A l'infatigable : sur Fernand Chatelain (04.11.2005)
Justement, ça tombe bien vos commentaires à chaud, cher monsieur ou madame qui signez « l’infatigable » (tout un programme !). Pour Raymond Guitet, je ne sais pas mais au sujet de Fernand Chatelain, permettez à votre petite âme errante de vous recopier la lettre qu’un de ses informateurs, le graveur Jean-Charles, qui aime à s’asseoir sur le même banc que Buster Keaton et Erik Satie, m’a envoyé récemment «Août 2005. De passage à Fyé, coup d’œil au jardin de monsieur Chatelain. Des jeunes gens sont en train de restaurer des sculptures, c’est à dire calfeutrer les fissures et relisser en ciment blanc personnages et animaux. Ils m’apprennent que la veuve de monsieur Chatelain a légué le site à la commune de Fyé qui entreprend sa réhabilitation et a donc engagé cette équipe. A la question de savoir s’ils ont des documents photographiques sur les couleurs et multiples accessoires qui faisait le charme et la cocasserie des sculptures d’origine, aucun me disent-ils ! Je m’étonne et reste perplexe devant cette restauration. Ayant suivi à l’époque de sa création, le travail de monsieur Chatelain, je crains que le résultat final ne puisse honorer l’œuvre de ce poète-créateur-inspiré. Sait-on jamais… A suivre.»
11:55 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : Fernand Chatelain, art brut | | Imprimer | | |
Commentaires
Le dernier N° de la revue ARTENSION publie un article sur la restauration des sculptures de Fernand Châtelain, qui donne davantage d'informations .
Écrit par : ARTELIER | 07.11.2005
Chère âme,
j'ai bien lu le témoignage de votre ami Jean-Charles qui, j'espère, n'a rien de commun avec le Jean-Charles des années 60, vaseux humoriste spécialiste des "perles" en tous genres (et qui, osons cette parenthèse-scoop, commit un jour un ouvrage d'éloge du Lot, où figure, nous a soufflé à l'oreille Bruno Montpied, une évocation de Gaston Mouly "himself"). Comparons-le, si vous en avez la patience avec l'article suivant paru dans Ouest-France (je l'évoquais dans un précédent commentaire), vraisemblablement vers septembre 2005:
"LES OEUVRES DE FERNAND CHATELAIN PRENNENT DES COULEURS.
Sur la nationale 138, à Fyé, le "Bonjour" aux promeneurs [sic] de Fernand Châtelain a retrouvé de sa splendeur au fil des jours du mois d'août. Une équipe de huit restaurateurs professionnels a travaillé durant trois semaines à redonner couleur et vie aux oeuvres de cet artiste de l'art brut.
Depuis plusieurs années, la commune cherche à restaurer des oeuvres de Fernand Châtelain. Sa veuve, décédée en 1997, lui a légué les oeuvres de son mari, contre bons soins [ici, qu'on nous permette de ricaner un peu. En 2002, comme pourraient le montrer des photos prises par un ami, le site se délitant presque totalement, on se faisait une très mauvaise opinion de la qualité des "soins" réservés par la mairie à l'oeuvre léguée par Mme Châtelain]. Les financements ont été longs à trouver mais finalement les sculptures ne seront pas abandonnées aux méfaits du temps. La commune en prendra en charge 30% tout comme la communauté de communes des portes du Maine Normand. Le conseil général participe, lui, à hauteur de 40%. Pour la première tranche, le Pays prend en charge 20%. Le budget global prévu est de 150000 euros [1 million de francs...) pour la restauration d'une soixantaine d'oeuvres. Trois, ou quatre tranches de travaux de restauration seront nécessaires. La première s'est achevée vendredi 26 août.
Des membres de l'association Hourloupe, de Tours, qui oeuvre pour la sauvegarde de l'art brut, sont venus constater l'état du jardin et bâcher les oeuvres en 2003. Ils ont fait appel à des professionnels dont Laure Chavanne, une restauratrice professionnelle [A noter que cette personne sera présente à la journée d'étude sur les habitants-paysagistes du 10 décembre au musée de Villeneuve d'Ascq, ainsi que Pierre Dhainaut, Clovis Prévost, Christophe Boulanger, Savine Faupin, etc ; contrairement à ce que nous avancions dans un précédent commentaire, il est désormais prudent de réserver sa place si cette journée intéresse les lecteurs de ce blog]. Elle a dressé un premier bilan et a décidé de ce qui était restaurable, soit une grande partie des oeuvres.
DES SCULPTURES COMME NEUVES
Elle a piloté le chantier au cours de ces trois semaines du mois d'août avec une équipe de sept professionnels de la restauration, pour la plupart venus d'Indre-et-Loire. D'après des photos des oeuvres originales, ils ont restauré les armatures des oeuvres, les ont solidifiées et les ont repeintes [ici, chère âme, vous constaterez, car vous savez lire, c'est pas comme Marcel de Montreuil qui vous harcèle, qu'il y a comme une petite contradiction avec le témoignage de votre Jean-Charles, mais nous ne pouvons croire qu'il ait eu des hallucinations, mais à la fin, qui croire?]. La peinture leur a été fournie par un généreux donateur...(...). L'escargot, le bonjour aux promeneurs [dont il existe, rappelons-le, dans le Jardin de la Luna Rossa d'Olivier Thiébaut à Caen, un autre exemplaire, une copie? Un original? Le mystère plane...], les girafes... ont retrouvé toutes leurs couleurs et font sourire les automobilistes passant sur la nationale 138.
La première tranche est achevée et le projet de musée Châtelain est sur les rails. La commune a acquis le champs derrière la propriété pour avoir un accès autre que la nationale 138 jugée trop dangereuse. La restauration des oeuvres va encore prendre plusieurs années. Il tient à coeur à la municipalité, au neveu de Fernand Châtelain mais aussi aux restaurateurs. Pour Laure Chavane, "intervenir sur ces sculptures est aussi intéressant que s'il s'agissait d'une oeuvre du Louvre". JULIE HURISSE."
Ajoutons que l'article ci-dessus était accompagnée de quatre photos.
Bien à vous, chère âme, l'infatigable.
Écrit par : L'infatigable | 11.11.2005
j'ai fourni les photos qui m'étaient demandées puisque j'avais déjà écrit un article dans le n°325 de La Vie Mancelle et Sarthoise - je crois avoir tous les personnages qui y étaient et que nous avions dégagés des ronces et autres buissons avec l'abbé Paul Bidault initiateur et Nicolas
Écrit par : Crétois | 08.12.2005
A M. Crétois qui a eu la gentillesse de réagir à nos commentaires et nos informations sur l'actualité de la restauration du site de Fernand Châtelain à Fyé...
Si je comprends bien, les photos que vous avez prises sont les photos sur lesquelles se sont appuyés les restaurateurs actuels de l'oeuvre? De quand datents vos photos, s'il vous plaît? Sont-elles les seuls documents qui ont servi à la restauration? J'ai vu le site vers 1983 en compagnie d'un ami qui l'avait filmé succintement en Super 8, et j'ai gardé, par comparaison avec une autre visite que je fis en 2002, le souvenir de sculptures installées différemment, de sculptures qui m'ont paru avoir disparu dans certains cas, d'une propriété organisée très différemment aussi. C'est (c'était?) l'un des environnements les plus originaux que l'on ait vu apparaître en France dans le domaine de l'art spontané, et c'est pourquoi je me montre si pointilleux quant à sa mémoire. J'aimerais que l'information autour de ce site soit la plus complète et la plus objective. Sur place, il serait souhaitable qu'un espace soit dédié à la mémoire photographique et filmée retraçant les phases successives de cet environnement afin que le public des visiteurs actuels et futurs ne soit pas trompé sur l'histoire de l'oeuvre de Châtelain. Un visiteur qui passe aujourd'hui a-t-il les moyens de savoir que ce site n'a pas toujours été ainsi?
L'infatigable.
Écrit par : L'infatigable | 09.12.2005
Comme dit plus haut, je n'ai fourni que peu de photos, celles qui étaient demandées, notemment "Le Capricorne" . Le document que j'avais produit avec mes deux collègues date de 1996, ainsi que les photos.
Pour se procurer ce numéro : 6€ (comprend les frais d'envoi) à expédier à
La Vie Mancelle et Sarthoise
7 impasse des Arums
72190 Sargé-lès-Le Mans
Écrit par : crétois | 13.12.2005
Ben non, M.Crétois, "comme répondu plus haut", vous ne l'aviez pas précisé "plus haut" qu'il n'y avait pas beaucoup de photos. Vous aviez juste écrit que vous "aviez fourni les photos qui vous étaient demandées". Mais nous les lecteurs, nous ne sommes pas dans votre arrière-pensée, M.Crétois, nous ne savons pas combien de photos vous étaient demandées. Nous n'étions pas sur votre porte-bagages lorsqu'on vous a demandé ces fameuses photos. De même que nous ne voyons pas très bien qui sont vos "deux collègues"? Sont-ce les deux que vous avez cités auparavant, les sieurs "Bidault et Nicolas"? C'est qui, au fait "Nicolas"? C'est un pseudo? Bidault, c'est un vrai abbé? Habite-t-il un débit de lait avec la belle Babée?...
Mais enfin merci d'avoir répondu à notre ami l'Infatigable, qui, ayant de temps en temps tout de même quelques coups de fatigue si peu en accord avec le pseudo qu'il s'est hasardeusement pris, me laisse sa plume pour vous répondre à mon tour. Il semble que les photos qui ont servi à documenter l'équipe des jeunes restaurateurs de l'Hourloupe soient très locales, récentes (moins de dix ans?)... On paraît ignorer chez nos amis tourangeaux qu'un site est visitable par des gens du monde entier, et même qu'on a pu venir le voir il y a très longtemps, qu'il y a des ouvrages sur la question, qu'il existe des bibliothèques pour les consulter quand ils sont épuisés, etc.
Allez, je vous quitte, je m'en vais de ce pas commander "La Vie Mancelle et Sarthoise".
Écrit par : Bruno Montpied | 15.12.2005
J'ai participé en 1994 et 1995 avec Olivier Thiébaut à une fouille succincte du petit bois qui existait derrière le jardin, et qui servait de décharge, envahie par les ronces, les arbres tombés. Nous avons extrait des morceaux de sculptures, et d'autres presque intactes, en ciment et en polystyrène, jetées là à la suite d'actes de vandalisme, et qu'apparemment monsieur Châtelain n'avait pas voulu restaurer. Cette même décharge, malgré notre travail, regorgeait encore très certainement de trésors, et contenait aussi tous les matériaux nécessaires à la restauration des œuvres en place, tels que formica et plastiques divers. Le bois a été rasé au bulldozer, réduisant à néant toute tentative de retrouver quoi que ce soit. Plusieurs petits bâtiments existaient entre la maison et le garage, qui ont également été rasés. Le jardin était déjà à l'époque très dégradé, et madame Châtelain qui nous avait autorisé cette fouille ne s'en occupait plus du tout, ne ramassant même pas les œuvres en polystyrène tombées au sol, qu'elle m'avait laissé prendre ( et sauver par la même occasion ) d'un air désabusé. La suite lui a donné raison... Les rares fois où je suis repassé à Fyé les dix années suivantes, je voyais avec tristesse les statues en bordure de route détruites par les machines de fauchage, qui coupaient non seulement les herbes folles mais aussi les têtes...
Bien qu'il soit agréable de voir qu'on s'occupe enfin du jardin, la restauration en cours ne correspond pas du tout à ce qui existait à l'époque, ni dans la disposition des pièces ni dans la poésie qui y régnait.
La polémique autour des photos me parait justifiée, comment est-ce possible de restaurer un tel ensemble sans chercher à se documenter un peu plus sérieusement ? Il doit pourtant être possible de trouver quelques documents...
Écrit par : Sébastien Mittig | 31.10.2008
Je me permets de vous renvoyer aux notes que j'ai consacrées à ces restaurations discutables sur mon propre blog aux dates du 6, 10 et 15 octobre dernier (http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/archive/2008/10/index.html)...
Ces notes sont un prolongement aux commentaires que j'avais laissés ici en 2005 (sous pseudo de "l'Infatigable").
Écrit par : Bruno Montpied | 04.11.2008
Choco BM qui répond à l'Infantigable et conseille en ligne de consommer ses casse-croûtes, c'est le rêve de la communication en autarcie!
Un monde sans contradictions où tout le monde penserait comme lui, quel (mont)pied!
Soyons sérieuse. Sur tous sujets, il existe deux méthodes.
L'une qui pose des questions et compte sur la réflexion de ses lecteurs (celle d'Animula Vagula).
L'autre qui leur assène des jugements et des démonstrations relou-relou à la manière de la pub ou de la propagande de grand-papa (celle du Canif "subtil").
Le commentaire intéressé de Bruno M prouve assez que l'autre à besoin de l'une.
Comme la pédagogie chiante peut avoir besoin de la rigolote maïeutique.
En termes plus stratégiques, je dirai que notre intarissable ne connait d'autre bataille qu'Azincourt.
Bourin, bourin, bourin.
Votre petite âme errante préfère les archers anglais et pourtant elle n'est pas une flèche.
J'avise d'ores et déjà mon auditoire que je ne répondrai pas à la charge furibarde que BM-le maudit ne manquera pas de faire à ce point d'ordre.
Bonjour chez vous,
Ani
Écrit par : SocratAni | 04.11.2008
J't'en foutrai de "la rigolote maïeutique"...
Mais oui, peut-être que certains de tes lecteurs auront déniché quelque vérité que tu auras aidé à faire accoucher en eux... notamment à ton sujet.
En ce qui me concerne, je retiens avant tout le faux-cul avide de domination qui se cache sous le masque de l'Animoule. (Ca ne fera que la seconde fois que cela m'est révélé, mais chut!).
Effectivement, pourquoi ne pas être furieux si l'on ne veut pas de ce moule-là.
Mais sois tranquille, je te laisse jouer avec ton art brut, tes analyses, ta maïeutique, ton style de bourgeois encanaillé et ta jet set de l'art broute, Ciao, bye bye, le "pédago chiant" t'emmerde.
Écrit par : BM | 07.11.2008
BON !
Je sens qu'il est temps que les vacances arrivent...
Écrit par : Michel Valière | 15.11.2008
@ Sébastien Mittig
Une chose me frappe dans les propos sur le malheureux destin du jardin de Chatelain.
Tout le monde s'accorde à regretter la poésie perdue mais personne n'est capable d'en restituer quelque chose par les mots.
Une fois qu'on a dit que la "restauration" est loupée, ça sert à quoi de tirer sur l'ambulance des "restauratrices"? Vivre dans de perpétuels règlements de compte ne nous consolera pas de la perte.
Il est temps de faire notre deuil.
L'oeuvre de Chatelain subsiste dans nos souvenirs, il s'agit de les transmettre! C'est pourquoi votre témoignage est important.
Ces vestiges dont vous parlez, ces créations en polystyrène que vous avez sauvées, ça vaudrait la peine de les faire connaître. Si vous aviez des photos...
Bien cordianimulamicalement,
Ani
Écrit par : Ani | 20.11.2008
Bouhahahahahaha! "L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique" ou quand la production de l'auteur d'art brut perd son "aura" à cause d'une photo. Je m'en tord les boyaux.
Je suis sûre que Fernand s'en foutrait bien de cette restauration! Il semblerait que seul le public tient à cette durée de vie, m'enfin, je suis profondément convaincue que cette restauration en question est à vomir, on est à Disneyland.
Mais avouez quand même que la modernité est un pharmakon, ici en l’occurrence, elle est un poison. Heureusement qu'il existe encore les photos originales, merci ani, qui retranscrivent ce qu'il s'est peut-être passé sur la route 138.
Bref, je n'irai pas voir Fernand.
GROS BISOUS
Manon
Écrit par : Manon | 20.04.2013