Sous le vent de l'art brut, saison 2 (02.10.2014)
Télérama like passionnément et quand on prend son billet une Zoé de 5 ans explique à sa mère de quoi il retourne à la Halle Saint-Pierre : «l’art brut c’est l’art plastique pour zinzins». Puis elle remonte les bretelles à son papy qui confond Captain America et Batman en lèchant les vitrines de Nima Roda-Gil disposées en fond de cafète.
Direct, la Zoé fonce ensuite, le chouchou en bataille, à travers les lames du rideau de douche colorié qui mène au saint des saints de l’exposition de la Collection De Stadshof («Le Tribunal de la ville» d’après gougueule tradoche). Tout de suite ça lui donne faim à Zoé. C’est que le lieu est découpé en grandes tranches de gâteau par des cloisons. Avec un espace central ovoïde où Martine Lusardy a choisi d’installer les poumons de ce deuxième volet de la série Sous le vent de l’art brut : les demeures de dentelles de Marie-Rose Lortet.
Sur cette bonne idée qui donne de la légèreté à l’ensemble, la directrice de la Halle (mitaines aux poignets pour les préserver des épreuves inhérentes à l’accrochage) a construit son show. Se sent-on opressé par les villes tentaculaires de Willem Van Genk
par les hautes pâtes de Siebe Wiemer Glastra
par les brouillards graphiques de Yassir Amazine
ou par la solide déstructuration des compositions aux crayons et talons perchés de Roy Wenzel?
On peut toujours revenir aux cages à air de Marie-Rose, à son mur de petits masques semés comme la fleur de pissenlit du Larousse.
Et repartir sereine à l’exploration des mystères. Pour ce qui me concerne : les dessins d’un anonyme dans le grand genre composition d’asile du début XXe siècle
Les petits formats médiumnisants de Paula Sluiter. Les drôles de trams en volume de Van Genk.
J’en passe et des étonnantes que vous découvrirez à votre tour avant de vous offrir le catalogue à la librairie de l’établissement. Impossible dans les limites qui me sont imparties de vous décliner le toutim. Tout ce que je peux faire c’est insister sur le choix des œuvres présentées, le soin apporté à la scénographie et à la qualité des éclairages. Attention, cette magie est dangereuse pour votre esprit critique! Martine Lusardy est un peu trop en possession de ses moyens. Certaines pièces m’ont paru boostées par son savoir-faire expositoire. Un peu plus grandioses qu’elles ne sont en réalité.
Cette impression flatteuse se dissipe (ou se confirme) au premier étage. Là dans l’inondation de lumière due au ciel rapproché, plus moyen de s’illusionner. Plutôt raides m’ont paru les pantins de bois de Sai Kijima. Quant aux sculptures de Marcus Meurer, si ses assemblages sont savamment emberlificotés et bricoleusement inventifs, leur expressivité m’a semblé dirigée vers des significations réalistes univoques. Raison pour laquelle je ne suis pas folle du carton d’invitation de l’expo.
Le dossier de presse pousse un peu quand il dit que Sous le vent de l’art brut 2 rassemble «des figures incontournables de l’art brut et de l’art singulier». La «salle du haut», cette fois encore, apparaît un peu décevante et j’y ai croisé pour ma part des choses parfaitement contournables, notamment à sa périphérie. Cela n’en fait que mieux apprécier les valeurs sûres : le travail d’A.C.M., malheureusement représenté par de petites pièces
un mur de Sefolosha où palpite un petit pastel, compact à souhait
Ceux qui aiment les œuvres de cette artiste prolongeront leur plaisir en assistant le jeudi 9 octobre 2014 au vernissage de l’exposition Waldszenen à la Galerie Polad-Hardouin.
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Commentaires
Animula tu as gardé ton âme d'enfant, je te félicite. Merci de nous rafraîchir le poil avec l'art plastique pour zinzins, peut-être est-ce là d'ailleurs la terminologie indiquée, c'est-à dire celle qui va mettre fin à la querelle des anciens et des modernes... Bonnets blancs et boulets rouges.
Alors à quand notre Hernani dans l'art brut ? Marion Delorme, il ne vous resterait pas des kleenex, des fois ?! Mais sérieux ! Une bataille pour de vrai avec des duels... Et des épées molles qui rendraient les combats très durs parce qu'interminables et un peu minables, il faut bien le concéder... Faire des combats de vessies et de lanternes tout à la fois sur des prés carrés qui retrouveraient ainsi une seconde jeunesse.
Merci Animula et excuses mon caractère belliqueux. J'aurai voulu me poser comme un cheveux sur la soupe, en silence. Mais j'ai foiré mon atterrissage... Désolée. On m'avait prévenue pourtant... On ne peut pas piloter une soucoupe avec des gros sabots.
Tout ça pour dire, j'y étais moi-aussi aux vents de l'art brut mais décidément Animula :
- t'as de bon yeux, tu sais !
Amitiés
Sophie
Écrit par : Sophie | 04.11.2014