16.03.2015
Tatouages sur le tapis
Le tatouage dans les médias. Puisque le sujet vient sur le tapis, voilà deux nouvelles pistes supplémentaires pour les têtes chercheuses. Confidences des muscles, tout d’abord.
Une pleine page de photos provenant des collections du Professeur Locard, fondateur du labo de police scientifique à Lyon. On la trouve dans : Traite des blanches et prostitution, n° 4 d’une publication trimestrielle intitulée Témoignages de notre temps.
10 belles héliogravures juxtaposées. Témoignages d’amour : «Margot aime P’tit Louis P.L.V.»
Et ce commentaire révélateur du temps : «Les tatouages de femmes sont extrêmement rares». On est en 1933.
Le n°8-9 (deuxième année) du mensuel Aristote. Portrait gravé sur bois du philosophe de l’antiquité : on peut pas le manquer.
Sur 4 pages, un article de Victor Forbin (1864-1947), auteur de nombreux papiers scientifiques pour le grand public. Avec 9 photos dont le dos de John Sullivan, champion de boxe anglais tatoué sur les épaules d’un sujet religieux (la Cène).
A signaler aussi une prise de vue dans l’atelier d’un tatoueur. Pas banal : on est quand même qu’en 1927.
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13.05.2014
Crimes et châtiments : Zoom sur Zoummeroff
Le hasard veut qu’au moment où paraît Subjectivité et vérité, le cours de Michel Foucault au Collège de France en 1980-1981, la Bibliothèque Philippe Zoummeroff passe en vente à l’Hôtel Drouot. Du moins sa partie consacrée aux Crimes et châtiments.
Un fort documenté catalogue dostoïevskien, décrivant 423 numéros, accompagnera cette vacation du vendredi 16 mai. Des bouquins, des manuscrits, des photos, des dessins, et même des objets curieux, tel un meuble à système contenant un trombinoscope criminel.
Ils méritent tous d’être estampillés «Surveiller et punir»! A la réserve peut-être du Capital de Karl Marx (n°353) dont on se demande ce qu’il fait là. Ce n’est pourtant pas l’œuvre de ce philosophe barbu qui fera problème. La Maison d’enchères Pierre Bergé & Associés a préféré en revanche retirer deux lots de la vente. L’un était une reliure à insertions de peau humaine (n°237). Celle de Louis-Marius Rambert (1903-1934).
Cet assassin repenti avait légué ses superbes tatouages à son médecin, le lyonnais Jean Lacassagne, auteur en 1934 d’un Album du Crocodile sur les Tatouages du «Milieu».
De semblables «prélèvements» seront montrés dans l’Exposition Tatoueurs, tatoués qui commence au Quai Branly mais la dimension commerciale change -on en conviendra- la donne.
Aussi Benoît Forgeot, l’un des experts de la vente, aurait-il tort de se désoler. C’est avec raison qu’il rappelle dans Le Monde du 9 mai 2014 que «cette collection n’a rien de fétichiste, elle est au contraire militante». Clarisse Fabre, auteur de l’article qui cite ces propos, précise : «Industriel à la retraite, Philippe Zoummeroff est un collectionneur engagé. Militant contre la surpopulation carcérale, il a créé une bourse pour la réinsertion des détenus».
Ceci dit, c’est étonnant que dans un corpus qui brasse les méfaits d’autant de grands sacripants (Landru, Dillinger, Bonnot, Marie Besnard, Dominici, Petiot, etc.), un corpus qui traite d’un tas d’horreurs historiques (tortures, massacres, sorcelleries, injustices), on n’enregistre pas de véritables dérapages.
Cela tient sans doute au choix rigoureux de l’iconographie du catalogue, toujours curieux, jamais complaisant. Vous m’avez comprise : il faut vous procurer cet ouvrage avant que l’étude soit en rupture de stock. Il deviendra vite collector.
Outre des infos sur des incunables du tatouage (les 12 photos de Robert Doisneau du n°245), il contient en effet bien des choses dignes de passionner des Animuliens addict aux dérivés de l’art brut.
Par exemple une flamboyante section de Dessins de prisonniers dont ceux d’Emile Simonet, dit Fanfan, chef d’une bande d’apaches dont le talent fut remarqué aussi par Jean Lacassagne.
Toutes ces merveilles, y compris la dernière (?) lettre et le dernier (?) dessin de Jean-Baptiste Troppmann (1849-1870) l’assassin de Pantin, sont visibles le jeudi 15 mai (11-18 h), salle 7.
Après, faudra sortir votre thune pour les avoir et les revoir. Mais ça, ce n’est pas interdit.
BONUS La photo de Rambert torse nu figurant dans la vente a été publiée en novembre 1932 dans le n°15 de la revue Paris Magazine. Elle illustrait un article de Roger Frédéric sur les Tatouages. Elle y est attribuée aux services du Docteur Locard, Directeur du Laboratoire de Police de Lyon.
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22.04.2008
L’art nègre à Rothéneuf
Quand il fait frigo et que la pluie nous pourrit le cuir chevelu, comment se balader sans être enfermée ?
Réponse : aller au Grand Palais visiter le Salon International du Livre Ancien.
C’est ce que votre petite âme errante a fait ce ouikène.
Le Grand Pal est un endroit où l’on reste au sec tout en ayant le ciel par dessus le soi. Sous les kms de verrière qui surplombent les stands, on se prend pour des Jonas dans le ventre de sa baleine.
C’est Jules-Vernien à mort comme chaque fois que la République fait dans le monumental.
Qu’allais-je faire dans ce Nautilus ? Mais trouver d’l’art brut, nom d’un chien !
De l’art brut au milieu des enluminures et des grimoires ayant appartenu à Marie-Antoinette ?
Tu doutes de rien, ma pauvre Ani !
Et pourtant oui. En fouinant j’ai mis la main sur un bouquin de 1899 causant Du Tatouage chez les Prostituées. Auteurs : 2 toubibs de Saint-Lazare (pas la gare, la prison). Le Blond et Lucas. Palpitant pour les messages et dessins tatoués reproduits. Dans ma grande bonté, je vous en offre quelques uns.
En A19 (c’est comme la bataille navale, la liste des exposants), sur le stand de monsieur Léon Aichelbaum, m’attendaient quelques pages, pas chères du tout, relatives à l’abbé Fouré. Tirées de je ne sais où et datées du 25 mai 1921, elles ont pour particularité de s’étendre plutôt sur le musée de Rothéneuf entouré d’un mur crénelé que sur les fameux rochers sculptés. Son titre a de quoi mettre l’eau à la bouche : L’Art nègre à Rothéneuf mais je n’ai pas eu le temps encore de lire la chose.
Comme une nunuche, j’ai failli louper la case E14 où la Librairie Alain Brieux (48, rue Jacob 75006) avait installé ses pénates. Faut dire que la science est pas mon fort et que cette vénérable maison donne surtout dans cette discipline.
«Mais qui dit science, dit médecine et qui dit médecine dit psychiatrie», me dis-je en dirigeant mes pas de ce côté. Bien m’en a pris puisque j’ai découvert sur une cimaise 5 aquarelles d’art brut faites par un «malade interné dans un hôpital psychiatrique du Nord de la France» selon une indication de la main de Jean Dubuffet (j’ai reconnu son écriture) au verso.
Sans être hors de prix, c’était trop cher pour moi parce que j’ai dépensé ma jolie thune à Barcelone. Alors, je me suis contentée de prendre le catalogue bleu du libraire où ces aquarelles figurent sous le n°143, à côté de cahiers de dessins faits en 1935 par des prisonniers qui sont pas mal non plus. Hélas, hélas, y’a pas de repros dans ce catalogue et j’ai pas osé sortir mon téléphone pour photographier ces œuvres là.
Pour me consoler, mon chéri que j’ai m’a HT au stand de l’ascèse (A16) le catalogue de la vente de la Collection André Lefèvre de décembre 1965 parce qu’au milieu des objets d’Art nègre et d’Océanie, on trouve (n°147) une Tête dite «Barbu Müller» en pierre volcanique. «Massif central, Art populaire. Peut-être une pierre de source». Un barbu comme ces barbus de la fameuse brochure de 1947 qui n’a jamais été distribuée par Gallimard, son éditeur, mais qui existe bien, la preuve :
Je vous dis ça parce que je sais que ça intéresse Julien qui m’a écrit 2 fois au sujet des Barbudos.
23:32 Publié dans Ecrits, Glanures, Images | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, abbé fouré, barbus müller, tattoo | | Imprimer | | |
23.03.2008
Hosannah Barcelona
Hé, ça va-t-il, mes p’tits Ani(mulien)s ? Vous pensiez que j’étais perdue. J’étais à Barcelone. Pour les Rameaux où on en tresse de beaux en sardanant devant la cathédrale.
Pas beaucoup de cyber-cafés dans cette ville mais je vous recommande le Centre d’Art Santa Monica sur la Rambla, métro Drassanes. Pas pour ses grandes salles aux vidéos branchouilles mais pour sa bécane où on peut consulter son internet à l’œil.
C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec le blogue de M. Thierry Savatier qui emprunte son titre (Les Mauvaises fréquentations) à Gaston Ferdière. Comme T.V. est un homme de goût, il m’emprunte aussi l’image de l’ex-libris du bon Docteur (voir ma note du 26 mai 2006) et à Alain Chevrier une citation : «La trajectoire de Ferdière s’avère une suite de zigzags à laquelle on peut comparer la projection au sol de l’ombre d’un papillon en vol». Quand je vous aurai dit que cette citation figure aussi page 332 de la «bible noire» publiée en 2000 par l’asso abcd (une collection d’art brut) vous saurez que ce Thierry est bien documenté et que son blogue vaut 10.
A part ça vous pensez bien que j’ai la langue chargée à cause du lèche-vitrine devant chez Zara, Mango et autres Escorpion.
Mes ripatons sont douloureux d’avoir arpenté des kilomètres de carrers, de rondas et d’avigundas en veux-tu en voilà. Plaça de Les Glories Catalanes, j’ai marché aux puces sous un soleil idéal pour le T-shirt catalan que je me suis offert dans une boutique de souvenirs d’El Raval.
Maigre butin mais j’ai pas été bredouille puisque j’ai chiné 2 sifflets-sujets en terre cuite blanche striée de vert et rouge.
J’en ai vu du même genre dans la collec Selz-Tallandier du Musée de Noyers-sur-Serein (voir ma note du 6 juin 2006), j’en jurerais. Cela viendrait des Baléares mais si Thierry ou Sophie ou Azis peut me le confirmer, je suis preneuse.
Dans le Barrio Gotico, j’ai eu de la veine : le n°1 des Anales de medicina legal, psiquiatria y anatomia patologica m’y attendait depuis 1933, date de sa parution.
Il y a dans cette brochure 10 pages de tatouages variés et une photo de tatoué montrant son dos bleu.
Ces «dibujos» sont classés en 7 catégories : «Hieroglifos y esquitos, inscriptiones y leyendas, Eroticos en todas sus variedades, religiosos, profesionales, fantasias y commemorativos, humoristicos».
Ils servent d’accompagnement à un article des Docteurs (puisqu’on est dans les toubibs) A. Ferrer Cagical et Luis M. Callis dont le titre dit bien ce qu’il veut dire, même pour celles et ceusses qui pigent que couïc à la langue de Cervantès : Contribucion al estudio del tatuaje.
18:51 Publié dans Ailleurs, Glanures | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tattoo | | Imprimer | | |
09.03.2007
Tout Savoir sur les tatoués
23:55 Publié dans Gazettes, Images | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : tattoo | | Imprimer | | |
23.06.2006
L'art du quai Branly
23:55 Publié dans Expos, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tattoo | | Imprimer | | |
25.01.2006
Russian criminal tattoo
J’oubliais : ce Palais de Tokyo possède aussi une librairie où j’ai eu du mal à trouver quelque chose dans mes cordes, à part une carte postale de bull-dog avec oreilles de lapin. Si, tout de même, dans une pile de mangas, j’ai déniché une brique rose imprimée en bleu avec une tête de mort couronnée fumant le cigare.
Russian criminal tattoo encyclopaedia, ça s’appelle dans l’édition française. Je ne sais pas si c’est de l’art brut russe mais j’ai pas vu un bouquin pareil depuis longtemps. On est loin des petits papillons, qu’on butine dans les répertoires de tatouages, d’ordinaire. Les photos qu’il contient m’ont fait le même genre de frisson que celles de Robert Doisneau dans Les tatouages du milieu de Delarue et Giraud, un classique réédité en 1999. Âmes sensibles s’abstenir, c’est pas à feuilleter avec des enfants de 3 ans.
On a affaire aux «classes dangereuses», comme on disait au 19e siècle. Les tatoué(e)s réuni(e)s là viennent des «colonies de redressement par le travail» juste après l’effondrement de l’URSS (1989-1992). Ils font pas dans la dentelle. Méchants, mafieux, antisémites, hitlériens par réaction contre le système soviétique.
Des dessins légendés avec traduction des inscriptions et déchiffrage des symboles accompagnent les photos de Sergeï Vasiliev d’une troublante humanité. Le tout provient d’une collection de 3000 tatouages recueillis par Danzig Baldaev, contraint à la fonction de gardien de prison parce que fils d’un «ennemi du peuple» qui était aussi ethnographe et folkloriste. Tout ça pour 20 euros, vous casserez pas votre tirelire.
Et c’est accompagné d’un texte clair, court, précis du lexicographe Alexeï Plutser-Sarno, habile à révéler le(s) sens profond(s) de ce mode d’expression élevé au rang d’art corporel. Chemin faisant, il fait allusion aux graffiti dessinés sur les églises russes dès le 11e siècle. Si j’étais plus courageuse, j’essaierais de savoir s’il existe une traduction française d’un ouvrage d'Albina Aleksandrovna Medyntseva qu’il cite : Drevnerousskié nadpisi novogorodskogo Sofiiskoro sobora (inscriptions russes anciennes dans la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod).
01:05 Publié dans Ailleurs, Lectures, VU SUR ANIMULA | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : tattoo | | Imprimer | | |