Fabuloserie or not Fabuloseries (29.12.2005)
N O Sii A M I E SiiL E S iiB Ê T E S
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Dans la série «faut pas se gêner», une petite bouffonnerie théâtrale. On connaissait La Fabuloserie, ce lieu magique où sont réunies plus d’un millier d’œuvres dont beaucoup appartiennent à l’art brut pur et simple.
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Et bien on a maintenant «Les Fabuloseries». La Fabu (la vraie) étant fermée comme chaque année pour l’hiver, un festival des Ulis (dans le 9-1) n’hésite pas à se servir de ce titre inspiré qu’elle croit sans doute en hibernation. Sans la moindre référence au musée de Dicy dans l’Yonne pour lequel ce label a été inventé en 1983. Une fois de plus, «le jeune public» est le prétexte de cette langoustique opération. Le festival «Les Fabuloseries» s’adresse à lui qui n’en peut mais. Pas plus que Boris Vian d’ailleurs dont le nom sert d’enseigne au Centre culturel qui abrite ce spectacle de mimes, conteurs, marionnettistes et … bouffons.
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Commentaires
“FAUT PAS SE GENER“, le retour.
Tous les trimestres, ma curiosité et ma conscience “professionnelle“ me forcent à acheter RawVision. Dans le numéro de winter, aux pages Rawnews, on peut lire que la galerie Objet Trouvé propose l'exposition (February 2 - March 18) : “Alexandre Lobanov and Russian Art Brut“.
Madame a Animula qui, à l’époque n’était pas née, ne peut se souvenir qu’abcd avait organisé en 2003 (15 mai - 27 juin) avec la galerie Messine, Thomas Le Guillou une exposition intitulée : “Alexandre Lobanov et l’art brut en Russie“. Cette exposition était accompagnée d’une publication à laquelle Régis Gayraud et Jean-Louis Lanoux avaient prêté leur plume.
Galerie Objet de Récupération sonne mieux que Galerie Objet Trouvé.
Barbara Safarova, pour abcd
Écrit par : Barbara Safarova | 31.12.2005
Mme Safarova,
Quelques remarques sur votre commentaire perfide :
1°) L'art brut, ne vous en déplaise et fut-il de Russie, ne vous appartient pas. Vous devriez plutôt vous féliciter des initiatives qui sont prises par d'autres pour le promouvoir. Mais ce serait faire preuve d'une générosité et d'une ouverture à laquelle vous ne semblez pas accessible.
2°) Me suis-je permis de souligner que Dubuffet, mais vous n'étiez pas née, et, plus près de nous, L'Aracine et Mme Lommel, ont constitué des collections d'art brut remarquables dont ABCD a pu largement s'inspirer pour construire la sienne ? En effet, en termes de "récupération" vous vous y connaissez et, si j'étais dans les mêmes dispositions d'esprit que vous, vos leçons en la matière me seraient sûrement profitables.
3°) Je me rends, chaque fois que celà m'est permis, à toutes les expositions d'art brut, y compris celles d'abcd. Par passion, par intérêt, par curiosité. Alors que dans notre modeste galerie nous présentons, entre autres, des artistes qui n'ont jamais été exposés nulle part, nous n'avons jamais eu le plaisir de vous y accueillir. Manque de passion, d'intérêt, de curiosité ... pour les autres ? Je laisse au soin des lecteurs de ce "droit de réponse" de trancher.
Écrit par : Christian Berst | 17.01.2006
Si je peux me permettre de m'immiscer de l'extérieur dans la querelle "art brut russe", je dirais que je comprends quelque peu la protestation de Barbara Safarova. La Galerie de Messine et la collection d'ABCD ont attiré les premiers de façon décisive les regards des amateurs sur la problématique d'un art dit brut en Russie (notamment en publiant les réflexions de Régis Gayraud sur la question dans le catalogue de la collection, et ensuite dans le catalogue "Alexandre Lobanov et l'art brut en Russie"). Ce faisant, ils se sont positionnés dans l'histoire de l'art, apportant une pierre de plus à l'édifice de l'histoire de l'art brut (aussi babélien que les architectures délirantes d'Achille Rizzoli). Il est normal que leurs animateurs regimbent quelque peu quand une autre galerie réutilise ce titre sans la moindre référence (tout au moins dans l'entrefilet de "Raw Vision", il n'en est pas fait mention, mais "Objet Trouvé" a-t-il l'intention de citer la précédente exposition d'ABCD?) à l'exposition de la galerie de Messine. C'est cela qui est en question, pas le fait qu'ABCD soit arrivé après Dubuffet et l'Aracine, me semble-t-il, Christian Berst mélange un peu tout dans sa réponse.
D'autre part, lorsque ce dernier écrit qu'il expose dans sa galerie des artistes qui "n'ont jamais été exposés nulle part", cela paraît quelque peu aventuré comme affirmation. De qui parle-t-il exactement? Ody Saban? Non..C'est sûrement pas elle...Adam Nidzgorski, Paul Duhem, Oskar Haus, Alexis Lippstreu? Il me semble qu'ils n'ont pas manqué d'être déjà pas mal exposés, au musée de la Création Franche à Bègles, au Centre dela Pommeraie en Belgique pour les deux derniers, voire dans les expos d'Art en Marge, etc... Je n'ai pas tous vos cartons d'invitation sous la main (je visite votre galerie par intermittence, je l'avoue, sans montrer patte blanche), mais il me semble que la plupart (Kurt Haas, ça me revient, a été sur-exposé ; Mariléna Pélosi, très bonne idée del'exposer bientôt, elle aussi a été exposée ici ou là, même si il n'y a pas de média de grande diffusion qui en parlent en France), la plupart a déjà connu le plaisir de partager leurs images avec des publics divers et variés...
Bon, de plus, serait-ce si rédhibitoire que de ne pas s'intéresser à votre galerie? Si Barbara Saforova était venue vous visiter, le reproche qu'elle vous fait aurait-il été moins dur? En somme, c'est comme si vous disiez: si vous, Barbara, vous vous étiez présentée à moi, si ABCD m'avait rendu une visite de courtoisie, j'aurais peut-être réfléchi deux fois avant de plagier le titre de votre expo à la Galerie de Messine... Tout ça, ça fait un peu amoureux éconduit, vos propos, M. Berst...
Alors que c'est une très bonne idée, je le reconnais bien volontiers, de prolonger l'expo d'ABCD ailleurs, sous une autre forme... Au fait, à part Lobanov, quels sont les autres artistes "bruts" russes que vous présentez? Car, c'est là qu'il y aurait du nouveau à montrer. Jusqu'à présent, en dehors de Lobanov et de Gabritschevsky, on n'a pas vu de bien grandes oeuvres.
Bruno Montpied.
Écrit par : Bruno Montpied | 17.01.2006
M. Montpied,
Quel chevalier servant!
Immiscez-vous, immiscez-vous. "De l'extérieur", vous seul le savez.
1° Comme vous le dites, il s'agit d'un entrefilet purement descriptif. De fait, non seulement le titre de l'expo n'est pas définitif (une erreur s'y est d'ailleurs glissée, le vernissage ayant lieu le 9 février, pas le 2), mais quand bien même il me plairait de prendre ce titre, qu'est-ce qui m'en empêcherait ? J'y exposerai bien Lobanov et d'autres artistes bruts russes, non ? Ce qui peut donc se résumer par "Lobanov et l'art brut russe". Comme si la première exposition s'intitulant "les dessins de Picasso" empêchait quiconque et à tout jamais d'intituler pareillement une autre exposition ayant strictement le même objet. Bref, me traiter de plagiaire démontre simplement que le ridicule ne tue pas.
2° D'ailleurs, et je pense que vous êtes assez informé pour le savoir, Lobanov n'a été apporté en France ni par la galerie Messine, ni par ABCD, mais par Mme de Miscault, via le psychiatre de Lobanov, M. Gavrilov. Cette dernière permettant à M. Decharme d'accéder à cette oeuvre en l'emmenant rencontrer Lobanov en Russie. CQFD. A propos de "rendre à César...", je n'ai pas souvenir qu'il en ait été fait mention nulle part dans le livre qu'ABCD a consacré à Lobanov. D'autant que c'est à la même qu'on doit que l'oeuvre a été exposée à Paris dès 2000, soit 3 ans avant la l'exposition d'ABCD qui fait date "dans l'histoire de l'art " (diantre !).
3° Non, Christian Berst ne "mélange pas un peu tout". Tandis que Mme Safarova me taxe de "récupération", je souligne simplement qu'Abcd n'a rien inventé non plus et n'a bâti sa collection - très belle au demeurant - que sur la base du travail qui avait été accompli par beaucoup d'autres des décennies auparavant, en Europe comme ailleurs. Les traiterait-on de "récupérateurs" pour ça ? Pas moi, en tout cas.
4° Même si vous ne possédez pas tous nos cartons, vous pouvez lire sur chacun d'eux la liste des artistes que nous présentons en permanence à la galerie. Il est partial de n'y avoir lu que ceux qui, effectivement, ont déjà été montrés ailleurs. Imprimés dans le même corps, vous auriez pu y trouver Azema, Auvray, Gougelin, Besson, et je ne parle pas de ceux, mais vous l'avez noté, qui n'ont jamais eu les honneurs d'une galerie parisienne.
5° Quant à votre raisonnement, à peine amusant, qui consiste à laisser croire que j'ai choisi ce titre par dépit amoureux, tout lecteur honnête s'apercevra sans peine qu'il est spécieux et disqualifie un peu plus votre "sauvetage".
Et oui, je l'admets volontiers, on peut totalement se passer de fréquenter notre galerie (admettez au moins que c'est étonnant pour des passionnés d'art brut qui sillonnent le monde pour le découvrir. Ils ne vivent qu'à quelques stations de métro de la galerie et reçoivent tous nos cartons depuis un an ! Bastille serait redevenu un quartier dangereux ?).
Mais lorsqu'on ignore tout de notre travail et des oeuvres que l'on n'a même pas pris la peine de découvrir, on s'abstient de formuler des sentences définitives en nous traitant "d'objet de récupération".
L'avis de ceux qui nous connaissent seul m'importe. J'observe simplement que certains, qui feignent de nous ignorer, sont sans doute trop occupés à construire leurs chapelles et leurs baronnies et à lancer des excommunications. Pour ce qui me concerne, je privilégierai toujours l'ouverture, l'hospitalité, la générosité, l'échange.
Donc, M. Montpied, la prochaine fois que vous viendrez à la galerie, nul besoin "de montrer patte blanche", laissez tomber le masque, ça suffira pour entamer des discussions moins stériles.
Écrit par : Christian Berst | 17.01.2006
HONNEUR A CESAR
Cher Monsieur Berst,
Je reprends le point N°3 dans “M. Montpied. Quel chevalier servant !“
Bien avant l’invention du terme par J.D, de nombreuses collections d’art brut et “affiliées“ ont vu le jour. Chaque collection a son propre regard qui désigne aussi des choix et des influences. J’ai d’ailleurs commis un texte sur le sujet “Cents ans de collections, un siècle de collectionneurs“ (In : A corps perdu. ABCD, une collection d’art brut. Paris musées 2004) qui en esquisse l’histoire. Par conséquent, loin de moi de penser que la collection abcd échapperait à la règle. Chaque œuvre est unique, chaque collection l’est aussi, dans ce cas convenons que parler de récupération pour une collection n’a pas de sens.
Pour en revenir à mon petit commentaire prenez-le tout au plus comme un trait d’humeur et d’humour, qui colle bien dans un blog. Après tout vous avez bien raison de ne pas vous encombrer de fausses questions… :“ … quand bien même il me plairait de prendre ce titre, qu'est-ce qui m'en empêcherait ?“ Personne évidemment !
Petit commentaire sur le point N° 2 .
Dans l’ouvrage “Alexandre Lobanov et l’art brut en Russie“, édité par abcd ; à “remerciements“ on peut lire : “Nous remercions tout particulièrement Vladimir Gavrilov, un des premiers à avoir su reconnaître l’art d’Alexandre Lobanov et qui, dans le cadre de son association INYE a Yaroslav, travaille à la sauvegarde et à l’étude d’œuvres de malades mentaux en Russie.“
Dans “expositions“, nous relevons toutes les expositions à partir de 1997 qui ont présenté les œuvres d’Alexandre Lobanov.
Vous voyez que César n’a pas été oublié.
Sans rancune…
Barbara Safarova
Écrit par : Barbara Safarova | 20.01.2006
Je voudrais rebondir quant à moi sur le n°1 de la réponse de Christian Berst, et ceci sans aucune concertation ave B.Safarova. Je persiste à me présenter comme extérieur, en tout cas relativement à l'association ABCD, pour laquelle j'ai simplement de la sympathie.
Il me semble que la dénomination "les dessins de Picasso" et la dénomination "Lobanov et l'art brut en Russie" n'ont pas grand-chose à voir. Dans le premier cas, il ne s'agit pas d'une nouvelle idée, sauf si c'est la première fois qu'un muséographe décide de se pencher sur cet aspect de l'oeuvre de Picasso. Dans le deuxième cas, l'association ABCD creusait une nouvelle piste, même si Lobanov avait été découvert avant eux (j'ai signalé moi-même dans un article paru dans la revue "Ligeia" l'expo Lobanov qui s'était tenue à Poitiers après celle du Palais des Congrés ; et effectivement, il semble que l'on doive à Mme Dominique de Miscault l'introduction de Lobanov en France). Mais Christian Berst ne relève pas la mention que j'ai faite dans ma première réponse du texte de Régis Gayraud "L'art brut en Russie", paru dans le catalogue de la collection ABCD (publié en commun avec les éditions Actes Sud au moment de l'exposition "Folies de la Beauté" -je crois me rappeler que c'était ce titre- qui se tenait au même moment en Avignon. Je n'ai plus la date en mémoire (2000?), mais je suis presque sûr que l'on ne connaissait pas encore Lobanov à ce moment-là. C'est ce texte, très instructif (qui discutait par exemple la question de l'absence de NOTION d'"art brut" en Russie), qui a inauguré, à ma connaissance, ce que l'on pourrait appeler la recherche sur le sous-ensemble de l'art brut en Russie, incluable dans l'ensemble plus vaste de l'histoire de l'art brut (tant pis si je m'attire encore un de vos "diantre", M.Berst...). C'est tout à l'honneur d'ABCD d'avoir accueilli cette recherche. Et cela se passait avant les exploits de Mme de Miscault.
On peut concevoir que l'association ABCD puisse s'étonner que l'on réutilise le titre de son expo de la galerie de Messine en contribuant de ce fait à "noyer quelque peu le poisson" de ce petit événement (bien sûr que tout cela n'est tout de même pas une affaire d'état!). Etant donné que Christian Berst paraît priser l'originalité, il est étonnant de constater qu'en l'espèce il n'ait pas songé à faire plus inventif dans le titre de son expo à venir...
Écrit par : Bruno Montpied | 21.01.2006
Permettez que j'intervienne dans votre polémique. Entre l'article de Régis Gayraud dans le gros album noir de l'an 2000 et le catalogue de l'expo Lobanov à la galerie de Messine, il me semble que son opinion sur la question a évolué. Dans l'album noir, M. Gayraud évoquait surtout l'intérêt de l'avant-garde russe pour les primitifs et émaillait son article de citations littéraires. Il s'en prenait au communisme coupable à ses yeux d'avoir reclus la Russie hors des courants artistiques occidentaux et suggérait qu'avant la Révolution russe, les artistes russes étaient arrivés à une conscience aiguë de l'importance des non-professionels, etc. dans l'art, crachottant au passage sur Dubuffet. Il n'y avait rien sur Lobanov, alors que dans le livre suivant (le catalogue Lobanov, justement), il avait soudain découvert Karpov, et en faisait le socle de son propos.
Écrit par : Isabelle Molitor | 21.01.2006
Chère Madame,
Vous avez raison, il y a eu une évolution entre les deux articles. Celui publié dans "le gros album noir", comme vous dîtes, a été conçu essentiellement pour, à travers l'exemple russe, recadrer les commentairers sur l'art brut dans une optique historique et culturelle, car je ne crois ni au mythe de l'asphyxiante culture ni à celui d'une apesanteur culturelle qui entourerait des artistes bruts qui seraient de purs "hommes du commun à l'ouvrage" alors que leur caractéristique essentielle est qu'il sont absolument hors du commun (sinon, il y aurait cinq milliards d'artistes bruts - ce qui serait d'ailleurs absolument merveilleux et invivable en même temps!) Puis, j'ai rencontré les gens d'ABCD que je ne connaissais pas quand j'ai écrit cet article - qui m'avait été commandé par Marc Dachy, lequel avait disparu du projet entre temps - et par eux, plus précisément par Bruno Decharme qui m'a fait la gentillesse d'apprécier mon article et de me présenter des oeuvres que je ne connaissais pas, j'ai eu connaissance - très vite, pendant l'été 2000 - de l'existence des recherches de Karpov. La découverte de Karpov a été essentielle, une amie moscovite - Eléna Galtsova - m'a fourni le livre de Karpov dont personne n'avait vu la couleur et cela m'a permis d'affiner mon travail sur l'art brut russe. Karpov m'a permis de noter une fois encore que les artistes de "l'art de gauche" russe s'intéressaient de près à l'art des fous. Nul n'ignore plus en effet que Karpov et Kandinsky, très liés, avaient des projets communs d'expositions de réalisations d'aliénés mentaux. J'ajoute que la notion de fou est bien sûr élastique et plus ou moins étendue d'une culture à l'autre. En Russie, les fous, les "iourodivyé" font partie de la société traditionnelle, ils sont acceptés et même écoutés car on les soupçonne de détenir une vérité cachée. Rappelez vous chez Tourguéniev, Leskov ou Dostoievski. Un poète comme Khlebnikov, proclamé président du globe terrestre par les futuristes russes (fonction qu'il prtageait avec le dadaïste allemand Johannes Baader) aurait été considéré comme dément dans pas mal de pays d'Europe occidentale.
Bien à vous,
Régis Gayraud
Écrit par : Régis Gayraud | 21.01.2006
chère madame Molitor,
votre propos confirme indirectement ce qu'avance un des commentateurs précédents de ce blog à savoir que la recherche sur l'art brut en Russie a bien commencé en France avant la découverte de Lobanov.
Quant à Régis Gayraud, il faut tout de même lui dire que malgré ce qu'il a pu nous en dire ici ou là Karpov reste tout de même un grand inconnu de ce côté-ci de l'Europe. Peut-être pourrions-nous lui suggérer de proposer une exposition "Karpov et l'art brut en Russie" à la galerie Objet Trouvé puisque cette dernière proclame haut et fort son intérêt pour ce qu'elle appelle "art brut", si possible russe. Son animateur Christian Berst y trouverait ainsi sans peine l'originalté qui lui manque dans l'organisation de ses expositions.
Écrit par : Pedro Tumbonni | 21.01.2006
Je ne veux pas contribuer à la polémique avec M. Berst, même si j'ai ma petite idée sur sa galerie où je n'ai jamais vu beaucoup d'art brut, d'ailleurs. Ce qui me gène, c'est quand M. Gayraud semble parler du communisme comme une régression, alors que j'ai toujours pensé que l'histoire avançait dans le sens de la libération des peuples et que donc, le socialisme réel correspondait à une étape de cette libération favorisant le développement des arts populaires, bruts, etc. Pourriez-vous précisez ce qui ne me semble être que de l'anticommunisme primaire?
Écrit par : Isabelle Molitor | 26.01.2006
Je rebondis sur une phrase de Mme, ou Mlle, Molitor: " j'ai toujours pensé que (...) le socialisme réel correspondait à une étape de cette libération favorisant le développement des arts populaires, bruts, etc..."
Le "socialisme réel", par exemple en Pologne, encourageait effectivement les arts populaires en canalisant les créativités diverses et variées vers des boutiques d'artisanat que l'état avait instituées un peu partout dans le pays, dans l'espoir de créer des débouchés à des productions qui autrement seraient restées locales. Qui dit débouchés, dit augmentation de la demande aussi. Et très souvent, formatage des marchandises. Combien de créations populaires au départ singulières durent s'affadir dés lors afin de s'aligner sur cette demande et ces normes de formatage? Ce fut un effet pervers du "socialisme réel"... Et s'il y a de l'art brut en Pologne -et il y en a, par exemple Edmund Monsiel-, ce ne peut être qu'en marge des efforts du "socialisme réel", dont la pensée dominée par la philosophie économique est antagonique avec la pure dépense sans contrepartie de l'art brut. Imputer sa présence dans un pays du "socialisme réel" grâce à l'influence positive de ce dernier relèverait d'une logique légèrement hypocrite à tout le moins. Autant faire l'éloge du "socialisme réel" parce qu'il aurait produit les tatouages des criminels qu'il a enfermés derrière les barreaux de ses bagnes...
Écrit par : L'infatigable | 26.01.2006
Je n'ai pas beaucoup à ajouter au commentaire de l'Infatigable. (...)
Pour ce qui est du sort des artistes bruts en URSS, je crois qu'il est sensiblement voisin - notamment pour les aliénés - de celui des artistes bruts à l'Ouest, sauf, une fois encore, que l'aliéné mental, n'est pas en Russie un objet d'opprobre comme il peut l'être chez nous. On s'en méfie bien sûr s'il est violent, et on l'enferme aussi, mais curieusement - et pas si curieusement que ça si l'on prend la peine de remarquer qu'en dépit du régime totalitaire, il y a toujours eu, dans tous les domaines, des espaces de liberté mis en place par les gens - le sort d'un Lobanov dans son hôpital de Jaroslavl me paraît bien plus enviable que celui de beaucoup d'internés chez nous, parce que, dans son malheur, il est bien "mieux tombé" que beaucoup d'autres. Mais, répétons-le, c'est en dépit du régime, et non grâce à lui, que des oasis de la sorte ont pu se développer.
Par ailleurs ce problème en appelle un autre, en partie abordé par l'Infatigable à la fin de son commentaire, c'est celui de la fin et des moyens, et ce problème est constant dans l'histoire de l'art brut tout comme dans celle du marxisme-léninisme. Faut-il se réjouir d'avoir maintenu enfermé soixante ans quelqu'un dans une pièce exiguë d'un asile parce que cela aurait permis l'éclosion d'un Wolfli ou autre? J'aurais tendance à croire qu'il vaut mieux se passer d'art brut que d'infliger une souffrance telle qu'elle provoque l'art brut.
Régis Gayraud
Écrit par : Régis Gayraud | 30.01.2006
M. Régis Gayraud signale que je me suis retiré du projet d'ABCD que je dirigeais pour Actes Sud. J'avais pour cela de bonnes raisons, étant arrivé à la conclusion que les valeurs censées se dégager de ce qu'il est convenu d'appeler art brut depuis Dubuffet étaient bien étrangères aux propos de l'association ABCD qui entendait par exemple prendre parti contre la douleur d'Artaud pour les électro-chocs infligés par le Dr Ferdière, et ceci sans aucune nuance. La chose n'était pas acceptable.
Écrit par : Marc Dachy | 18.04.2007
Pauvre Docteur Ferdière! que pouvait-il faire pour Artaud ? c'est facile de critiquer les psys ! Pour chacun ce fut une victoire sur la maladie, à part un certain Carel qui les envoya mourir et contre lequel Bonnafé lutta jusqu’à sa mort.
Je ne vais citer comme exemple que cette photo de Tosquelles ; ce psy espagnol, qui pieds nus, en déséquilibre sur un toit de zinc, brandit un bateau de Forestier ; symbole éclatant et combien révélateur de cette victoire!
C’est cela la véritable définition de l'art brut ! qu'il vienne de l’asile ou d’autre part ! parvenir à reconstituer son intégrité.
Dommage que Dubuffet ne pu donner que le titre d’art à cela, quoique cela n’avait pas la teneur qu’on lui donne aujourd’hui !
J’ai très peur de tous ces glissements qui deviennent des histoires de boutique, alors qu’il s’agit de ce possible quand tout nous semble perdu ; querelle où l’on va jusqu’à dire que Jules Leclercq copiait tout bêtement ! Alors qu’enfermé il était parvenu, grâce aux images qui pénétraient dans l’hôpital, et au travers des déchets récoltés aux filatures d’Armentières, à retrouver sa vie de chiffonnier!
Écrit par : madeleine lommel | 28.04.2007
J'avais oublié d'ajouter que pour Lobanov il en est de même que pour Jules Leclercq . Quand monsieur Danchin spécialiste d'art brut- raconte à la radio que Lobanov en a eu marre de dessiner les grands de son pays alors il a décidé de se dessiner lui-même ! Franchement ! comme ça décidé..
Non monsieur Danchin ne vous en déplaise ; Lobanov à simplement été conduit chez le photographe par nécessité pour l'hôpital d'avoir une photo de lui ; découvrant sa propre image il s'est alors et tout naturellement dessiné lui-même à la place des vedettes de son pays ; en un mot il s'était découvert et donc retrouvé son idendité ! C'est dans ce sens monsieur Danchin qu'il faut fouiller si vous voulez qu'on avance . Paroles de lommel ce n'est pas simple et je ne l'ai ni compris, ni découvert de suite; il faut drôlement creuser pour copmprendre ce qui est simple comme Bonjour , vous savez Bonjour ce "petit maître" comme vous dites qui donne des leçons magistrales aux savants !
madeleine lommel
Écrit par : lommel | 02.05.2007
Qu'est-ce que vous en savez Madame Lommel de ce qui a motivé Lobanov à se dessiner? Votre "simplement", "naturellement", votre "en un mot" comme des évidences, ne sont-ils pas un peu hâtifs?
Je ne suis pas certain que vos affirmations qui ne supposent aucun doute soient plus pénétrantes et convaincantes que les tartes à la crème de notre grand spécialiste national.
LECEPTIK
Écrit par : LECEPTIK | 02.05.2007
Lobanov n'a-t-il pas seulement voulu substituer un culte de la personnalité à un autre? Ou pour dire plus nettement, des héros vénérés de la révolution, devenus idoles et icônes, il a glissé vers la sacralisation de son propre moi, un gros pétard à la main en prime..., ce en quoi il avait bien raison. Plutôt que d'élever des monuments aux maîtres des peuples, mieux vaut peut-être commencer par se mettre soi-même au pinacle...
Écrit par : Bruno Montpied | 02.05.2007
La chose dont je suis sure, Madame c’est que certaines choses sont évidentes et qu’il faut fouiller par là plutôt que de raconter que Lobanov ayant eu marre de… , s’est mis à…
Il faut sans cesse revenir au point départ ; ce ne sont pas des « et qu’en savez-vous » qui nous ferons comprendre ce qui s’est passé pour que nous soyons gratifié d’une telle création ! Bien sûr qu’il s’agit d’une histoire d’identité, l’obligation d’exister pour celui qui est oublié ! plus encore pour celui qui est séquestré. Robillard que je connais depuis 1982 à été un des premiers à me donner une leçon, lorsque allant pour la première fois dans un hôpital psychiatrique, il me dit « j’ai voulu faire quelque chose de ma vie ! » Je suis ressortie la tête entre les deux oreilles, recevant là une belle leçon !
En fait Bruno Montpied dit sensiblement la même chose avec l’humour et la manière qu’on lui connaît.
Je n’ai rien inventé Madame, il faut se pencher sur les faits: ce n’est pas pour rien que cette création interroge notre conscience car il s’agit aussi un peu de nous, de notre besoin d’exister, d’avoir une identité ; combien de fins analystes fouillent par là !
Il n’y a plus d’art brut , il y a par contre de plus en plus de singuliers car cela aura forcé des barrages, provoqué des audaces, donné le goût à oser s’exprimer ce qui n’est en rien comparable avec ce qui s’est passé en une période courte et dense pour de simples raisons sociologiques ; bien sur il y aura sans doute encore ici et là des exceptions mais le flot est derrière.
Je n’ai aucune prétention ; je tiens à cerner les choses, à ramasser tout ce qui m’éclaire et à aimer le dire sans pour autant chercher à convaincre.
madeleine lommel
Écrit par : madeeine lommel | 03.05.2007