Yolande et Candy clôturent la Quinzaine (28.05.2013)
Elle était Solange dans Mammuth, elle est Rosette dans Henri, le nouveau film réalisé par Yolande Moreau. Revoilà Miss Ming, aujourd’hui Candy Ming et toujours fée. Candy et Yolande ont appris à se connaître sur les plateaux de Gus et Benoit, auteurs grolandais mais pas que. C’est Delépine qui remarque Candy en 2005, pour sa façon décalée de lire les poèmes. Il la fait tourner dans Louise Michel en 2007
et en 2010 lui fait mener par le bout du nez Depardieu-Pilardosse, le touchant géant motard, protagoniste principal de Mammuth. C’est dans ce film que Benoit Delépine et Gus Kervern affichent combien ils se sont sourcés à l’art brut. Yolande Moreau, avec Henri, son film présenté à Cannes en clôture de la Quinzaine des réalisateurs, n’hésite pas à faire état de la même référence.
«Il y a quelque chose qui me fascine dans l’univers des handicapés mentaux», dit-elle au sujet du personnage féminin de son film qui traite du soutien mutuel que se prodiguent une jeune femme un peu différente et un cafetier italo-belge plutôt paumé.
«On dirait de l’art brut», poursuit Yolande. Dans le cinéma ce rapprochement est suffisamment rare pour qu’on le remarque! D’autant que Yolande Moreau précise : «Nous on a des codes pour se comporter. Ils n’ont pas les mêmes, c’est plus étrange. Ca me fascine, ils sont sensiblement pareils que nous».
Tellement pareils que Yolande envisagea d’abord d’interpréter le rôle de Rosette. Les pensionnaires du foyer de personnes «handicapées» dont Rosette provient dans l’histoire sont joués par des comédiens de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, Centre d’aide par le travail artistique de Roubaix.
Henri a été tourné dans le Nord/Pas-de-Calais. A Vendin-le Vieil, Aix-Noulette, Carvin et Liévin.
Ce qui valut au film une idée de promo peu ordinaire : l’installation d’une baraque à frites sur la Croisette. Le bruit court que les pingouins en smokings et les divas en robes du soir, fatigués par les marches, n’ont pas craché sur les cornets distribués à cette occasion par la prod d’Henri.
La fraîcheur lunaire de Candy Ming n’est pas passée inaperçue de la presse festivalière qui a célébré aussi le jeu du comédien et metteur en scène Pippo Delbano dans le rôle d’Henri.
Animula, pour sa part, préconise la lecture du papier de Jean-François Lixon : «Henri» de Yolande Moreau, les grandes errances des petites gens. «Tout est juste dans ce film» dit Lixon. Ajoutons que le philosophe Jackie Berroyer (Bibi, pilier de bar) fait aussi partie de la distribution. Raison de plus pour guetter la sortie de ce film yolandesque à souhait. Pour la fin de l’année sans doute.
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Commentaires
Ange aux
Nuances
Imbibées, les
Murmures des
Artistes
Vibrent
Au
Gout de l'
Univers
Lumière de l'
Ame
Écrit par : candy ming | 28.11.2013
Le regard de Yolande Moreau est sans complaisance et les détails ne lui échappent pas - Si d'habitude la lucidité est triste, ici elle est au service de la vie. De la vie intérieure s'entend, celle qu'Henri va découvrir et que Yolande Moreau nous indique par le rythme même du film: un rythme fait de contrastes parfois violents entre la lenteur répétitive, oppressante, du quotidien, l'autre lenteur, dense et vivante de l'imaginaire porté par le regard silencieux de Candy Ming et les cassures réductrices qu'imposent des regards normatifs. Si les mots sont rares, la présence humaine est là: une belle leçon de dignité.
Écrit par : Béatrice Steiner | 13.12.2013