30.09.2006
Vincent, François, moi et les autres
Les deux principaux critères pour intégrer le groupe de Vincent et moi sont les suivants : avoir un dossier actif au Centre hospitalier Robert-Giffard et être dans un processus créateur depuis au moins cinq ans. Généralement, ils situent le début de leurs intérêts pour les arts visuels vers l’âge 5 ans. À cause des aléas de la maladie, de leur éducation ou de circonstances de vie, ils n’ont jamais pu se réaliser autant qu’ils l’auraient souhaité. La plupart sont autodidactes mais plusieurs ont des formations universitaires en arts visuels, quelques uns exposent en galerie et font partie de collections privée au travers le Canada. Ce qui explique la grande diversité technique et plastique des œuvres qui est influencée aussi, par la sévérité de la maladie.
Vincent et moi n’est pas un programme d’art-thérapie. L’«accompagnement artistique» consiste à soutenir les artistes dans leurs besoins et leur démarche. Ça peut consister à leur fournir du matériel de qualité, les aider à monter un dossier pour une exposition, les mettre en contacts avec d’autres artistes, les inviter à s’intéresser au travail des autres, à visiter des expositions, etc.
C’est moi qui les accompagne de façon individuelle. Je ne lis pas leur dossier, ne m’intéresse pas à leur histoire psychiatrique, n’ai aucun lien avec le personnel clinique. Je n’ai aucune formation en arts et ne pratique pas l’art-thérapie. Les rencontres et discussions sont basées sur les aspects artistiques et culturels de leur démarche. Ceci n’empêche pas (et tant mieux) des conséquences bénéfiques, qui elles, peuvent ressembler à celles de l’art-thérapie.
Si vos animuliens (je crois que c’est comme ça qu’on les nomme) désirent des informations, ils n’ont plus à être vigilants. Il leur suffit de me contacter. C’est avec plaisir que je leur répondrai."
François Bertrand
16:25 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (3) | | Imprimer | | |
Commentaires
Merci à François Bertrand pour la clarté avec laquelle il définit son cadre de travail! C'est donc "par surcroît" que survient un bénéfice "thérapeutique", comme c'est "par surcroît" que certaines œuvres pourront être classées dans l'art brut.
Car cela nous laisse la question qui se posait dans la note d'Animula: il ne suffit pas que des œuvres soient produites en milieu psychiatrique pour qu'elles appartiennent à l'art brut.
Et nous avons toujours du mal à dire sur quels critères on reconnaît cette appartenance.
J'en risque un: que la trouvaille esthétique soit ajustée à une réalité psychique habituellement inconsciente chez le spectateur - ce qui entraîne sa surprise et aussitôt une sorte de jubilation proche de celle éprouvée devant un mot d'esprit (c'est à dire un mot qui, par son vacillement, produit un effet de vérité).
Sans doute y en a-t-il d'autres: alors, à vous...!
Écrit par : Béatrice Steiner | 01.10.2006
Merci de traduire…
J'en risque un: que la trouvaille esthétique soit ajustée à une réalité psychique QU’EST-CE QU’UNE REALITE PSYCHIQUE ? habituellement inconsciente ????? chez le spectateur - ce qui entraîne sa surprise et aussitôt une sorte de jubilation proche de celle éprouvée devant un mot d'esprit (c'est à dire un mot qui, par son vacillement, produit un effet de vérité QU’EST-CE QU’UN EFFET DE VERITE ?).
Merci
NEUNEU de chez NEUNEU
Écrit par : NEUNEU | 01.10.2006
Le mieux serait de prendre un exemple mais je ne peux pas envoyer d'image. On peut évoquer l'omniprésence du regard dans les dessins de Monsiel. Une composition à l'infini de regards qui surmontent des moustaches de gendarme. Il nous oblige à prendre en compte ce que nous "ignorons" (refoulons) de manière habituelle: Un regard nous hante qui n'est pas assimilable aux regards des "autres" que nous rencontrons. Il s'agit d'un regard immanent, envahissant jusqu'à la culpabilité (que nous ne cessons de récuser car, forcément, nous sommes irréprochables et ce regard est celui de l'injustice même!) La réalité psychique c'est ce qui fait rougir une classe tout entière quand le maître demande au seul coupable de se dénoncer. Les sinuosités "esthétiques" de Monsiel font effet de vérité parce qu'elles imposent l'insinuation de ce regard immanent et nous révèlent à nous mêmes son insistance et sa permanence dans notre psychisme.
Écrit par : Béatrice Steiner | 01.10.2006
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