Robinson : de l’hôpital au grand Pal (01.05.2014)

basquettes.JPGCourir à droite, courir à gauche. Mes basquettes qui prennent l’eau, mes courgettes qui en font trop. courgettes.jpg

No time at all pour poster. Je vais, je viens, je prends du retard.

A ce train là c’est les ménisques qui trinquent. L’art des malades du genou me guette! Pas croire pour autant que je délaisse l’art brut. En avril, je l’ai traqué comme le Snark de Lewis Carroll. Pas dans les lieux qui sont faits pour lui mais au cœur de cette citadelle parisienne de la culture qu’on appelle Salon International du Livre Ancien. Et si je l’ai manqué, on peut dire que je m’en suis approché de près.

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Avec un mignon petit catalogue distribué sur le stand A30 par la Librairie Vignes. Il reproduit la goûteuse couverture des Histoires d’un vacher de Gaston Chaissac. Comme ce petit livre a été imprimée en 1952 à dose homéopathique, on ne la voit jamais jamais. Grâce à cette heureuse initiative, on se la met dans l’œil. Merci qui ? Merci Ani.

Et c’est pas fini. En B13 (le Grand Pal c’est un peu une bataille navale) la Librairie Godon était venue de Lille avec un délirant manuscrit illustré des années trente sous le bras.

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J’ai longtemps tourné autour de la vitrine où il trônait, irrésistiblement attirée par ce grain de pure folie. Cette centaine de grandes pages traite de crise mondiale, de chômage, de sécurité, de guerre, d’Europe… tous plats que l’histoire nous resert obsessionnellement et qui constituent notre ordinaire de citoyens normaux.

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L’auteur, qui se savait investi d’une mission, avait élaboré un projet pour sauver le monde, à partir de son centre : la France. Me touche le fait qu’il s’appelait Robinson car il fut en son genre un naufragé solitaire dont un romancier pourrait écrire l’histoire. Robinson voulait faire profiter de ses lumières le ministre des affaires étrangères. Mal lui en prend. Un gendarme du Quai d’Orsay l’expédie jusqu’au fond d’un hôpital psychiatrique du Nord.

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Là, Robinson passe son temps à écrire qu’il n’est pas fou. Et il le fait avec une ampleur qui prouve artistiquement l’épanouissement de sa folie. Le manque de papier le fait souffrir tout autant que le manque de liberté. C’est qu’il se met la pression pour faire part de ses idées! Au service de celles-ci, il met son talent de dessinateur (un peu trop confirmé pour mon goût). Aux ressources de la caricature ou d’une aimable grivoiserie d’époque, il emprunte sans vergogne.

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En homme semble-t-il habitué à la lecture d’une presse politique, satirique et coquine, typique de l’avant-guerre. A ce cadre de convention, il sait mêler son sens des relations entre les êtres et/ou les foules qu’il représente. Les méridiens du globe terrestre, les ratures en lasso, une chaîne au poignet, un lourd faisceau de câbles témoignent de ce système d’assujetissement.

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