Sur les traces de Richard Greaves (08.11.2009)
CHOMO, je comprends qu'on le regrette mais faut pas se vautrer dans la nostalgie. Rien n'agacerait plus le vieux pirate d'Achères que ça. Il est d'autres forêts, il est d'autres artistes. Bien vivants.
Avis à Baptiste et à tous les gentils Animuliens de 28 ans ou moins : prenez vos chaussures de rando et vos Quechua et partez sur les routes à la recherche des créateurs.. Vous trouverez bien, dans nos campagnes ou dans les bois, chers à Henri-David Thoreau, une bécane de temps à autre pour vous brancher sur mes lignes et me tenir au courant.
C'est ce que Florent vient de faire. Un samedi de septembre 2009, il a «tendu le pouce jusqu'à ce que Jean-Luc, retraité, le prenne dans son char» et le dépose à St-Simon-les-Mines «au Don Camillo, ancienne église transformée en restaurant, situé aux alentours du 450 Rang Chaussegros».
Non loin de chez Richard Greaves. Florent devait rencontrer Clément Côté qui a édifié ses installations en bardeaux dans ce coin de Beauce mais la nuit était tombée, «aucune présence» chez lui.
Feinté le Florent qui pensait planter sa tente sur son terrain. Cela lui disait rien de s'installer n'importe où, je l'avais mis en garde contre les rencontres de nounours toujours possibles.
Heureusement, les Québécois n'abandonnent pas un jeune Français dans le besoin. Denis l'invite à camper dans sa propriété au bout du rang. Comme dans les contes de fées, Florent marche en direction d'une maison éclairée. Un homme siffle puis dit «Allo». Il se rassure quand Florent lui répond. Il l'avait pris pour un animal.
C'est Michel le frère de Denis. Il indique à Florent un emplacement pour la nuit. Près de là, Florent distingue des tas de ferrailles.
Il questionne : «Richard Greaves?». C'est bien ça.
Denis apporte à Florent un oreiller et des couvertures. Il fait froid le matin quand Florent part à l'aventure.
Bientôt c'est la première cabane de Greaves, celle dont Florent a acheté «la carte postale à la fondation de l'art brut à Lausanne».
Le pantalon «trempé jusqu'aux cuisses par la rosée», il explore la Maison des Trois petits cochons et la Cathédrale. Petit déjeuner avec Laurent, un autre frère de Denis, et ses enfants. On force sur le café pour faire plaisir au Français. Philippe, Xavier et François, les fils de Laurent traitent Florent qui est de leur âge «comme leur cousin».
Ils l'emmènent faire le tour des cabanes de Richard Greaves. A 4 sur un quad, faut pas avoir le trac! Florent suit ses guides partout, y compris sur les toits comme un violoneux dans un tableau de Chagall.
Vous parlez d'une initiation! Richard reste invisible mais Florent prélève un petit morceau de cabane qu'il fait signer par ses nouveaux amis. Plus tard, il l'accroche dans sa cuisine pour penser à eux depuis la France.
A eux et à Greaves. Il pense déjà à lui écrire car il retournera, c'est sûr, l'année prochaine au Québec.
21:22 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : richard greaves, québec, beauce, anarchitectes | | Imprimer | | |
Commentaires
Et Florent n'a pas été déçu de ne même pas voir Greaves après toutes ces péripéties? C'est vrai qu'on ne peut pas aborder cette œuvre consacré au biais...par une ligne droite.
Mais quand même...
Écrit par : L'étonné | 09.11.2009
Rien à voir avec ce billet mais ...
Bonjour,
Je suis allée voir l'exposition consacrée à la collection de l'Aracine. Minimaliste, en effet ... Mais après une bonne journée de travail, elle avait la taille qu'il fallait à ma fatigue (et elle montre si peu qu'elle donne envie de se transporter à Lille).
J'y ai retrouvé plusieurs artistes dont j'avais déjà pu découvrir et admirer les oeuvres.
J'ai surtout énormément aimé le portrait filmé d'André Robillard. Ce petit bonhomme avec son intérieur bazardique plein comme un oeuf, son accordéon, ses chants, ses percussions, ses crayons et ses fusils m'a fait rire et m'a vraiment plu et touchée. Même plus : il m'a requinquée ...
L'avez-vous déjà rencontré ?
(au passage : bien vos photos d'art topiaire japonais)
Écrit par : Cécile | 13.11.2009
@ Cécile
C'est vrai que Lille/Villeneuve d'Ascq se débrouille pas mal pour faire du teasing durant son occultation.
Vivement, en effet, que Mme Sophie Lévy donne le coup d'envoi de ce musée relooké avec son volet brut!
(voir ma note "Hypnos" du 4.07.2009 : http://animulavagula.hautetfort.com/archive/2009/07/04/hypnos-ne-vous-endormez-pas.html)
Robi, je ne l'ai jamais rencontré. Je possède juste un de ses fusils avec lequel mon chéri aime faire l'andouille (cf. ma note "Fusil chinois rapide" du 29. 03. 2009) :
http://animulavagula.hautetfort.com/archive/2009/03/29/fusil-chinois-rapide.html
"Requinquée" est le mot juste. Si touchants, si démunis qu'ils paraissent être, les créateurs d'art brut de son calibre donnent plus qu'on ne leur apporte.
La vedettarisation ne leur vaut guère.
Et je m'inquiète un peu de la récente show-biznessisation du "phénomène" Robillard.
Gardons-nous de l'enrôler dans notre spectacle.
Il risquerait d'y faire figure de bouffon.
Écrit par : Ani | 16.11.2009