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Cocos plats

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J’étais en train d’éplucher les cocos plats en me disant que je n’avais rien à vous mettre sous la dent quand le facteur a sonné 2 fois. Il m’apportait un paquet avec le livre sur Richard Greaves que j’attendais.
Dans ma joie, je n’ai pas pu m’empêcher d’ouvrir une boîte de fourrés aux framboises.
S’il y en a qui ne savent pas encore qui est Greaves, ce discret créateur de la profonde campagne québécoise qui s’est bâti tout seul un petit village idéal à base de constructions disloquées et labyrinthiques, accueillantes et inhabitables, qu’ils se procurent vite fait ce bouquin là.
Réalisé par Sarah Lombardi, collaboratrice scientifique de la Collection de l’art brut à Lausanne et par Valérie Rousseau, directrice de la Société des arts indisciplinés à Montréal, ce Richard Greaves anarchitecte va servir de catalogue à une expo qui se baladera pendant 2 ans à Montréal, New York, Lausanne et Chicoutimi.
C’est d’abord un chouette album de photos qu’on offre à son chéri ou qu’on garde jalousement dans sa collec. Le photographe Mario del Curto se montre ici à la hauteur de sa réputation.
S’il n’était pas si tard, je vous en ferais des tonnes sur ces clichés épurés de la présence humaine, si révélateurs du désordre créatif des structures de Greaves. La qualité de l’impression donne aux noirs et aux blancs une profondeur et un velouté superbes. On dirait qu’on a utilisé cette bonne vieille héliogravure.
Dans une seconde partie, autour de l’érudite postface de Lombardi et Rousseau, une pléiade de plumes européennes est réunie. Les textes de Roger Cardinal, Lucienne Peiry, Jean-Louis Lanoux, en français puis en anglais, sont judicieusement entrelardés de rapides pensées de Richard Greaves, style : « Tout ce que je fais ici, c’est pour mieux dormir / Everything I make here is so I can sleep better ».

Richard Greaves Anarchitecte / Anarchitect
5 Continents Editions et Société des Arts Indisciplinés
Distribution : Editions du Seuil

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15.09.2005 | Lien permanent

Uberzeichnungen

Je mets en stand by l’histoire de mes congés payés pour vous susurrer que vous feriez mieux de vous propulser vite fait à la maison rouge plutôt que de peigner la girafe.
Pas de panique cependant. Vous avez jusqu’au 9 octobre pour vous gaver de l’exposition Arnulf Rainer et sa collection d’art brut.
Arnulf (à vos souhaits !) c’est cet artiste autrichien iconoclaste trop connu pour que je le présente. Iconoclaste, il ne l’est pas, bien sûr, à la manière de cette radicale créature qui vient de fendre en 2 un tableau de Roy Lichtenstein au Kunsthaus de Bregenz en Autriche, sous prétexte qu’elle lui trouvait l’air faux.
Rainer, heureusement pour lui, est plus timide. Il se contente de se « réapproprier » les œuvres d’autres artistes en intervenant directement dessus. Uberzeichnungen, qu’il appelle le résultat de ces travaux.
A côté de ça il collectionne l’art brut depuis 40 ans et ce qui devait arriver est arrivé. Arnulf Rainer n’a pas pu s’empêcher de griffonner sur les œuvres de ses copains de Gugging, Johann Hauser, Franz Kernbeis, Johann Fischer, tous créateurs d’art brut pur jus. Plus fort encore, il a demandé à ceux-ci d’en faire autant sur ses propres dessins.
J’avoue que je ne sais pas trop quoi en penser mais, rien que pour éprouver cette perplexité, ça vaut la peine de voir la collection d’art brut d’Arnulf Rainer.

Crédit photo : Marc Domage - Arnulf Reiner et Franz Kernbeis, sans titre, 1994

Arnulf Rainer et sa collection d’art brut
la Maison Rouge
Fondation Antoine de Galbert
10 bd de la Bastille 75012 Paris

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La lettre-mélancolie

 
A tous ceux qui croient que l’art brut est tombé de la dernière pluie, il faut raconter l’histoire d’une amazone. Elle s’appelle Théroigne et c’est une héroïne de la Révolution française. Charles Baudelaire, qui était un peu macho, la disait «amante du carnage».
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Il est vrai que cette nana n’avait pas froid aux yeux. Le 10 août 1792, elle participe à l’assaut des Tuileries où l’on zigouille à cœur joie les conjurés royalistes. Cela ne l’empêche pas le 15 mai 1793 d’être lynchée à son tour par des mégères jacobines. Elle est sauvée de justesse par le camarade Marat qui ne peut lui épargner la flagellation publique, pan-pan cul-cul. Elle ne se remet jamais vraiment de ce viol. Son frère, pour lui épargner la guillotine, n’a pas de mal à la déclarer folle quand la Terreur s’installe. Elisabeth Roudinesco a raconté tout ça dans un bouquin en 1989 : Théroigne de Méricourt. Une femme mélancolique sous la Révolution (Seuil, Fiction et Cie). Dernièrement, un autre livre, paru à Lagrasse (11220) chez Verdier/L’Ether vague, remet sous le projecteur cette aventurière d’exception qui restera internée jusqu’à la fin de sa vie en 1817. Intitulé La Lettre-mélancolie, il transcrit un extraordinaire document écrit par Théroigne de Méricourt en mars 1801. Cette lettre, adressée à Danton, pourtant mort 7 ans auparavant, est un chef d’œuvre d’écrit brut. Non seulement parce qu’elle trahit l’expression grandiose d’un délire mais parce qu’elle frappe par la singularité radicale de la forme. Un fac simile nous présente ce torrent d’éloquence révolutionnaire où deux, voire trois messages sont constamment superposés ne laissant plus deviner que des bribes fulgurantes. Il faut saluer le travail de romain que leur décodage total constitue. Il est l’œuvre de Jean-Pierre Ghersenzon. Un texte de Jackie Pigeaud, qui signe l’ouvrage, l’accompagne.

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L'Enseigne d'Alain Bouillet

Avec tout ça, j’ai oublié de vous dire qu’à Aubais, entre Arles, Montpellier et Nîmes, vous avez loupé l’exposition qui se tenait «dans les salles voûtées du château ». Lucette m’a refilé le carton trop tard : L’Enseigne d’Alain Bouillet, le cabinet d’un amateur a fermé ses portes (ou levé son pont-levis) le dimanche 16 octobre, au moment même où je m’exerçais à réaliser ma recette de mousse de sardines (vous prenez une boîte de sardines et vous écrasez son contenu avec des carrés Gervais et plein d’autres choses).

Dommage, il y avait là dedans deux ou trois noms à noter : Abdelkader Rifi, Jules Godi, Martha Grunenwaldt (à D).

Et puis, Alain Bouillet aime à citer Paul Klee :
« Werk is Weg ». Un bon point pour lui.

 


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23.10.2005 | Lien permanent

FIAC : Rendez-vous chez Ritsch-Fisch

Quant à votre petite âme errante, elle s’est faufilée comme elle a pu au vernissage de ladite FIAC le mercredi 6 octobre, en escaladant 2 ou 3 montagnes de sable édifiées sous prétexte de futur tramway par monsieur «Ivanhoé» (je ne garantis pas la prononciation de ce nom que j’entendis vitupérer par les visiteurs qui tentaient, comme moi, d’accéder à la porte de Versailles). Lorsque j’ai réussi à pénétrer dans ce temple de l’art, brandissant l’invitation que m’avait refilée ma copine Lucette, j’ai été récompensée. On m’a remis un amour de bracelet en plastique gris souris pailleté d’or que j’ai dû garder toute la soirée comme un délinquant récidiviste son bracelet électronique. Ce n’est pas si bien que les pochettes-surprise que l’on vend ici pour 100 Euros et qui contiennent les pochades de futurs petits génies chinois de la peinture mais au moins c’est gratuit.
Exténuée mais heureuse, je naviguais grâce au plan dépliant au milieu de la foule qui remplissait déjà les allées, lorsque j’ai cru qu’on avait volé mon sac. Le temps de pleurnicher dans le gilet musclé des vigiles, de trouver un téléphone compatissant pour faire opposition à la banque et de m’apercevoir finalement que le sac était resté au bureau, il était trop tard pour lutter contre la marée de visiteurs qui se déversait un peu partout. Non seulement j’ai loupé l’homme de ma vie à qui j’avais donné rendez-vous près du bar mais c’est à peine si j’ai pu admirer de loin les extraordinaires machines d’A.C.M. du stand Ritsch-Fisch (A1). Je me serais donné des gifles.
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A.C.M. - Collection particulière

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09.10.2005 | Lien permanent

Année du Brésil : cordel à l'Alcazar

Je nage dans le bonheur. Non seulement j’ai retrouvé mon sac mais l’adducteur (?) à Zizou est guéri. J’aime bien Zidane, il a un sourire charmeur et puis il me rappelle Marseille où je n’ai jamais le temps d’aller. Dommage parce que, dans cette ville fascinante, il y a une expo sur L’Univers de la littérature de Cordel à la Bibliothèque Alcazar, 58 cours Belzunce. La littérature de cordel, j’y pense chaque fois que j’étends mon linge. C’est même rapport à ça que je me suis pas encore offert la lavante-séchante de mes rêves. Cela fait plus d’un siècle que, sur les marchés du Nordeste brésilien, les épingles à linge servent à suspendre sur des fils tendus en plein air de drôles de petites brochures qui rappellent les almanachs, les histoires de chevaliers, les recettes de médecine populaire que les colporteurs apportaient jadis dans nos campagnes. Ces petits bouquins de 8 ou 10 pages imprimées sur du papier journal et réunies par une agrafe contiennent des poèmes, des histoires à l’eau de rose, des faits divers sanglants, des vies de héros, des commentaires sur des faits de société (réforme agraire, accidents du travail). Le plus beau c'est que leurs couvertures sont illustrées de savoureuses gravures sur bois dont la rusticité, souvent naïve, atteint parfois l’art brut. On se demande comment de telles chose sont encore possibles aujourd’hui. Je ne résiste pas à vous en montrer quelques unes provenant de la collection d’un ami.
Du 26 décembre 2005 au 2 janvier 2006, les Parisiens pourront voir cette exposition à la Maison du Brésil, Cité universitaire, 71 Bd Jourdan

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09.10.2005 | Lien permanent

Lonné, deuxième tournée

Ce que je suis mauvaise langue, maman, c’est rien de le dire ! Et impatiente aussi, un vrai missile. Dans mon souci d’être la première à vous informer, je me suis précipitée un peu vite sur l’exposition Lonné-Verbena. Une dame de la poste, qui a lu ma note du 1er octobre, m’adresse pour ma gouverne le communiqué de presse (il y en avait donc un) ainsi qu’une invitation au vernissage qui avait lieu le 13 octobre. La honte ! Mais aussi, pourquoi cette manie d’ouvrir les expos avant et non après les vernissages ? En plus, contrairement à ce que je vous avais laissé entendre, il y aurait un catalogue édité par la Galerie Chave en partenariat avec la Société Littéraire de la poste (si, si, ça existe, leur bulletin a même publié un numéro spécial sur Chomo dans le temps). Ce catalogue contiendrait (je cite) « les signatures de deux autres postiers singuliers : Jacques Lèbre, poète et Henri Raynal, écrivain ». Décidément, j’avais tout faux. Sauf sur un point : il faut aller au musée de la poste.

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19.10.2005 | Lien permanent

Album Richard Greaves

Mise en ligne de mon dossier Greaves. Evidemment ce n’est pas de la photo d’art mais ça vous donnera quand même une idée du domaine merveilleux de Richard Greaves, cet espace d’utopie et de pensée libre, posé comme un aérolithe sur un coin de la terre, à l’orée d’un grande forêt québécoise.
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Ces images ont été prises il y a 4 ou 5 ans par votre petite âme errante elle-même, alors en vadrouille chez nos cousins d’outre-atlantique

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Harald Szeemann et la collection Prinzhorn

Comme 800.000 foyers français, votre petite âme errante vient de recevoir une lettre des impôts parce qu’elle s’est soi-disant gourée dans sa déclaration. Alors je vous préviens que je suis de mauvais poil. Moi qui rêvais de me faire un p’tit ouikène en amoureux avec mon chéri pour aller à la Collection Prinzhorn de Heidelberg voir l’expo Harald Szeemann erfindet die Sammlung Prinzhorn et bien ce sera tintin.
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Mais comme je suis bonne fille, au cas où vous seriez passés entre les mailles du filet vorace de votre percepteur vénéré, je vous signale, «joyeux contribuables» (pour causer comme Andy Cap) que vous avez jusqu’au premier tiers, c’est à dire jusqu’au 19 mars 2006, pour profiter de l’occasion et vous goinfrer avec cette exposition-revival. Elle ressuscite en effet une autre expo qui s’est tenu à Berne en 1963.
Si j’ai bien compris (j’ai eu un peu la flemme de lire le carton-annonce en allemand, long comme une page culturelle du Monde ancienne formule), Harald Szeemann, qui vient de disparaître, était en 1963 le jeune directeur de la Kunsthalle de Berne quand il avait choisi de donner un coup de projo sur 250 œuvres de la Collection Prinzhorn.
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Elle était un peu oubliée alors, la pauvrette, si l’on excepte les visites de m’sieur Dubuffet. Et puis, comme vous êtes sympas et qu’il y a peut-être des germanophiles et des anglosaxonophiles parmi vous, chers animuliens (et iennes), je vous cueille au passage dans le copieux communiqué de la Sammlung Prinzhorn deux échantillons in english et in hoch Deutsch :
Since 1963 the beauty «beyond reason» of this asylum art has –several times- been newly invented, parallel to the new artistic strategies between abstract expressionism, new figuration, fluxus, poesie concrete, pop art, and concept art.

 

2001 thematisierte das Heidelberger Museum mit seiner Eröffnungsaustellung «Vision und Revision einer Entdeckung» die Differenz zwischen Prinzhorn und heutigen Sehweisen. Das aktuelle Projekt erkundet eine wichtige Schnittstelle aud der historischen Strecke dazwischen.



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21.11.2005 | Lien permanent

Burnat-Provins, La revenante

La Suisse est pleine de villages assoupis où flotte une odeur de foin sec et où de vieux hommes sages boivent sans se presser un verre de vin blanc frais à l’auberge.

A Gingins, l’un de ces villages, je me souviens d’avoir vu, il y a 2 ans, une belle expo sur Marguerite Burnat-Provins : De l’Art nouveau à l’art hallucinatoire. Burnat-Provins, c’est cette artiste dont Dubuffet a failli mettre les dessins dans sa collec d’art brut avant de s’apercevoir que leur auteur était une pro de l’art, appartenant au cercle des peintres valaisans. Deux coups de tonnerre dans sa vie.
L’un à 34 ans, en 1906, quand elle tombe raide amoureuse d’un jeune homme, sans souci de sa réputation, ni de son mari, un notable de Vevey. L’autre le 2 août 1914, dans l’Ariège, où au premier coup de tocsin de la mobilisation débutent ses hallucinations.

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De ses visions fantastiques, qu’elle transpose rapidement à l’aquarelle, naîtra un cycle de portraits plutôt zarbis qui fichent la trouille mais qui sont plutôt beaux.

Marguerite Burnat-Provins nous revient aujourd’hui grâce aux Editions Zoé à Carrouge-Genève. Ces Zoé-là ont la bonne idée de publier un joli bouquin réunissant une nouvelle et un récit de voyage de M.B.-P. qui était aussi écrivain. C’est mince, élégant, pas cher, bien imprimé sous couverture avec autoportrait de la Marguerite. Dans le format des Editions Mille et une nuits mais sur meilleur papier. Le volume s’intitule : Une nuit chez les Aïssaouas, mais je vous recommande surtout la nouvelle La Revenante. Catherine Dubuis, dans sa postface, souligne le charme de l’écriture décadente. On y sent affleurer, derrière les éléments autobiographiques, une étrangeté qui prouve combien les deux facettes de la personnalité artistique de M. B.-P. communiquent. Démenti à ceux qui pensent qu’il est facile de trier dans son œuvre ce qui appartient à la culture de l’Art nouveau et ce qui tend irrésistiblement vers l’art brut.


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19.11.2005 | Lien permanent

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