Les 12 travaux de Pascal Leforestier (05.02.2011)
Dans Pif le chien, moi ske j’préfère c’est Hercule.
Son côté mal léché, sparadrap sur le nez, sans doute. J’ai un faible, que voulez-vous, pour les matous malicieux et malchanceux.
Je les préfère à ces jolis toutous au petit ventre rond qui n’arrêtent pas de donner des leçons de morale dans la vie comme dans la bédé d’Arnal.
Aussi me suis-je jetée à la vitesse de Guy l’Eclair sur Les 12 travaux d’Hercule de Pascal Leforestier, un mince (mais très pêchu) album de dessins en couleurs réalisés par un monsieur qui fréquente l’Atelier de La Passerelle à Cherbourg.
J’avais déjà été en contact mailographique avec Romuald Reutimann, son animateur mais jusqu’à présent je n’avais pas été très convaincue par les images qu’il présentait, notamment sur le blogue du dit atelier manchois.
La Passerelle est un atelier d’arts plastiques inauguré il y a 20 ans, dans le cadre d’un service d’insertion sociale, s’adressant à des adultes qui travaillent pour la plupart dans des CAT (non, pas des minous !).
Malgré tout le respect que m’inspire le social et les Centres d’Aide par le Travail, je me gêne pas pour juger les travaux d’art sur pièces. Le charity business c’est pas mon truc.Tout de même, je reste attentive à ce qui vient de ces personnes travaillant dans ce type d’ateliers. Personnes dont les capacités peuvent se révéler, sur certains plans, si supérieures aux nôtres alors que, sur certains autres, ils se montrent si fragiles qu’ils doivent être entourés, protégés, encouragés.
C’est le cas, semble-il de Pascal Leforestier auquel tous mes lecteurs font, j’en suis sûre, un petit coucou. On en apprend peu sur Pascal dans les deux courts textes d’Emmanuel Boussuge et de R. Reutimann qui accompagnent les dessins mais on les approuve d’avoir été discrets. Seulement qu’il est grand, qu’il avait 38 ans quand il a réalisé la série herculéenne, «tranquillement», trois jeudis durant. Et qu’il sourit «d’un air moqueur» quand on lui propose un projet, en relevant le défi d’un simple «Ben oui». On aimerait bien savoir s’il aime les carambars ou s’il préfère les fraises tagada (comme moi) mais, bon, c’est déjà pas mal.
L’album reproduit les dessins sur des fonds sable ou coquille d’œuf qui, si je comprends bien, reproduisent des échantillons de papier peint qui ont servi de support à l’origine.
En vis à vis, une page noire, imprimée en blanc relate les divers épisodes de la légende qui ont été grosso modo expliquées à Pascal par l’équipe de l’atelier qui a su, visiblement, se limiter au coup de starter minimum. C’est tout et c’est très bien.
En chichiteuse pourave que je suis, je regrette un peu la blancheur éblouissante des pages de titre et de préfaces mais cette publication de Recoins et Cie est la meilleure de celles (les livraisons d’une revue, en fait) sorties sous ce label.
23:19 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pascal leforestier, romuald reutimann, emmanuel boussuge, recoins et cie, hercule | | Imprimer | | |
Commentaires
Le charity business, à la Passerelle ?! tsss
Écrit par : Romuald Reutimann | 06.02.2011
@ R. Reutimann
"tsss" c'est un peu court. Merci cependant de votre réaction rapide.
Mais quant à me lire, autant ne pas le faire de travers.
Votre Passerelle n'est pas visée.
Ce que je dis c'est que j'ai le défaut de juger sur pièces.
Sans m'extasier a priori, sous prétexte que c'est fait par des gens qui fréquentent un atelier du genre du vôtre.
C'est ma façon de les respecter.
Et puis, tsss pour tsss, moi ce qui me fait tiquer c'est le terme de "déficience intellectuelle" qui est utilisé à leur propos sur la quatrième de couverture de l'album.
Je ne vois aucune "déficience" dans les dessins de monsieur Leforestier. J'y discerne une façon de voir, de sentir et de penser différente -et à bien des égards plus intéressante- de celle qui caractérise la petite névrosée ordinaire et culturée que je suis.
Écrit par : Ani tsss-tsss | 09.02.2011