Pierre Petit, des temps modernes à l’art brut (08.01.2014)
Je trépigne d’impatience! Jamais trop tôt cependant pour bien faire! Et vous pourrez sauver les dates : 22 février-30 avril 2014.
L’art brut investira alors la ville de Chinon et le Musée d’art et d’histoire dont je vous ai déjà touché deux mots en août 2012. On l’appelle depuis peu Le Carroi. Ça signifie «carrefour». Rien de tel sans doute qu’un nom de grande distribution pour secouer la poussière de la tradition! Heureusement il y a donc Le Carroi pour nous ressusciter Pierre Petit, ce sympathique créateur du Berry qui, de la fin des années 40 au début 1990, réalisa en compagnie de son épouse Raymonde tout un monde de jouets moins naïfs qu’ils n’en ont l’air à première (et courte) vue. Pierre Petit (1902-1990), il ne faut pas le confondre avec Pierre Avezard (surnommé Petit Pierre), bien que tous deux soient bien représentés à la Fabuloserie. Grandes oreilles et belle taille, Pierre Petit ressemblait au dessinateur Gus Bofa. Un peu «géant à l’extérieur, tout doux à l’intérieur» comme dirait Candy Ming.
Il avait transformé son modeste appartement de Bourges en petite fabrique toujours encombrée de son abondante production même s’il cédait certaines de ses pièces (usines, avions, caravanes publicitaires etc.) pour le désencombrer.
Couple exemplaire, les époux Petit travaillaient de concert. Raymonde se chargeant des relations publiques pour lesquelles Pierre n’était pas fait. La collaboration artistique de Raymonde se bornait à peindre les objets de Pierre de couleurs pures, à l’exception des physionomies des personnages qu’il se réservait.
Pierre Petit avait commencé par une activité de miniaturiste bâtissant tout un village avec un simple couteau et une scie. Village qui prit l’air de la salle des fêtes de Bourges en 1955.
C’est avec ces origines que Cindy Daguenet, commissaire de l’exposition de Chinon, renoue sans s’y enfermer. Pierre Petit, des temps modernes à l’art brut montrera une vingtaine de pièces formant Monplaisir, nom donné à son village par Petit. D’autres œuvres aussi et des photos, des croquis, des archives. Grâce aux prêts de plusieurs musées et de collectionneurs privés. Les visuels ci-dessous appartiennent à l’artiste Jacques Halbert.
Des étudiants, les visiteurs du Printemps de Bourges, le chanteur Paco Ibanez aimaient à rencontrer les Petit de leur vivant. Leur œuvre s’est donc diffusée. Cependant, selon mon daddy qui les connut, cette expo de Chinon sera la première d’importance depuis celle du Musée du Berry en 1991, flanquée d’un ouvrage qu’on ne trouve plus que chez les bouquinistes du Net.
A la fin de sa vie, Pierre Petit vécut mal une hospitalisation ordinaire. Il laissa libre cours à des idées plus extravagantes en relation avec le passé ésotérique de sa cité médiévale dans les souterrains de laquelle il avait vu «une ange» dans sa jeunesse. Avec une véhémence berrichonne que savait calmer sa fragile épouse, il commentait de façon confuse certains aspects surprenants de ses personnages : leur petite maison au derrière, par exemple.
Pour Vagamay, son robot guérisseur, il avait inventé une formule magique : «Vagamay, guéris moi!» à répéter sur un ton péremptoire (sinon ça ne marchait pas). Vagamay ne rendit pas Pierre et Raymonde immortels. Il leur permit de terminer leur vie dans une maison de retraite où ils poursuivirent leur travail. Quand Pierre mourut en avril 1990, Raymonde peignit les dernières pièces en cours et puis voilà.
20:06 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, pierre petit, le carroi, cindy daguenet | | Imprimer | | |
Commentaires
Fantastiques oeuvres ! J'adore cet univers enfantin, réaliste et délirant tout à la fois...
Écrit par : AnA | 04.10.2015