Keita, Joseph : peintres des rues (28.11.2009)
Monsieur Keita de Genève c'est mon sujet. Keita c'est comme Joseph, c'est des noms qui glissent très vite des moteurs de recherche. Trop ordinaires, trop passe-partout. Rien qui court les rues comme ça : Joseph, Keita. Et justement, monsieur Keita, ça le connaît la rue. Tombé du Sénégal, passé par la Belgique, il a glissé en Suisse car même à Genève, il y a de la rue. Du moins si j'en crois un article paru le 26 novembre 2009 dans La Tribune de cette ville. A Genève comme à Paris, on ne peut pas voir un monsieur black qui peint dans la rue sans le comparer à Jean-Michel. Basquiat, c'est commode pour le cliché.
Alors puisque monsieur Keita vit depuis deux ans dans la gare de Genève Cornavin, why not ? J'avoue qu'à voir de biais un tableau de Keita posé contre un pilier de béton dans le coin où le peintre s'est aménagé un chevalet-banquette-chambre à coucher, cela m'a pas paru évident. Plus impressionnant me semble son harnachement ventral rapetassé, cette profusion chiffonnière qui s'échappe de sacs en plastique noir autour de lui. Et cette émouvante marque de confort : une basquette-pantoufle qu'on enfile quand on rentre chez soi. La Tribune de Genève nous parle des gris-gris de ce «voyageur immobile». Indifférent au chouchoutage des services sociaux, il lutte contre l'envoûtage.
Monsieur Keita m'a rappelé très fort monsieur Joseph, un encore plus authentique «peintre de la rue» sur lequel j'étais tombée en allant essayer mes nouvelles lunettes glamour chez Anne et Valentin, rue Ste-Croix-de-la-Bretonnerie. Il était là, à même le trottoir, dans ce quartier du Marais qu'il aimait squatter, je l'ai su après.
Peu causant, visiblement alcoolisé mais avec le panache d'un désespoir lucide, vaguement inquiétant parce que déjà lointain. Le genre de S.D.F. au poil rugueux qui avait tout pour faire fouetter une petite bourge du genre de votre petite âme errante.
via L'Atelier
On choisissait comme dans son atelier sans qu'il se montre très encourageant. Jouant assez le jeu cependant pour signer après des explications incompréhensibles.
C'était peu de temps avant sa mort. J'ai compris plus tard qu'il se savait condamné par LA maladie.
J'ai appris par les journaux, notamment par un bel article de Nathalie Six (22 sept. 2003) dans Le Figaro, qu'il se nommait Joseph (Jean Joseph Pacôme semble-t-il) et que des collectionneurs s'intéressaient à lui.
Un avocat connu : Alex Ursulet, un acteur, Stanislas Merhar qui avait joué dans Le Comte de Monte Cristo d'après le livre préféré de Joseph. François Gibault, le Président de la Fondation Dubuffet. Joseph aurait peint un millier de choses avec de grands noms en tête : Van Gogh, Rauchenberg, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Robert Motherwell.
via ROCBO
Je pense à lui souvent mais je constate que son nom se dégougueulise petit à petit. Pourtant il n'est pas possible que cette pure figure de l'errance picturale parisienne soit oubliée. Si quelqu'un qui me lit s'en souvient, cela ferait pas de mal qu'il le dise!
15:57 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : joseph jean pacôme, monsieur keita | | Imprimer | | |
Commentaires
Bravo pour votre article et merci pour la réference. Amicalement. Artvisceral
Écrit par : ArtVisceral | 28.11.2009
merci pour ce billet marquant. (Je devrai venir chez vous plus souvent)
merci également pour votre réponse à propos de Robillard.
Écrit par : Cécile | 01.12.2009
Si je connais Pacôme ?
http://paintingphase3.20six.fr/paintingphase3/art/37868895/Jean-Pacome-et-phase3-en-1991-Grenoble
http://paintingphase3.20six.fr/paintingphase3/art/142624179/
Écrit par : phase3 | 22.07.2010
je connaissais joseph ,jo l' haitien,le sans dessin fixe,jo l'artisan,on avait une relation tres forte ,chaque fois que je passais dans le coin je faisais un saut a son quartier general,pres du franprix.il savait que mes commentaire et sensations vis a vis de ses tableaux etait sinceres,je lui parlais art parce que mon beau pere travaillais a Beaubourg .On etais sur un meme pied d égalité,tout deux sdf.J ai une anecdote ,joseph avait un batiment ou il cachait toutes les oeuvres qui lui tenais a coeur,ce jour la, il etait mal et tenais a les montrés a quelqu 'un .Il me les a montrés je les ai regardés(oscultés) un par un donnés mon sentiment sur chaques ,et il a voulu les detruires c etait une decisions irrevocable ,il les emballés dans un grand cartons et une ficelle qui reliais le tout . j'ai recupere une partis des tableaux,le fais de l avoir convaincu de ne pas detruire et de les avoir emporté lui redonnées du baume au coeur .Joseph tu me manques ,je t ais dis en temps et en heure que tu etais talentueux ,contrairement a d'autres ,"l écurie ephemere" et "art ricochet" on été fais en partis a ta memoire ou que tu sois ton empreinte reste. SKUI
Écrit par : SKUIGRY | 28.05.2011
Merci SKUI.
Écrit par : Jean-Jacques | 27.09.2012