Cet automne Larus rime avec Fleurus (13.11.2014)
En cette saison de feuilles mortes dans le jardin du Luxembourg, Larus rime avec Fleurus.
Des peintures, des sculptures mais aussi des dentelles d’Eliane dans une rue aux allures provinciales où Joinul et Gertrude Stein demeurèrent, ça se remarque!
Surtout si, comme moi, on ne crache pas, retour de promenade, sur une viennoiserie de bread & roses. Du pain et des roses c’est un bon programme aussi pour une galerie. Philippe Tailleur, le créateur de l’établissement gourmand de la rue de Fleurus, a décidé d’en ouvrir une tout à côté. Là, sous la même enseigne, au n°7 exactement, ce passionné d’art expose (jusqu’au 27 décembre 2014) Eliane Larus.
Avec en exergue des mots évoquant le Bescherelle de notre enfance : Passé–Présent–Imparfait.
Question imperfection, on repassera. La floraison de points rouges sous les œuvres a bien commencé. Tout de suite, une dame américaine qui s’enflamme pour un tableau à la composition subtilement chaotique.
Ce matin, un docte pro de la santé des âmes errantes qui craque pour une silhouette aux petits points sous plexiglass.
Plus tard, un éditeur qui s’enthousiasme : un chapelet de livres consacrés aux différentes techniques de l’artiste ça lui ferait pas peur.
Eliane Larus reçoit ces marques d’intérêt avec une blonde gentillesse et un chandail framboise. Le samedi c’est son jour et la galerie bread & roses est pleine comme un œuf. On s’y frotte aux collectionneurs. On s’y pique à leur curiosité.
Pour un peu on marcherait sur les pieds d’un monsieur ministre qui fut quelqu’un dans la culture. Loin des caméras, il rit simplement du plaisir d’être là. Les uns vont, les autres viennent.
Eliane imite le parler des dentellières des Deux-Sèvres qui travaillent avec elle. Tout est bon, petit patapon. Sauf pour moi qui peine à voir le Paysage au soleil noir, un grand format de 2008, en camaïeu de gris, parcouru d’un réseau de tracés électriques formant des compartiments accidentés où vient s’inscrire le vague à l’être de personnages graffités. Avec une tache de couleur involontaire telle une lumière dans un brouillard de zinc.
Sauf pour moi qui découvre le Portrait de Frida par dessus la tête d’un admirateur. Sauf pour moi qui m’attendrit de loin sur le sourire fracassant d’une bouille de papier de verre.
Je surfe sur une planche incurvée, tatouée de figurations toniques comme un bouclier mélanésien qui aurait appartenu à un guerrier nommé Dubuffet. Je me cloue à un volume en bois découpé dont le revers noir historié me fait penser aux croix des mariniers de la Loire…
Eliane Larus peint comme on peint quand on est obligé de peindre. Elle œuvre avec sa peinture plutôt qu’avec sa pensée ou son discours. Parce que sa pensée, son langage, c’est la peinture même. La peinture d’un futur qui n’ose peut-être pas dire son nom mais qui n’en perce pas moins dans son art de conjuguer les lignes, les couleurs, les volumes et les niveaux de conscience.
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