Chaissac et Dubuffet vont à la poste (18.08.2013)
Le plus simple c’est de sortir à Montparnasse et de traverser le centre commercial. C’est frais et on est à l’ombre. Idéal avant d’affronter le cagna du boulevard de Vaugirard. Résistez à la tentation des montagnes de fringues dans les vitrines. La rentrée est encore loin et tout à l’heure, vous aurez envie du catalogue de l’expo Chaissac-Dubuffet (25 € seulement) au Musée de la Poste.
Pour Angels, Demons and Savages, c’est plus coton. Là, je suis comme tout le monde : une vraie touriste. Mais ce que je sais c’est qu’au Parish Art Museum de Water Mill c’est encore le nom de Dubuffet qui claque.
Water Mill c’est le premier moulin de New York et c’est au bout de Long Island. Pourquoi je vous en cause ? Parce que le PAM de WM a l’idée de confronter jusqu’au 27 octobre 2013 un monstre sacré américain, Jackson Pollock avec notre Dub national par le truchement du grand passeur Alfonso Ossorio.
Un nom de bandit mexicain dans un western? Peut-être. Mais c’est ce peintre et collectionneur plein aux as qui abrita -vous vous en souvenez- la collection d’art brut de Jean Dubuffet quand celui-ci, suite à un coup de blues, décida de mettre au dodo sa première Compagnie et d’exiler ses joujoux à Long Island chez Osso, justement.
Je sais pas s’il y a des enquêtes de satisfaction à Water Mill mais au Musée de la Poste Entre plume et pinceau, on se décarcasse un max. Accueil aimable, parcours clair, photos tolérées (no flash svp), clim. On resterait des heures.
Je m’attendais : 1) à quelque chose de convenu, 2) à du déjà vu, 3) à des prises de tête pour cause de correspondances interminables à lire, 4) à des p’tits jeux sur qui a copié l’autre. Et bien pas du tout.
Si vous ne connaissez rien à la chose, c’est une belle introduction à l’œuvre de deux peintres parfaitement indépendants et pourtant liés par un instinct de stimulation réciproque et une profonde estime.
Si vous êtes un vieux de la vieille comme votre petite âme errante, c’est l’occasion d’une bonne révision de vacances.
On revoit des œuvres qu’on connaissait déjà mais c’est comme on retrouve de vieux amis dans un éclairage nouveau (heu… pas trop violent l’éclairage), magnifié par le temps.
Grand mérite de l’accrochage : on passe souplement par le simple jeu des formes de l’univers de l’un à l’univers de l’autre.
Si on n’a pas craint la confrontation par ci par là c’est plutôt par petits ensembles d’œuvres (dessins, peintures, sculptures) que les deux compères sont fraternellement mis côte à côte.
Les deux y gagnent avec la révélation de deux voies de concentration différentes. L’exposition fait aussi une large part aux documents rares et ce n’est pas pour moi un de ses plus petits mérites.
13:38 | Lien permanent | Commentaires (4) | | Imprimer | | |
Commentaires
et la plaquette de 784 pages de correspondance entre nos 2 personnages qui vient d' être éditée chez Gallimard voilà qui va faire date aussi
Écrit par : Granier | 24.08.2013
Je viens de l'HT mais franchement j'ai pas eu le temps de lire cette correspondance. Vous si?
Et puis, tant qu'à faire, je me suis offert chez Claire Paulhan les lettres du Gastounet au grand-père de l'éditrice.
45 € + 44 €: j'ai dû dégainer mes Chèques-Lire mais ça vaut le coup! C'est du bon vin de garde.
On aura sûrement l'occasion de boire des vieux coups.
Écrit par : Ani | 24.08.2013
M'y suis régalée...aussi.
Merci hier de votre appel.
Aujourd'hui reconnectée.
Et soleil sur le canton de Vaud.
Écrit par : sylvie durbec | 13.09.2013
Ici aussi soleil boulbonien en diable!
Vu le petit moulin sur un mur qui a l'air de picoter du pain dur dans la rue principale.
Votre château, vos chevaux, les gargouilles sur le clocher.
Et bien sûr, "la place du prêtre" à l'ombre de l'église où il fait bon se garer.
Beau canton, joli travail et doux Vaud.
Écrit par : Ani | 13.09.2013