Vincent, François, moi et les autres (30.09.2006)

medium_portrait_F_Bertrand.2.jpgFrançois Bertrand, alias « le souriant psychologue à lunettes », fondateur et responsable du programme d’accompagnement artistique Vincent et moi m’écrit du Québec pour me dire qu’il deviendra «sûrement un habitué» de mon «site». C’est bien de l’honneur pour mon petit blogue mais je vois bien que ma désinvolte réflexion à propos d’art-thérapie dans ma note du 14 septembre 2006 le chiffonne un brin et qu’il souhaite donner à nos lecteurs un peu de bon grain à moudre sur animula vagula avant de correspondre directement avec eux si ceux-ci le souhaitent.  «La réflexion de Madame Béatrice Steiner s’approche davantage de notre réalité et en tout, montre une réserve et une ouverture qui me plaisent» précise d’abord François Bertrand, faisant allusion au commentaire d’une nos visiteuses. Et il ajoute : «On associe presque toujours le travail des personnes qui ont une maladie mentale à de l’art brut ou de l’art-thérapie, comme s’il n’y avait pas d’artiste qui ait une maladie mentale. Vincent et moi n’est et n’offre pas d’ateliers de création.» La suite ne manque ni de clarté ni d’intérêt mais déborderait un peu du cadre ordinaire d’une note typique de votre petite âme errante. Je vous invite donc à la découvrir ci-dessous. Elle en vaut la peine.

"Les artistes créent, dans leur chambre s’ils sont hospitalisés, et dans leur appartement s’ils vivent dans la communauté. Certains, plutôt rares, ont ou partagent des ateliers. Quatre-vingt pourcent de la clientèle du centre hospitalier vit dans la communauté et y reçoit les soins qu’elle nécessite grâce à des points de services.

Les deux principaux critères pour intégrer le groupe de Vincent et moi sont les suivants : avoir un dossier actif au Centre hospitalier Robert-Giffard et être dans un processus créateur depuis au moins cinq ans. Généralement, ils situent le début de leurs intérêts pour les arts visuels vers l’âge 5 ans. À cause des aléas de la maladie, de leur éducation ou de circonstances de vie, ils n’ont jamais pu se réaliser autant qu’ils l’auraient souhaité. La plupart sont autodidactes mais plusieurs ont des formations universitaires en arts visuels, quelques uns exposent en galerie et font partie de collections privée au travers le Canada. Ce qui explique la grande diversité technique et plastique des œuvres qui est influencée aussi, par la sévérité de la maladie.

Vincent et moi n’est pas un programme d’art-thérapie. L’«accompagnement artistique» consiste à soutenir les artistes dans leurs besoins et leur démarche. Ça peut consister à leur fournir du matériel de qualité, les aider à monter un dossier pour une exposition, les mettre en contacts avec d’autres artistes, les inviter à s’intéresser au travail des autres, à visiter des expositions, etc.

C’est moi qui les accompagne de façon individuelle. Je ne lis pas leur dossier, ne m’intéresse pas à leur histoire psychiatrique, n’ai aucun lien avec le personnel clinique. Je n’ai aucune formation en arts et ne pratique pas l’art-thérapie. Les rencontres et discussions sont basées sur les aspects artistiques et culturels de leur démarche. Ceci n’empêche pas (et tant mieux) des conséquences bénéfiques, qui elles, peuvent ressembler à celles de l’art-thérapie. 

Si vos animuliens (je crois que c’est comme ça qu’on les nomme) désirent des informations, ils n’ont plus à être vigilants. Il leur suffit de me contacter. C’est avec plaisir que je leur répondrai."

François Bertrand

vincentetmoi@ssss.gouv.qc.ca 

 

 

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