L’univers peu connu d’Adolf Wölfli (02.10.2011)

mauvaise langue.JPGComme mauvaise langue, votre petite âme errante se pose là! A peine venait-elle d’écrire que l’anniversaire du LaM était passé à l’as que paraissait dans La Voix du Nord un commémoratif entretien avec Sophie Lévy, la directrice-conservatrice de ce «musée familial».

chicken.jpgTous ceux qui voudront rabattre le caquet d’Ani sont invités à s’y reporter car il mérite de faire date. On y apprend notamment que «Wölfi» (sic) est «un artiste d’art brut peu connu». Faisons grâce de l’erreur de transcription du nom à madame Lévy. La rédaction de La Voix du Nord n’a pas eu suffisamment l’occasion de se familiariser avec le patronyme par trop suisse de cette icône de l’art brut : Adolf Wölfli. Rien qu’une exposition d’envergure sur son «univers» qui s’est tenu à Villeneuve d’Ascq pendant seulement 3 mois (avril à juillet 2011).

Faisons grâce mais arrêtons nous sur cet abracadabrantesque «peu connu». Etonnant de la part de quelqu’un qui avait pourtant salué «l’œuvre sinueuse et magique du grand Wölfli» dans la préface qu’elle avait donnée au catalogue de la susdite expo! On peut certes être «grand» sans être «connu» mais dans le cas d’espèce, on est fondé à trouver que les deux termes sont fâcheusement contradictoires. Si l’œuvre de Wölfli reste confidentielle, alors Ferdinand Cheval est un petit nouveau et Aloïse une jeune starlette. Walter Morgenthaler qui a révélé Wölfli au monde en 1921 doit se retourner dans sa tombe et les commissaires de l’expo Adolf Wölfli Univers n’ont plus qu’à se faire hara-kiri.

Adolf Wölfli

On a envie de conjurer Sophie Lévy de relire d’urgence sa préface et de lui demander respectueusement ce qui d’avril à octobre a pu produire dans ses propos un tel retour du naturel. Sans anticiper sur la réponse qu’elle pourrait apporter à cette question, j’ai envie de l’encourager à faire plus confiance à l’art brut. Et pour cela d’en accepter vraiment la spécificité. Non, madame Lévy, l’art brut n’est pas une simple variété à la bonne-franquette de l’art contemporain. L’art brut croise parfois (nuance!) le chemin de certaines réalisations des arts contemporains. Ceci sur un mode décalé qu’il nous appartient de mettre en évidence par un travail qui ne se réduit pas à une simple juxtaposition.

De ce point de vue, je crois rêver quand je vous entends suggérer que, dans votre musée polyvalent, «les salles d’art brut» participent simplement à la création d’une «nouvelle ambiance» susceptible de faire avaler la pilule amère du snobisme qui s’attache (vous le reconnaissez) à votre «art contemporain». Depuis sa conception, le LaM, contre toute logique, s’efforce de créer la confusion entre cette eau pure et ce gaz soporifique. La tâche est difficile, votre communication le prouve.

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Pour finir sur une note gaie, je conseille à mes lecteurs de se distraire avec les statistiques de fréquentation du LaM complaisamment étalées dans La Voix du Nord le 25 septembre 2011 : «65 % d’individuels, 35 % de groupes et 30 % de jeune public». 65 + 35 + 30, ça fait 130 % sur ma calculette!

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