Christian Delacampagne est parti un dimanche (24.05.2007)

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Pour peu que vous pensiez comme moi qu’il y a des noms prédestinés, vous ne vous étonnerez pas que le philosophe Christian Delacampagne se soit penché sur les œuvres du bord des routes ni qu’il ait disparu un dimanche, jour des autodidactes créateurs.

Le Monde  nous l’a appris, par la plume de Roger-Pol Droit, le cancer dont Christian Delacampagne souffrait et qui l’avait contraint à interrompre ses activités professorales à Baltimore, le cancer a eu raison de lui le 20 mai 2007.

4b0b7a6d260aa2f2d789019e380d9143.jpgIronie du sort, je n’ai pas eu le temps de vous parler de son dernier bouquin, sorti en février, où il revenait sur la question de l’art brut. J’aurais dû, mais vous savez ce que c’est : les chats à fouetter. Dans ce  Où est passé l’art ? (Editions du Panama), sous-titré : Peinture, photographie et politique (1839-2007), il énumérait, parmi les raisons d’espérer, «l’essor, en marge de la scène officielle de l’art où plus rien d’imprévu ne se passe, d’un art des autodidactes, riche, quant à lui, d’innombrables virtualités».

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Les rubriques nécro ne sont pas mon fort. Je préfère les grimaces aux larmes à l’œil mais ce n’est pas sans une certaine émotion que je range Christian Delacampagne dans ma rubrique In Memoriam (heureusement peu fournie). Non seulement parce qu’il était de la génération de mon daddy joli (que je devrais bichonner davantage parce qu’il est pas éternel) mais parce qu’il faisait partie de ces grosses têtes qui, quoique universitaires, sont capables de faire avancer le schmilblick. Ils sont pas si nombreux, on le sait, et Delacampagne livrait pour sa part les noms de Roger Cardinal et Michel Thévoz (page 161).

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Les Animuliens et liennes assez vieux et vieilles pour se souvenir de l’impact de son livre de 1989  Outsiders : fous, naïfs et voyants dans la peinture moderne (1880-1960) aperçoivent de quoi que je cause. Selon R.-P. Droit, les amis de Christian Delacampagne «peuvent témoigner de son extraordinaire et discret courage, qui n’était pas sans faire penser à celui des sages antiques, le sourire en plus».

Je citerai pour ma part cette phrase du philosophe tirée d’un entretien avec des étudiants libanais : «Je suis loin d’être, comme on dit, un professionnel de l’art contemporain et encore moins un spécialiste du Liban mais je m’intéresse à l’un aussi bien qu’à l’autre».

A son exemple, intéressons-nous !

21:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Christian Delacampagne, art brut | |  Imprimer | | Pin it! |