Fanzines à l’appel (02.12.2006)
J’ai beau dire, arrive toujours le moment où je prends un coup de dico sur la patate. Récemment, sur la foi de ses innocents calembours (même pas des vannes) votre petite âme errante a été accusée de «vouer aux gémonies» la race maudite des fanzines. Quelle erreur! J’aime les fanzines.
Jamais je les pousserai dans «l’escalier des gémissements » (c’est ça les gémonies dans la Rome antique), jamais je les étranglerai pour les jeter dans le Tibre.
Hier encore l’un d’eux, Les Carnets de la Maison bleue et autres lieux hors d’ici (O.K. c’est un peu long) édité par l’asso Entrée Visité Merci (La Renardière 14130 Les Authieux sur Calonne) a trouvé refuge dans mon 3 pièces cuisine.
Surtout consacré à l’œuvre d’Euclides Da Costa, il contient aussi des infos sur d’autres «habitants-paysagistes», Fernand Chatelain par exemple dans le n°2 (déc. 2005). A lire en gardant un œil sur mon album photo consacré à ce créateur et à la controversée «restauration» de son site!
Non, sans déc, j’adore les fanzines, spécialement ceux dont on parle jamais dans les ouikènes hors-normes réunissant le gratin et l’arrière-gratin de «l’art brut ET singulier» : La Chambre rouge (4 numéros entre mars 1982 et novembre 1985) dont le titre m’a l’air copié/collé chez Auguste Strindberg, L’Art immédiat (2 numéros entre l’hiver 1994 et le printemps 1995) dont le concept me paraît redevable à une préface de Patrick Waldberg pour Séraphine (1968), publication d’une galerie d’art de tradition populaire du même nom (ou «éponyme» si vous préférez ce mot qui fait fureur du côté de la Bastoche).
«Je propose», c’est Waldberg qui parle, «de nommer art immédiat, toute une production d’une diversité infinie, relevant de l’enchantement, incluant à la fois peinture, sculpture, arts décoratifs et graphiques, articles et bibelots-souvenirs, objets cérémoniaux ou usuels, fleurs d’innocence, de délire ou de bagne : en résumé, un monde, que l’on peut opposer à l’art muséal tant par l’élan et la spontanéité de son inspiration, que par le caractère tout à fait empirique -souvent même rudimentaire- de ses moyens d’exécution.»
18:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
Commentaires
Ah! Animula
Il me faut répondre sur ce que vous avancez.
Le titre de "la Chambre Rouge" fut trouvé sans référence à Strindberg. C'était une simple trouvaille littéraire, une métaphore. Je n'ai découvert Strindberg qu'après. Idem pour "l'Art Immédiat". J'ai choisi ces termes pour créer une alternative à "l'art brut". Ils me paraissaient coller à ce qui me taraude et me plaît dans ces formes d'art. Inconsciemment, ayant lu Dubuffet, ainsi que Paulhan et son "Petit voyage en Suisse", où le terme apparaît sans que ce soit sous forme de concept -je l'ai découvert par la suite en les relisant-, il se peut que "l'art immédiat" soit une réminiscence, mais consciemment, je ne l'ai pas fait exprès. Le fait que Waldberg l'ait utilisé avant moi (oh, que je vous envie d'avoir déniché ce texte de lui en préface à ce livre sur Séraphine, vous vouliez me faire enrager...), je ne le savais pas au moment où j'ai créé mon fanzine. Je ne l'ai découvert qu'en lisant Charles Schaettel, dans son livre "L'art naïf", il le cite mais pas avec la référence que vous citez vous-même, me semble-t-il...
Du reste, l'éditorial du n°1 de l'Art Immédiat s'intitulait prophétiquement "L'art immédiat n'est pas un nouveau label"...
Bruno Montpied.
Écrit par : Bruno Montpied | 03.12.2006