Beautiful dolls of the desert (26.10.2012)
Selon que l’on est mod ou rocker, bourgeois bohême ou caillera, amateur d’art sincère ou snobinet, on détestera ou on adorera le show Everything dont je vous ai touché deux mots le 3 octobre dernier. Vous avez jusqu’au 16 décembre pour y assister. Du moins je crois. Même les dates ne sont pas claires.
C’est vrai que l’accrochage, pourtant minutieux, est terrifiant, que la lumière est calamiteuse, que c’est encadré à la va comme je te pousse et que l’encombrement niveleur, poussé à ce point là, on se demande si c’est manque de respect pour les œuvres ou preuve de désinvolture excentrique comme seuls les Anglais savent faire.
Mais qu’on trouve ça déprimant ou exciting, il faut courir à l’Everything, suivre la flèche rouge, gravir les escaliers d’incendie, déambuler dans des couloirs gais comme la R.D.A. et des espaces bas de plafonds qui n’ont pas été repeints depuis l’Occupation.
Non pour croiser les machines de Ratier dans les douches, non pour admirer entre deux portes les aquarelles d’Alexandre Lobanov éclairées par des ampoules de 25 watts, non pour se retrouver scotchée à 20 cm (il n’y a aucun recul) de 24 dessins-collages de Dellschau, «pages déchirées» d’un livre (par qui ?).
Non, pas pour ça, pour lequel on plaint les prêteurs, mais pour une chose. Une seule chose mais quelle chose! Un environnement d’art dans le désert mojave, commencé dans les années 50 du 20e siècle.
et Ruby Black
à Yermo (Californie) : Possum trot.
En vrai, il n’existe plus mais il est évoqué ici dans ce qui semble être une ancienne salle des fêtes de ce séminaire en friche du boulevard Raspail. D’accord on a mal au derrière sur les chaises en bois de caisse, on se tord le cou parce que la scène est trop haute, le regard chavire sur le drap mal tendu où est projetée la vidéo mais chez Calvin et Ruby c’était sans doute pas très confortable non plus.
Et on oublie vite ses courbatures tant c’est extraordinaire. Rien de comparable en France à part le manège de Pierre Avezard. Imaginez une petite cité délabrée au milieu de nulle part, peuplée d’une centaine de poupées en bois dans des vêtements poussiéreux, hailloneux et somptueux.
Chacune accomplissant une tâche.
Imaginez des micros derrière les têtes et le créateur du lieu interprétant un spectacle de son invention, à base de chroniques, avec une voix de fausset et en s’accompagnant à la guitare.
De la route proche qui apportait les visiteurs on pouvait voir des pièces tourner comme des radars sur des kiosques balayés par le vent.
L’organisation Everythingneuse étant un peu parano question photo, je n’ai pas pu vous rapporter des images.
J’emprunte celles que je vous montre à des sites américains qui traitent de ce chef d’œuvre d’invention, de bricolage inspiré, de poésie populaire et de scénographie spontanée.
Après la mort de Calvin, concepteur principal de cette ambiance féérique pour road movie, son épouse Ruby, qui l’assistait pour les costumes, ne voulut pas détruire Possum trot comme le lui avait demandé son mari.
C’est donc le temps qui s’en est chargé non sans que des sculptures se retrouvent chez des collectionneurs.
Elles valent très cher aujourd’hui.
Sources :
18:19 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art brut, environnements populaires spontanés, environnements bruts et spontanés, calvin et ruby black, désert mojave, museum of everything | | Imprimer | | |
Commentaires
Je me permets de vous signaler la très belle exposition "HIN - Hölderlins Archive" du réalisateur allemand Harald Bergmann en ce moment et jusqu'au 6 janvier à la fondation Moritzburg de Halle en Allemagne.
L'exposition est accompagnée de la sortie de l"Édition Hölderlin" des quatre films (sous-titrés en francais et en anglais) qu'Harald Bergmann a consacrés au poète et à son oeuvre tardive.
Beaucoup de choses ici:
www.bergmannfilm.de
ou en me contactant à cette adresse:
ludivinevangaver@gmail.com
Deux films seront projetés au Goethe Institut Paris les 21 et 23 novembre prochains à 19 heures.
Ce n'est pas de l'art brut mais quand meme!
Bien à vous,
Ludivine
Écrit par : Ludivine | 27.10.2012
Etiez-vous dans un mauvais jour, chère Ani?? Certes on aimerait voir les Dellschau avec du recul, un meilleur éclairage, mais on ne va pas bouder la "salle" des ACM, l'extraordinaire Ramirez, les Widemer, les Darger évidemment, et..et...tant que je ne peux pas les citer! Le regard du collectionneur mérite aussi réflexion même si on ne partage pas toujours sa lecture parfois un peu "bavarde".
Bref, il faut y aller puisque l'expo est prolongée jusqu'au mois de février!!
Écrit par : Jeanne | 28.12.2012