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23.08.2015

Des pierres qui parlent en provençal

«Ça mérite pas! Je suis pas Rodin!» me dit Roger quand je lui demande si les journalistes locaux se sont intéressé à ses sculptures. Roger peut-être ne s’appelle pas Roger mais il ne tient pas à ce que son nom soit prononcé. Même s’il me laisse libre d’évoquer son travail sur le Net pourvu qu’il n’en sache rien.

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Les cigales, Mistral,

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une Arlésienne qu’il préfère de profil…

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Roger sacrifie au folklore de sa Provence natale. Sans doute vaut-il mieux, dans un village, ne pas faire de vagues mais Roger aime la littérature. Vraiment. Quand nous arrivons, il lit Thyde Monnier. D’une démarche claudicante, il s’est approché quand j’ai garé Blanchette, ma Clio d’été, devant son portail. Les Québécois appellerait ça un parterre. Cet espace entre la maison et la route que les créateurs à l’état natif comme Roger aiment à transformer en showroom de leur imaginaire.

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La route ici est un bien grand mot. J’étais partie à la recherche de l’entrepôt d’un brocanteur. Une erreur d’interprétation de mon soporifique GPS m’a mis sur la piste du lieu où Roger cache et montre (tout à la fois) sa tranquillité et ses créations d’art.

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Un plaisant joufflu, une Torpédo,

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un pélican sur un pilastre.

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Une stèle à la mémoire d’une chienne dont Roger est inconsolable.

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Avec celle-ci on approche du meilleur de cet autodidacte du bas-relief et de la ronde-bosse. La pierre des Baux qui abonde dans cette région du sud d’Avignon où Roger réside, le sculpteur en a fait sa confidente. Lui qui fut maçon et tailleur de pierres, elle lui parle. Elle l’avertit quand il risque de la fendre. Elle lui tend ses veines qu’il devine comme un sourcier.

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Roger est d’un monde dont le moule est cassé. Son grand-père était carrier. Son instituteur exigeait qu’il parle français et non sa langue provençale. Une photo de sa classe prise en 1946 montre des gamins marqués par les privations de la guerre. Pareil homme incline à ne pas désespérer de 2015.

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J’aime sa façon presque médiévale de renouer avec les Profits champêtres et ruraux. Les bergers, les faucheurs, il en connaît la hiératique noblesse.

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Roger modestement sait bien quels sont ses morceaux de bravoure. Son mazet étoilé est d’une poésie indéniable. Et l’on composerait à loisir une galerie avec ses portraits (animaux compris).

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«Si, Roger, ça mérite! Votre œuvre n’est peut-être pas abondante mais, issue d'un coeur sincère, elle suffit à justifier une vie».

17:11 Publié dans art brut, art naïf, Glanures, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (1) | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

On ne peut rester indifférent devant cette oeuvre.
Oui "Roger, ça mérite". Merci pour ce partage. Joëlle
Association "Amis Abbé Fouré"

Écrit par : Amis Abbé Fouré | 24.08.2015

Les commentaires sont fermés.