Reliques d’art brut (06.11.2005)
Partout. L’art brut s’insinue partout. C’est moi qui vous le dis, mes petits animuliens ébarou animuliennes. Moi, votre petite âme errante préférée. Michel Thévoz, disait naguère, en parlant de la Collection de Lausanne, qu’il fallait «mettre les clochards dans les hôtels de luxe» (je cite de mémoire) et bien c’est fait. Aujourd’hui l’art brut squatte même les hôtels particuliers des milliardaires avionneurs (Dassault pour ne pas les nommer) face aux jets d’eau du rond-point des Champs-Elysées que tous les touristes de passage à Paris photographient avec ces beaux jours qui s’éternisent. Accompagnant ma copine Lucette à l’expo de la vente de la bibliothèque Louis Barnier, l’imprimeur de la Vache au pré noir de Dubuffet, j’ai eu en effet la surprise de découvrir dans le catalogue d’Artcurial, orné d’un dessin cochon du vieux Picasso, cette petite phrase au détour d’un Hommage à Louis Barnier : «Qui sait qu’au sein du collège de Pataphysique (…) il fut un proche de Jean Dubuffet et permit de ne point trop oublier l’œuvre de plusieurs artistes bruts dont il conservait d’ailleurs quelques reliques ?». Merci à Régis Gayraud, l’auteur de cet hommage au directeur de l’imprimerie Union, pour ce détail intéressant. Je savais bien que ce sacré collège de pataphysique s’était intéressé à Camille Renault par la grâce des plumes de J.H. Sainmont (en 1956) et de Pascal Sigoda (Le Jardin des surprises, 1985) mais j’ignorais que Louis Barnier avait été aussi collectionneur d’art brut. Je serais drôlement curieuse de les connaître ces «reliques» dont vous nous parlez, cher monsieur Gayraud. J’ai fait ma petite enquête sur vous et j’ai vu que vous n’étiez pas seulement savant sur le poète Iliazd mais que vous aviez écrit récemment sur l’art brut russe dans le recueil consacré à Alexandre Lobanov publié par abcd en 2003.
20:15 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Camille Renault, Alexandre Lobanov, art brut | | Imprimer | | |
Commentaires
Régis Gayraud gagne certainement à être davantage connu que pour ses innombrables écrits sur Iliazd (certes fort intéressants mais bon, à la longue...). Je vous conseille de lire ce qu'il avait écrit sur Pirosmani dans le catalogue splendide édité par les éditions nantaises Mémo à l'occasion de la rétrospective sur ce peintre populaire géorgien dans les années 90. Sans oublier le dossier qu'il consacra avec Bruno Montpied à Boris Bojnev (collectionneur-créateur de cadres pour des tableaux naïfs anonymes) dans un des premiers numéros de la revue Artension (du temps où cette dernière était encore un honnête magazine faisant une information que personne ne faisait plus; j'évoque ici sa deuxième série, à la fin des années 80, début des années 90...).
Bien à vous, l'infatigable.
Écrit par : L'infatigable | 07.11.2005
Merci, n'en jetez plus!
Régis Gayraud
Écrit par : Régis Gayraud | 02.12.2005
Merci n'en jetez plus!
RG
Écrit par : Régis Gayraud | 02.12.2005
SCHLURP...! (bruit de langue qui lèche Régis Gayraud).
L'infatigable.
Écrit par : L'infatigable | 02.12.2005
A propos de l'image de l'oeuvre de Camille Renault qui flanque votre article sur les "Reliques d'art brut", chère petite âme, et que vous semblez avoir récupérée sur Wikipédia (vous ne citez pas toutes vos sources, coquine), on aimerait bien savoir qui est-ce qui, aujourd'hui, conserve ses oeuvres (et par exemple la sculpture dont vous montrez la photographie).
On sait qu'il était l'auteur d'un jardin empli de statues remarquables (peu appréciées de Dubuffet, soit dit en passant) à Attigny dans les Ardennes, qui fut détruit après sa mort, survenue vers 1954, si je crois me souvenir. Seules quelques pièces purent échapper à la destruction. J'en sais une, une tête qui paraissait résulter d'une décapitation, qui était autrefois visible dans les collections de l'Aracine au Château-Guérin à Neuilly-sur-Marne avant qu'elles ne migrent vers les locaux légèrement aseptisés du musée d'art moderne de Lille-Métropole à Villeneuve d'Ascq (où l'on prévoit désormais seulement en 2008 la réouverture au public de la collection). Peut-être que Pascal Sigoda, s'il lit ce blog, pourrait nous en dire plus?
Écrit par : L'infatigable | 02.12.2005
En ce qui concerne les oeuvres rescapées du désastre d"Attigny
-au moins une statue est à Lausanne
-une tête est à Lille( ayant suivi un trajet Anatole Jakovsky-Aracine-Villeneuve d'Ascq, auquel je suis vaguement mélé
-des éléments chez son fils et ses petits fils
-dans les archives du Collège?
Écrit par : SIGODA PASCAL | 12.01.2006
Merci à Pascal Sigoda pour avoir pris la peine de répondre à notre sollicitation. Maintenant, pourrai-je connaître l'adresse des Archives du "Collège"?
L'infatigable.
Écrit par : L'infatigable | 12.01.2006
Louis Barnier avait chez lui une statue de Camille Renault. J'ai eu le privilège de dîner avec cette statue à côté de moi, que Louis, une fois que je lui eus dit que je connaissais certain article de "Bizarre", frappé de mon inépuisable culture, plaça devant la table, lui faisant une place et installant sur la table devant elle assiette, verre, couteau, fourchette et cuiller, comme s'il s'était agi d'un invité vivant. Mais peut-être vivait-elle? A partir de cet instant, la statue inanimé aspira toute notre attention.
Écrit par : Régis Gayraud | 21.01.2006
Eh bien voilà, on en apprend enfin un peu plus sur les beaux restes de Camille. Merci à Régis Gayraud d'avoir fait oeuvre pie en nous racontant ses souvenirs de repas chez Louis Barnier. Cela fait indirectement une réponse aux "reliques", le texte d'Animula.
Ceci dit, cette dernière, toujours aussi cachotière, n'a toujours pas répondu à notre question anxieuse du 2 décembre sur l'image dont elle s'est servie pour illustrer son texte au sujet de Louis Barnier. Alors? Feriez mieux de vous occuper un peu moins de vos quiches, et de venir nous répondre. Cette incertitude est une torture, vraiment.
Écrit par : L'infatigable | 21.01.2006
La tête de Camille Raynaud désormais dans la collection de L'Aracine, m'a été offerte par les mains de Madame Jakowsky; celle-ci estimait qu'elle serait davantage à sa place dans notre collection
je me souviens mal de la date mais il me semble que c'était en 1985
C'est Pascal Sigoda même qui m'avait dirigé vers Madame jakowsky
madeleine Lommel
Écrit par : mlommel | 14.05.2006