Wireman : de Philadelphie à Montmartre (03.05.2014)

Au stade où j’en suis, une incursion en terre expositoire s’impose. Pas besoin d’aller loin.

affiche expo.jpgL’aventure est au bout de la rue Ronsard, station Halle Saint-Pierre. J’interromps donc l’inventaire de ma garde robe d’été. Découdre les étiquettes qui grattent comme des petits paillassons m’a soudain rappelé les maillages en fil de fer de Philadelphia Wireman (L’Homme Fil de fer de Philadelphie).

Chacune sa tasse de thé, n’est-ce pas ? Et moi je mets du temps à digérer la mienne.

Cela fait certes un bail que j’ai visité l’exposition Raw Vision 25 ans d’art brut mais aujourd’hui ce qui me revient quand je pense à elle c’est la petite vitrine d’angle au premier étage qui contient les interloquantes sculptures de P.W.

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C’est injuste, je sais, car il y a plein de choses plutôt choucardes à voir dans cette expo mais c’est ainsi. Faut toujours suivre ses intuitions. Et moi je vous invite à m’emboîter le pas. Il vous reste du temps pour ne pas rater ça.

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Ça, ce sont des structures en brin d’acier torsadés, conçues pour garder captifs des morceaux d’objets  hétérogènes. Verre, plastique, cuir, batteries, clous, lunettes, emballages alimentaires, baleines de parapluie, papier d’alu, jouets etc.

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J’ai d’abord pensé aux fagottages de Jean Bordes (de la Fabuloserie) en voyant ces assemblages. La même dextérité à tirer partie des rebuts par ligature. Mais ces drôles d’œuvres sont moins figuratives, plus symboliques que ludiques. Mentales. Incantatoires en sourdine. Gonglomératoires. Les mécanismes fragiles et subtils d’une pensée qui ne l’est pas moins!

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On ne sait rien du gus qui a fabriqué ces étranges pièges à rêves. Comme elles ont été trouvées en 1982 dans un quartier black en pleine rénovation et qu’il faut être costaud pour la torsion des câbles, on suppose qu’il s’agit d’un afro-américain du genre masculin.

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Environ 1200 œuvres, datant sans doute des années 70 du 20e siècle. Empilées dans des sacs à ordures, dans l’attente des éboueurs, elle seraient parties à la poubelle si leur découvreur, un étudiant d’art qui traînait la nuit ne les avait repérées sur le trottoir.

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P1070351.jpgLa Halle Saint-Pierre en montre une poignée mais il y en a aussi au LaM.

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L’étudiant les a mises à l’abri à la Fleisher-Ollman Gallery de Philadelphie qui les a fait tourner de par le monde.

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Sous une élégance d’apparence très contemporaine, elles portent à des évocations diverses. On a parlé à leur propos de médecine amérindienne ou de fétichisme africain.

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Fétiche africain            Wireman

Mais leur pouvoir, leur énergie restent inexplicables et c’est très bien ainsi.

 

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