Musée autodidacte disparu : Batz-sur-mer (16.07.2011)

Aux amants de la mer : le titre m’a paru tomber pile en ces temps vacanciers où les apollons des plages et les sirènes de piscine ne songent qu’à se mouiller le string ou l’itsy bitsy petit bikini. C’est aussi qu’avec le mauvais goût tordu qui me caractérise, j’ai été séduite par la couverture chromolitho-naïve de ce Guide des baigneurs le long des grèves lorsqu’il m’a sauté dans les bras en criant «maman!» à la dernière brocante où je suis allée traîner mes sandalettes.

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Bon, il ne date pas d’hier puisqu’il est de 1896 mais c’est ce qui fait son charme. Alors je l’ai acheté bien que je ne compte pas me farcir les excursions décrites, le grand ouest n’étant pas à mon programme cet été. Seulement, «faut pas être égoïste, ma p’tite Ani!» je me suis dit. Il y aura bien des Animuliens pour faire du camping chez les Batziens. Et ce guide, écrit par un écrivain-voyageur avant la lettre, piquera sûrement leur curiosité.

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En effet, parmi les souvenirs de cet aimable Berrichon qui signe du pseudo de Jules Sincère, le très intéressant chapitre 12 les documentera sur Les musées de Batz et l’église. Pouf, pouf. Laissons tomber l’église. N’importe quel dépliant de l’Office de tourisme de Batz-sur-mer, balnéaire station du sud de la Bretagne, vous en dira plus.

Mettons même de côté le musée des «Antiques» de Mademoiselle Pichon. Non sans apprécier au passage les exemples de chansons locales collectées par cette pionnière de la défense du patrimoine immatériel. Si je comprends bien, ses collections de costumes et de meubles de paludiers se retrouvent aujourd’hui peu ou prou au Musée intercommunal des marais salants.

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Arrêtons-nous par contre sur le musée de Pierre-Marie Lehuédé (1849-1901), «cordonnier naturaliste» comme il aimait se présenter. Arrêtons-nous et faisons lui une place dans ce Panthéon des musées autodidactes disparus (je sais que mes suceurs de roue vont me piquer l’idée mais tant pis!) où flotte allégremment le parfum de l’art brut dans son état naturel, celui d’avant baptême par Jean Dubuffet.

Le musée de monsieur Lehuédé avait l’air d’un beau capharnaüm dans le genre cabinet de curiosités sauvages. S’y côtoyaient un squelette de vache, ceux d’un squale et d’un boa, des algues, des cailloux du fond de l’océan, des centaines d’oiseaux empaillés, des haches de pierre, des armes celtiques. Ce que j’aurais aimé voir ça même si le cordonnier-savant classait tous ses échantillons avec la précision maniaque de l’époque!

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Son jardin minéral, rempli de roches disparates, «artistement superposées», la tombe de Remy, son caniche blanc «entourée de coquillages et de polypes», la façade de sa maison «enjolivée de quadrilatères et losanges en coquillages variés, d’oiseaux de mer aux ailes tendues»… tout me laisse à penser qu’il y a là inspiré sous roche. Bien sûr, il faudrait la confirmation des images mais je n’ai pas trouvé, sur le ouaib, de repros à ce sujet, même dans les sites sur les cartes postales.

Alors, avis aux collectionneurs en la matière! Il s’en trouvera peut-être un pour avoir un document sur le musée Lehuédé dans ses albums.

11:14 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musée autodidacte disparu, jules sincère, pierre-marie lehuhédé, cordonnier-naturaliste | |  Imprimer | | Pin it! |