! |