Dereux et Dubuffet font les Beaux-Arts (18.07.2009)
Dereux + Dubuffet = Lyon. Même si vous êtes nuls en calcul c’est une addition facile à faire, mes p’tits Gnafrons. Et si vous vous sentez une petite faim pour le jésus, la rosette, le tablier de sapeur et la cervelle de canut, si vous vous sentez prêts à vous envoyer derrière le tchador un vieux pot de Beaujolais, c’est le moment de descendre ou de monter dans cette bonne cité de Lugdunum.
Lyon nous offre cet été deux bonnes occasions d’aller bouchonner dans ses murs. First of all parce que le Musée des Beaux-Arts (rien que ça !) a le bon goût de se souvenir que Philippe Dereux est un régional de l’étape. Il lui offre, jusqu’au 21 septembre 2009, une expo en compagnie de son ami et mentor Dubuffet Jean pour ne pas le nommer.
Philippe Dereux, c’est le type aux épluchures, cet artiste sincère et discret sur lequel Tom Le Guillou avait porté le projecteur de la Galerie Messine à la fin de sa vie.
Dereux : on n’imagine pas plus belle figure de «l’homme du commun à l’ouvrage» ! Avec son sourire timide et son look de gentil cousin de province, on croyait pas, dans les vernissages, que c’était lui l’auteur de ces théâtres de graines, d’écailles et d’épluchures délicatement assemblés par collage.
© Photo Jac Perrichon
Quand on lui rendait visite, chez lui, à Villeurbanne c’était pareil. Dans un décor de peaux de pêches achevant de sécher sur un radiateur, il se tenait bien sage dans un chandail couleur de terre, tout à fait dans la gamme chromatique de ces «tableaux» fruiteux-légumineux qu’il réussissait à préserver de la corruption et des injures du temps par toute une petite chimie de techniques patiemment mises au point depuis la fin des années 50 où il avait commencé à œuvrer pour lui même.
Et non plus comme assistant de Dubuffet qui, à Vence, s’était gagné le concours de cet instituteur en vacances, un peu empêtré dans son désir intimidant d’écriture. Ayant renoncé au statut d’homme de lettres, Philippe Dereux devait renouer d’ailleurs avec sa passion littéraire à l’occasion de sa nouvelle activité plastico-éplucheuse où il s’était engagé en toute ingénuité, «tout à fait par hasard, sans but préconçu, pour voir, comme disent les enfants (…)».
J’abrège pour vous dire que, si vous vous grouillez un brin, vous pourrez aussi, jusqu’au 28 août, courir à la Bibliothèque Municipale de La Part Dieu où ce que vous verrez l’expo Archives de l’infamie montée autour de La vie des hommes infâmes, un texte anti-plutarquien de Michel Foucault.
Elle nous promet des photos d’asile, des images de sans-papiers, des empreintes de mains du début de la criminologie, des cahiers de détenus et des dessins ou tatouages de bagnards.
Moi, je crains de pas pouvoir mais si vous passez par là, n’hésitez pas à lâcher vos commentaires.
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, philippe dereux, jean dubuffet, michel foucault, archives de l'infamie | | Imprimer | | |
Commentaires
Bravo et des tas de merci pour vos documents, j'adore revoir grâce à vous les cartons d'invitation des anciennes expositions, je prendrai du temps à Lyon pour les hommes infâmes de Michel Foucault.
Puisque vous citez Alphonse Chave, il faut que vos internautes et vous-même, aussi vite que possible, vous vous rendiez cet été à Vence. Au chateau de Villeneuve, le musée présente depuis le 13 juin et jusqu'à novembre 2009 une exposition qui s'intitule "L'esprit Chave : de Dada à Demain", c'est la rétrospective sans nostalgie du magnifique travail mené depuis un demi-siècle par Alphonse, Madeleine et Pierre Chave : on y trouve Man Ray, Ribemont Dessaignes, Max Ernst et bien sur Philippe Dereux.
D'après le site de la galerie Pierre Chave qui est en lien dans votre article, reste disponible un livre qui s'appelle "XX ans d'épluchures", imprimé pourtant en 1981 et rigoureusement superbe. Par contre "Sagesse des épluchures" (de très beaux ostensoirs) et "Journal des épluchures", imprimés par l'Oeuf sauvage en 2001 et 2002 sont épuisés.
Écrit par : alain Paire | 20.07.2009