François Augièras, le dernier primitif (10.07.2006)
Y’a pas si longtemps, je parlais de Bissière. Cela m’a fait penser à Augièras qui ponçait les pierres lithographiques de Bibi quand celui-ci fabriquait le Cantique à notre frère soleil à Boissierette, sa maison du Lot, au début des années 50. Comme les choses sont bien faites, votre petit âme errante est tombée ensuite sur la biographie de François Augièras par Serge Sanchez, publié en février 2006 chez Grasset. J’aime pas trop le sous-titre : Le dernier primitif mais 455 pages, un index, un dossier avec des photos qu’on connaissait pas toutes, ça se refuse pas quand il s’agit d’un écrivain (et d’un artiste) aussi émouvant que François Augièras.
Augièras construisait des radeaux sur la Vézère, apprenait l’art des icônes auprès des moines du Mont Athos, bivouaquait à la belle étoile ou au fond des grottes, mourait trop tôt du cœur.
Son âme était trop grande pour rester dans les limites d’une religiosité convenue, son corps trop épris de liberté pour se contenter d’une sexualité ordinaire. Autodidacte de l’écriture et de la peinture, il vaut mieux que l’étiquette «new-age» qu’on colle parfois à ses livres : Le Vieillard et l’enfant, Une adolescence au temps du Maréchal, Domme ou l’essai d’occupation etc. C’est un poète, accomplissant sans faillir son destin maudit, un Rimbaud qui aurait commencé par le désert.
Ses rapports ambigus et conflictuels avec ceux qui lui rappelaient la figure paternelle dont il manqua dans son enfance se révèlent à chaque instant dans son œuvre. A cet égard, son oncle Marcel, colonel de méhariste retiré dans le sud de l’Algérie, demeure un personnage central. Ce tonton, vieil original autoritaire, avait installé dans son bordj d’El Goléa un petit musée (tiens, tiens) consacré à la chasse, à la préhistoire, à l’ethnographie saharienne et soudanaise et à des curiosités scabreuses. Dans sa correspondance, il mentionne la visite du «peintre X… et sa femme qui aiment beaucoup El Goléa (et ses distractions !...)».
Le peintre X «n’était autre que Jean Dubuffet», nous apprend Serge Sanchez. «Ce dernier aimait El Goléa. Il y fit de longs séjours (…) entre février 1947 et mai 1949 (…) Jean Paulhan, qui vint le voir du 20 au 23 mars 1948, était peut-être présent durant cette visite au musée local…». Malheureusement François Augièras n’était pas chez son oncle à ce moment-là mais on ne peut s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être sa rencontre avec les deux Jean.
23:50 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : François Augièras | | Imprimer | | |
Commentaires
MAIL PERSONNEL
Je fus émue de découvrir la photographie de la tombe de François Augiéras, sur votre site. Je fus proche d'Augiéras, dans ma jeunesse, Nous avions une revue, ensemble - devenur mythique - présentée à la BN de Paris voici quelques jours.
Pour compléter la rubrique Augiéras de mon site, nous nous sommes permis, ce matin, de reproduire cette magnifique photo, avec le nom du photographe, bien sûr.
Donnera-t-il son autorisation ? Est-il possible d'entrer en relation avec lui ?
Bravo pour votre site, et merci d'avance.
Francesca Caroutch Paris, 5°
Écrit par : francesca caroutch | 29.10.2006
j'ai découvert le vieillard et l'enfant il y a 40 ans,par
hasard à aix en provence où j'etais alors un jeune lycéen recemment arrivé du maroc.Puis l'adolescence au temps du marechal dans l'édition christian bourgois.Ebloui,je n'eus qu'un desir :rencontrer Augiéras.Je lui écrivis,il me répondit(je n'ai plus la lettre égarée..mais revois trés bien l'écriture et ses mots :QUI ETESVOUS?) un an ou deuxaprés je gagnais la région en stopjusqu'a sarlat chez PPlacet où l'on me recut trés gentiment mais pour m'apprendre qu'il était reparti en Tunisie je crois ou en Grece J'etais passe par les fougeres à brantome par Perigueux etc.Imaginez l'immense deception qui reste entiére Merci pour tout ce que vous pourriezfaire ou dire pour m'en consoler.jeanjacques milhau
..
Écrit par : milhau | 20.03.2008
Bonjour,
J'ai traité sur mon blog de François Augiéras, un sujet qui semble vous intéresser...
http://stephanelibertad.com
Cordialement,
Stéphane
Écrit par : Stéphane Libertad | 16.02.2009