Augustin Lesage inspire Max Hattler (04.12.2010)
Que ferait le genre humain sans l’internationale? L’internationale des Animuliens s’entend. De Suisse, l’un d’eux me branche sur le travail de Max Hattler avec ce commentaire pour le moins laconique : «assez étonnant». Jugez-en vous même! Moi, c’est vachement envoûtant, que j’aurais tendance à dire devant les films expérimentaux de ce media-artiste allemand. Deux d’entre eux, intitulés 1923 Aka Heaven et 1925 Aka Hell, s’inspirent d’une œuvre du peintre Augustin Lesage, mineur de son premier état et créateur d’art brut majeur devant l’éternel.
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Dans le genre imagerie techno, ces animations en boucle sont belles à tomber avec leurs brassages de motifs fluos toujours renouvelés, non? Surtout ce qui me frappe c’est que Max Hattler ne joue pas les prédateurs. S’il emprunte à Lesage c’est pour lui restituer. Son activité d’artiste visuel sur l’espace, le mouvement, l’abstraction et la fusion des formes, prolonge (et accomplit dans une certaine direction) l’œuvre d’Augustin Lesage.
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Hattler en relaie donc le message symbolique pour le faire passer, sans le pasticher, le caricaturer ou l’affaiblir, sur le terrain de la culture du XXIe siècle, indissociable de l’électronique. Bel exemple, quand on y réfléchit, d’un possible dialogue entre art brut et culture contemporaine par le truchement d’une transformation esthétique véritable.
On est là aux antipodes des tristes juxtapositions où de vivifiantes œuvres d’art brut sont (par contresens déguisé en modernité) mêlées à de moribondes pièces d’un art conceptuel en déclin au seul avantage de ce dernier. Attention, si vous êtes sensibles aux effets stroboscopiques, consommez les films de Max Hattler avec modération car ils ont un pouvoir hypnotique
23:22 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : augustin lesage, max hattler | | Imprimer | | |
Commentaires
Je trouve qu'Augustin Lesage est de tous les siècles, et le fait de l'interpréter ainsi (car cela relève sans conteste de l' interprétation, et le mouvement intérieur est quelque d'intime et de précieux) par un simple jeu de formes cinétiques, types pyramides de Sierpinski et autres fractales, est assez réducteur, car c'est un peu le vider de sa mémoire et de son âme...
Écrit par : Valérie A | 11.12.2010
Cette interprétation, certe fractale et réductrice, est elle rendue avec respect et admiration ? La prodigieuse oeuvre de Lesage, pour une fois mal nommée ne serait-elle pas repensée et devenue l'Osée, la moderniste. la contemporaine ? Avec de tels moyens d'expressions de quelle créativité aurait-il été capable ? Vider son âme, à mon avis plutôt la regonfler avec l'Art comprimé de l'informatique, de plus avec talent.
Écrit par : djidi | 14.12.2010
Vous dites, djidi :
Avec de tels moyens d'expressions de quelle créativité aurait-il été capable ?
Une drôle de question, je trouve...
Si un créateur utilise les moyens d'expressions qui lui sont proches, il n'est pas pour autant assujetti à ceux imposés par le temps dans lequel il se situe , sauf s'il recherche la compétition, le jeu de la performance, bref, Lesage était mineur, et les voix entendues ne lui ont pas dit qu'il serait sportif professionnel d'après le peu que je sache...
Vider de son âme, c'est justement ça, tout enlever du contexte de création, car que deviennent dans ce jeu formel tout ce qui s'est soudainement ouvert en son esprit, ces entrelacs complexes de tissus mémoriels lui ont certainement été comme un véritable surgissement du passé dans le présent, avec tout le travail de redistribution d'ensemble que cela représente lorsqu'il s'agit d'un tel bouleversement.
Dans les deux vidéos présentes, le mouvement imposé (je dis imposé car le spectateur est passif par rapport à ce mouvement, ce n'est pas son propre esprit qui l'engendre, il a juste à se laisser entraîner dans le tunnel), est comme une aspiration hypnotique, un vide attrayant qui me paraît relever du déracinement et non pas particulièrement de la plus subtile des vacuités.
Ce n'est que mon humble avis, et je ne dis pas que ce travail n'est pas techniquement bien réalisé, ni même qu'il est en défaveur de Lesage, peut-être cela peut ré-activer, ou activer d'ailleurs l'envie de se pencher sur ce qu'il a fait, pour ceux qui ne le connaissent pas.
Et pardon de ne réagir que maintenant, j'avais oublié de cocher "s'abonner au fil de discussion".
Écrit par : Valérie | 11.02.2011