A.C.M. court le monde (20.06.2010)
Fut un temps où A.C.M. n’envisageait qu’avec répugnance le transport de ces œuvres. C’était il y a plus de 10 ans et cet «architecte du vide» (selon le mot de Béatrice Steiner dans le n°17 de Création Franche en juin 1999) qui construit en donnant le sentiment de déconstruire, parlait à ses machines avec de la tendresse sous ses grosses moustaches à la Flaubert. En ce temps-là, la présence d’un gentil chow-chow à la langue noire lui était consolante.
Il lui semblait impossible que ses sculptures puissent quitter son atelier installé dans une ancienne manufacture de tissage familial. Pourtant ses assemblages de petites pièces de machines à écrire, vissés, collés, patinés à l’acide étaient parfaitement costauds. Mais A.C.M. qui désignait son travail comme «un effritement qui dessinerait des choses» avait peur d’en perdre quelques morceaux.
Comme si sa propre chair risquait de partir en lambeaux. Il sortait à ce moment là d’une période où il n’avait cotoyé personne et où il avait pris tous les risques d’une absorbtion dans la création pour la seule création. Environné de ses productions, il souffrait de sa position inconfortable : attaché à sa solitude partagée avec le seul soutien de son épouse, assoiffé cependant d’être mieux compris des autres, sinon reconnu par un public d’amateurs.
Il a fallu de la patience aux petit nombre de ceux qui l’encouragèrent alors pour le décider à affronter le feu des expositions. Il inventa alors des conteneurs en bois où ses chers volumes, parfaitement stabilisés, purent prendre la route. Et quand il le fit, cet «écorché vif» entre le zist de l’art brut et le zest de l’art contemporain rencontra tout de suite des collectionneurs puis des marchands qui donnèrent à son œuvre son retentissement actuel.
La voilà maintenant qui traverse l’océan. Nous la retrouvons en Amérique, dans une expo de groupe (June 17, August 14) à la Galerie d’Andrew Edlin que votre petite âme errante félicite pour cela et aussi pour autre chose.
On signale également la présence d’A.C.M. dans notre vieille Europe, à Gent (Gand) en Belgique au sein de l’expo De Wereld Andersom (Le Monde à l’envers).
C’est au Musée du docteur Guislain que ça se passe dans le cadre de la sortie d’été d’une belle part de la Collection abcd.
Ceci jusqu’au 12 septembre 2010.
Après le 24 septembre 2010 et jusqu’au 9 janvier 2011, les mordus d’A.C.M. retrouveront l’artiste à la Schirn Kunsthalle de Frankfurt dans l’expo Weltenwandler/World Transformers, Die Kunst der Outsider.
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