Une bonne réponse au quiz contre-cultivé (02.12.2011)

Top chrono. Résultats du Quiz «Etes vous contre-cultivés?». La bonne réponse m’est venue par courriel et c’est Texas Instruments, décidément très remonté en ce moment, qui l’a donnée. Comme plusieurs de mes valeureux commentateurs, il s’est d’abord un peu égaré du côté de chez Bourdieu (faut dire que ça y ressemble) et puis il s’est «ravisé» et a pensé : «naaan, cousu de fil blanc, c’est plutôt du Dagen (…)». Et bien, il a raison! C’est lui qui gagne le pompon.

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Ma petite phrase dézingueuse (comme dirait Louis Watt-Owen, l’animateur de La Main de singe) provient bien d’un article de monsieur Philippe Dagen paru dans Le Monde (des Livres) du vendredi 24 novembre 1995 à propos de la parution de Prospectus et tous écrits suivants (tomes 3 et 4) et de celle des lettres de Jean Dubuffet et de Witold Gombrowicz chez Gallimard.

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L’article s’intitule : Le Commandeur Dubuffet et son ombre. Son chapô disait bien ce que l’auteur voulait dire : «Il est de tradition de célébrer le grand pourfendeur de la culture académique que fut le chantre de l’art brut. Mais trois nouveaux volumes de ses écrits apportent d’autres éléments, et le grand homme ne gagne rien à ces révélations».

Mais il en est des Dubuffetophobes comme des anticléricaux. Un jour ou l’autre, ils se jettent aux pieds de l’autel comme Joris-Karl Huysmans dans La Cathédrale après Là-bas. A trop brûler, c’est fatal on se met un jour à adorer. 16 ans après, Philippe Dagen a compris que l’art brut n’avait rien à voir avec une contre-culture ou bien il considère qu’il est devenu suffisamment académique pour être fréquentable. Même quand il s’incarne dans Josef Hofer, un extraordinaire créateur qui dessine tout de même beaucoup de zizis.

Josef Hofer

Passons pudiquement sur la question, à la différence de Michel Thévoz qui inaugurait son article dans le 22e fascicule de la Collection de l’Art Brut par un retentissant : «Venez voir Narcisse devant son miroir!(…) Un narcisse qui bande et qui se branle en contemplant son image».

Josef Hofer,Philippe Dagen

Philippe Dagen dans la solide préface qu’il donne aujourd’hui au catalogue de l’exposition Josef Hofer alter ego à la galerie Christian Berst (jusqu’au 14 janvier 2012) nous épargne ces propos de libertin. Son texte, rigoureux et définitif, a quelque chose de la pureté d’un sermon dans le désert. Ce serait presque trop pour un gars comme Hofer (qui n’en demande sans doute pas tant) si l’auteur n’était du genre à se priver du biographique. Ebloui par cette pénitence, le lecteur est invité à cotoyer les sommets ensoleillés d’un formalisme sans concession ni casquette de randonnée.

alpen.jpgPrenez tout de même vos chaussures à crampons et vos alpenstocks! Il faut parfois s’accrocher, surtout dans la première partie où l’on enfonce jusqu’à la taille dans la poudreuse phénoménologie.

Les occasions de rigoler sont rares : à peine un petit coup de patte de velours au yéti de l’asphyxiante culture qui a plus qu’intérêt à marcher à l’ombre.

Mais on sort de là grandi de tant de glaciale intelligence, étourdi de tant de vertigineuses descriptions, prêt pour la conversion aux mystères de «l’art contemporain». Amen.

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