La Pommeraie dans son jus (14.12.2008)
Pommeraie, Pommeraie, Pommeraie. Comment voulez-vous, qu’avec le lourd bagage intellectuel que je me coltine, ce mot-là m’évoque pas Nantes et André Pieyre de Mandiargues? La ligne 1 était bourrée jusqu’à la gueule, ce jeudi 11. Tout le monde semblait se rendre au vernissage de la Galerie Objet Trouvé, ce soir-là. Pour me soustraire un peu à la pression d’une mère Noël qui m’enfonçait ses cadeaux dans les côtelettes, je me répétais : Pommeraye. Et je pensais au passage du même nom que Mandiargues a si bien évoqué dans Le Musée noir.
Quand le tromé me cracha à la Bastille, c’était une autre chanson. On était loin de Nantes et de son fameux passage couvert. Disons, pour rester dans la note surréaliste urbaine qu’on nageait plutôt dans le Léo Malet. Il était dit que Paris ferait des pieds et des mains pour déployer sa magie glauque en l’honneur de La Pommeraie, cet atelier de création belge momentanément (jusqu’au 17 janvier 2009) arrimé au vaisseau amiral de Christian Berst.
On eut donc droit aux lampions, à la lune masquée et à la couleur d’ambre de la rue de Charenton.
A l’intérieur de la Galerie, une petite plante verte jouait les bonsaï, génie tutélaire de la fête.
A l’extérieur, une auto-jouet brillait sous la bruine verglaçante.
Les œuvres étaient là et leurs créateurs aussi. On ne les distinguait guère des visiteurs. Pourtant ce devait être un gros effort, pour certains, de se retrouver là, loin de leur base, en compagnie d’inconnus bourdonnant comme des abeilles.
«C’est fatigant!» reconnaissait l’un d’eux qui appréciait le divan blanc d’Objet Trouvé. D’une bourrade amicale, Bruno Gérard qui, en temps qu’artiste chargé de cet atelier, a l’habitude d’encourager son monde, lui communiquait du réconfort.
Est-ce l’accrochage ou une certaine hétérogénéité inhérente aux œuvres présentées ? Il m’a semblé que l’expo hésitait un peu entre la présentation générale du travail de l’atelier et l’hommage appuyé au trop remarquable Paul Duhem.
Elle ne faisait qu’accentuer la différence entre la forte cohérence de l’œuvre de celui-ci et les réussites plus aléatoires des autres créations.
Mais, il faut dire que je suis mauvaise juge car plus j’ouvre les portes de ce Paul qui commençait toujours ses compositions en réservant sa petite part de signature, plus j’en suis raide dingue.
Il faut dire aussi que l’expo est complétée par un gros bouquin gris dont je n’ai pas pu m’approcher parce que -shit, crotte, zut- il y avait toujours un gros dos sur le chemin de votre petite âme errante.
20:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, paul duhem | | Imprimer | | |