Russian criminal tattoo (25.01.2006)

medium_russian_tattoo1.gifJ’oubliais : ce Palais de Tokyo possède aussi une librairie où j’ai eu du mal à trouver quelque chose dans mes cordes, à part une carte postale de bull-dog avec oreilles de lapin. Si, tout de même, dans une pile de mangas, j’ai déniché une brique rose imprimée en bleu avec une tête de mort couronnée fumant le cigare.

Russian criminal tattoo encyclopaedia, ça s’appelle dans l’édition française. Je ne sais pas si c’est de l’art brut russe mais j’ai pas vu un bouquin pareil depuis longtemps. On est loin des petits papillons, qu’on butine dans les répertoires de tatouages, d’ordinaire. Les photos qu’il contient m’ont fait le même genre de frisson que celles de Robert Doisneau dans Les tatouages du milieu de Delarue et Giraud, un classique réédité en 1999. Âmes sensibles s’abstenir, c’est pas à feuilleter avec des enfants de 3 ans.
On a affaire aux «classes dangereuses», comme on disait au 19e siècle. Les tatoué(e)s réuni(e)s là viennent des «colonies de redressement par le travail» juste après l’effondrement de l’URSS (1989-1992).
Ils font pas dans la dentelle. Méchants, mafieux, antisémites, hitlériens par réaction contre le système soviétique.

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Des dessins légendés avec traduction des inscriptions et déchiffrage des symboles accompagnent les photos de Sergeï Vasiliev d’une troublante humanité. Le tout provient d’une collection de 3000 tatouages recueillis par Danzig Baldaev, contraint à la fonction de gardien de prison parce que fils d’un «ennemi du peuple» qui était aussi ethnographe et folkloriste. Tout ça pour 20 euros, vous casserez pas votre tirelire.

Et c’est accompagné d’un texte clair, court, précis du lexicographe Alexeï Plutser-Sarno, habile à révéler le(s) sens profond(s) de ce mode d’expression élevé au rang d’art corporel. Chemin faisant, il fait allusion aux graffiti dessinés sur les églises russes dès le 11e siècle. Si j’étais plus courageuse, j’essaierais de savoir s’il existe une traduction française d’un ouvrage d'Albina Aleksandrovna Medyntseva qu’il cite : Drevnerousskié nadpisi novogorodskogo Sofiiskoro sobora (inscriptions russes anciennes dans la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod).

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