Petit Pierre et son manège (27.10.2005)

Mention spéciale du jury Animula décerné par elle à un superbe bouquin sur Le manège de Petit Pierre qui vient de paraître chez Albin Michel.
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Votre petite âme errante l’a déniché dans le rayon jeunesse de la librairie Livre-Sterling, avenue Franklin-D. Roosevelt (49 bis) où elle vous invite à fouiller avant de lécher les vitrines de fringues des Champs-Elysées. Si vous n’avez pas de nains (héritiers de votre couronne, petits cousins, filleuls, petits-fils ou filles de tout poil), adoptez en un d’urgence pour le lui offrir. Et si la procédure vous paraît trop longue, offrez le au grand enfant que vous êtes. C’est un livre d’artiste qui étonnera davantage vos amis sur la table basse du salon que le gros pavé de l’expo Dada dont tout le monde fait étalage en ce moment. Il raconte la vie de Pierre Avezard, l’auteur du manège qui a été remonté à la fin des années 80 à la Fabuloserie, avec le concours du peintre Pierre Della Giustina. Les mots sont de Michel Piquemal, les images de Merlin (l’enchanteur, sans doute ?), les photos de Jean-François Hamon. La poésie, les couleurs, le rythme et la respiration de la mise en page transmettent le message d’espoir de cette «biographie» d’un petit gars «né mal fichu, tout bancal, tout tordu, le visage de travers, sans même un trou pour les oreilles». Un être disgracié qui est parvenu à désamorcer la curiosité malsaine et la méchanceté craintive de ses semblables en construisant, lui le petit vacher, un chef d’œuvre de métal découpé, de rouages grinçants et de petits moteurs qui n’a rien à envier aux machines de Jean Tinguely.
medium_manege.3.jpgSans jamais faire dans le misérabilisme, ce livre plein de vie évoque en douceur des sujets graves, tels que l’injustice de la nature, la discrimination et même les solutions finales préconisées par «certains» à l’égard des handicapés pendant la guerre. Tout ça -c’est là le miracle- sans faire la leçon. A aucun moment, on a l’impression d’être à l’école. Surtout, le (jeune) lecteur n’est pas convié à l’imitation. Jamais les auteurs ne le prennent par la main pour lui dire : «toi aussi, tu devrais faire comme Pierre Avezard». Ce que c’est reposant !

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