La Belgique fête le centenaire de Robert Garcet (03.12.2012)
C’était pendant l’horreur d’une profonde virée familiale dans les Ardennes. Une auberge mystérieuse avec du saucisson à la bière dans la forêt. Les sangliers en liberté surveillée du Parc de Belval m’avaient laissée de marbre. Moins les gaufres du village du livre à Redu. On avait fait les boucles de la Meuse. On s’était agenouillés devant Rimbaud au musée de Charleville.
Mon daddy savait plus quoi inventer pour nous instruire. Nous avons donc poussé jusqu’à Eben-Ezer. En ces années octantes du siècle dernier, cette éminence magique au nord de Liège était une curiosité locale. Forte est encore, en votre petite âme errante, l’impression ressentie devant cette tour impressionnante, rugueuse et bosselée, édifiée sur une pente.
Quatre géantes créatures ailées coulées dans le béton au sommet de ses créneaux : griffon
taureau
lion
sphinx
Les quatre Chérubins de l’Apocalypse promis par les infos touristiques! Robert Garcet, le concepteur de cet édifice surhumain (construit avec une équipe de bénévoles) ayant une passion pour ce livre, le plus visionnaire de la Bible.
On se sentait toute petite en haut de l’escalier monumental qui accentuait l’effet envoûtant.
Timidement on frappa à la porte voûtée, du genre qu’on voit dans les films fantastiques. Il se passa du temps avant qu’un homme pas grand, vêtu comme un ouvrier d’autrefois et coiffé d’un béret vienne nous ouvrir. Deux grands chiens, noirs comme l’anarchie et sortis de nulle part, sont venus se placer de part et d’autre de notre groupe. Nous n’osions plus bouger.
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De l’air calme du savant interrompu dans ses méditations, Robert Garcet –car c’était lui– nous informa que c’était demain le jour des visites. Le lendemain, en compagnie d’un petit groupe où figurait le photographe Clovis Prévost, on a pu pénétrer dans le Musée du Silex. Du moins dans la salle où se dressaient un pilier et des hauts-reliefs en ciment polychrome des plus symboliques.
Robert Garcet, qui avait dépassé les 75 ans, ne montrait plus les souterrains où il abritait ses collections de cailloux et d’ossements plus ou moins préhistoriques dont celui du «mosasaure», un monstre antédiluvien de son invention.
Mais il dispensait ses théories sur les silex où des hommes très anciens, plus anciens que l’humanité même, avaient témoigné de leur art. Un art radicalement différent du nôtre où aucune signification n’était évidente. Un art qui se contentait de suggérer des formes que l’on pouvait ressusciter en observant les silex sous toutes leurs facettes en lumière rasante.
Cette érudition très personnelle, qui contrastait avec son look de tailleur de pierres, valut à Garcet une ironie méprisante de la part de la science officielle qui ne voyait en lui qu’un paléontologue amateur et non un grand rêveur.
Il fut de ce point de vue logé à la même enseigne qu’Emile Fradin (voir mon post du 16 septembre 2009 sur Glozel). Mais elle lui valut l’estime affectueuse des amis qui veillaient sur sa vieillesse à l’époque.
Comme ils veillent aujourd’hui sur son œuvre et sa pensée trop profuse pour que je puisse rien faire d’autre que de vous inviter à lire leur site très explicatif. Robert Garcet a écrit beaucoup de livres touffus qui mériteraient de figurer dans un répertoire de la meilleure «folie littéraire». Ce jour-là il nous en dédicaça un.
Garcet, qui aurait eu 100 ans cette année, fait l’objet d’une exposition dans la bien-nommée Salle coup de cœur de l’art & marges musée à Bruxelles jusqu’au 27 janvier 2013.
16:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : robert garcet, eben ezer, tour de l'apocalypse, musée du silex | | Imprimer | | |
Commentaires
La voilà l'arche d'alliance !
C'est la tour de Garcet !
Écrit par : Michel Benoit | 03.12.2012
Il s'agit plus de moulinsarisme que d'art brut, si je puis dire. Il semble ,à la lecture de votre blog, que vous vous intéressiez de moins en moins à l'art brut. Pourquoi ?
Écrit par : chabert | 03.12.2012
il était trop tôt pour voir WOINIC !
Écrit par : kolotoko | 04.12.2012
@ Chabert
Et moi qui croyait vous faire plaisir avec ce post sur Garcet qui, entre parenthèses, m'a valu un pic de fréquentation!
Je ne suis pas la seule en effet à oser cette extension du domaine de l'art brut.
En juin 1998, Jean-Pierre Delarge (oui, celui du "Delarge", le Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains!) écrivait dans une chronique de la Gazette de l'Hôtel Drouot intitulée "La Tour d'Eben-Ezer, chef d'oeuvre de l'art brut" la chose suivante: "il (Garcet) a écrit un chapitre de l'art brut, qui mérite ses trois étoiles".
Écrit par : Ani | 04.12.2012
C'est vrai quoi!? Pourquoi vous intéresser à autre chose qu'à l'art brut?? Pourquoi pas l'art populaire ou le surréalisme pendant que vous y êtes? rhaaa... rien que d'y penser j'ai la nausée et les yeux qui grattent. Vous mériteriez que la brigade du bon goût vous coupe l'internet. LOL,MDR,PTDR
Écrit par : matthieu | 11.12.2012