Recreation avignonnaise (07.05.2013)
Avignon, du coin de l’œil me regarde. On peut dire que j’aime ça. J’y traîne mes savates comme dans une photographie ancienne.
A l’écart du pittoresque karchérisé des rues à touristes, c’est une ville qui vous fait signe à sa façon d’aujourd’hui et de toujours. Ici, où Melpomène et Thalie règnent en maîtresses une partie de l’année, tout est permis aux muses et elles ne s’en privent pas.
Muse des rêveurs-bâtisseurs comprise. J’emprunte cette image à l’un d’eux qui agrémenta de personnelle façon le mur d’enceinte de sa maison.
Avignonnaise façon de procéder! Avec sa ceinture de remparts et son cercle flâneur formé par les rues Joseph Vernet, Henri Fabre et des Lices, la festivalière cité des papes est un cœur emboîté comme une poupée gigogne. De cet intra-muros historique, de cette pelote urbaine ensoleillée s’échappe, du côté où le Rhône ne s’y oppose pas, tout un réseau de fils et d’artères qui s’en vont faire des nœuds aux noms de quartiers : St-Véran, La Croisière, St Jean, Pont des Deux Eaux.
C’est dans l’un d’eux qu’Antonio, un maçon italien, est venu pour le travail dans les années cinquante du siècle dernier. C’est là que lui, qui parlait à tout le monde, a édifié pour son plaisir et pour celui des passants son mur d’images, décoré autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
C’est là que vit encore -princesse en son potager- sa veuve Tina dont les beaux yeux ne se fatiguent jamais de contempler les têtes brutes, amusantes et grotesques de cette clôture historiée qui fait de sa demeure une modeste et moderne villa Palagonia. Là, c’est-à-dire dans une impasse.
Un coin de campagne dominé par une barre d’immeubles. Ce fleuron, perdu dans un lacis où les rocades et les avenues sont métissées de routes et de chemins, n’est pas simple à trouver. Même un GPS s’y casse les dents en tombant sur des fourchettes. «Tournez à droite» vous dit-il et ce sont trois voies qui s’offrent à vous.
Mieux vaut donc un cicerone. Tant qu’à faire, j’ai eu recours au meilleur qui soit : l’impénitent blogueur et l’aimable connaisseur es-choses avignonnaises, Michel Benoît. C’est lui qui m’avait filé le tuyau. Mais pour être déjà venu, il n’en était pas blasé. C’est d’un sourire intact qu’il a salué le Gepetto qui lui rappelait un masque de son enfance.
Antonio, pour ses moulages en plâtre, affectionnait de telles choses. J’ai fait, pour ma part, un bisou au portrait d’une chanteuse populaire (je vous laisse deviner laquelle) dont la famille voisina jadis avec le maçon.
Les chats, les barbus, les fantômes étaient un peu trop haut pour pareilles effusions. Divers collages d’objets manufactés aussi. J’aime trop aussi les visages aux yeux d’agate, «tout en pierres récupérées aux décharges» comme me le dit la signora Tina de son bel accent calabrais.
00:49 | Lien permanent | Commentaires (4) | | Imprimer | | |
Commentaires
Excellent, j'aime !
Je vais donc publier à mon tour.
Amitiés.
Écrit par : │∩│ˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉAVIGNONˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ | 07.05.2013
Bonjour Anima,
Quel bel et bon reportage que voilà !
Suis ravie d'en savoir plus sur l'artiste (...).
Écrit par : Tilia | 08.05.2013
Animula,
pardon pour le raccourcissement involontaire :)
(suis persuadée que les animaux ont une âme)
Écrit par : Tilia | 08.05.2013
Et les plantes, les plantes n'auraient pas d'âme ???
Et les pierres, elles n'ont pas d'âme non plus ???
Écrit par : │∩│ˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉAVIGNONˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ | 08.05.2013