Découverte dans un grenier autrichien (24.07.2013)
On cuit, on fond, on bout, on canicule. La température a beau faire que monter, la ferveur animulienne ne baisse pas. Un peu partout de par le monde mes fidèles lecteurs m’adressent, avec leurs coucous de vacances, des informations. Est ainsi tombée dans mon panier la peinture scotchante de Josef Karl Rädler.
Un joli cas artistiquement borderline comme on les aime. Un créateur à l’intersection de l’art populaire, de l’art naïf et de l’art brut. Transcendeur de catégories trop rigides. Un homme de métier dévié de son parcours professionnel. Un peintre sur porcelaine que la schizophrénie (ou l’épilepsie) propulsa sur une voie plus ambitieuse, celle du grand art qui cotoie le haut mal.
«Une trentaine d’œuvres inédites» de ce créateur qui produisit environ 8 à 900 aquarelles, «viennent d’être découvertes dans un grenier». Elles sont montrées à Salzburg, jusqu’au 14 septembre 2013, dans la Galerie de Heidi et Ferdinand Altnöder.
Ce n’est pas votre petite âme errante qui le dit, c’est mon informateur, l’artiste et collectionneur suisse Eric Moinat qui, vous le savez peut-être, a exposé ses œuvres de carton et de papier en 2009 à Genève, près des poyas de François Burland.
Compte tenu de son goût pour les matériaux modestes, les connotations populaires et la densité des matières, on peut lui faire confiance quand il nous invite à découvrir les images extraordinaires de Rädler : «mandalas, écritures, peintures naïves, documents sur la vie des malades mentaux en Autriche au début du vingtième siècle».
Question biographie, je vous la fait court mais vous pourrez toujours surfer ici ou là, ça musclera un peu votre anglais et votre allemand. Grosso modo : J. K. Rädler (1844-1917) est né en Bohême. Son œuvre, produite dans des asiles à partir de 1897, n’a été découverte que 50 ans après sa mort.
Par le truchement d’une infirmière, elle fut remarquée par Léo Navratil, le fameux animateur de Gugging qui acheta une centaine d’aquarelles de Rädler pour les montrer dans une expo au Niederostereichische Landesmuseum en 1994.
Ces œuvres à double face combinent une image relativement réaliste et des figures symboliques accompagnées de textes plutôt inintelligibles. Encouragé par le personnel soignant, Rädler réalisa beaucoup de portraits de ses compagnons d’hosto.
J.K.R. avait parfaitement conscience de sa valeur. Pacifiste, il se considérait comme un «lachender Philosoph». Les prix qu’il fixait pour ses œuvres étaient exorbitants, ce qui est peut-être une manière idéale de négocier l’art brut ...
16:56 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : josef karl rädler, eric moinat, galerie altnöder | | Imprimer | | |
Commentaires
pour moi aussi une belle découverte...dans la lignée de fischer..walla...merci!
Écrit par : elfi | 05.08.2013