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11.02.2012
Richard Greaves change d’environnement
Le hasard c’est pas comme le lézard.
«Y’a pas de lézard» et
«le hasard fait bien les choses».
La preuve : au moment où des nouvelles de Richard Greaves nous arrivent par l’intermédiaire de la revue 303, des photos récentes du grand créateur québécois sont tombées dans ma messagerie et par ricochet sur vos écrans. Tous les Animuliens du monde entier seront ravis d’apprendre que Richard Greaves, que j’avais un peu perdu de vue, va bien et continue à œuvrer sous le ciel de sa province de Beauce (Qc).
Pour les nouveaux qui se branchent maintenant sur mes lignes, je rappelle brièvement que Richard Greaves, depuis 1989, où il a quitté la ville «qui tue l’être humain» a édifié, sur un terrain avoisinant une forêt, tout un ensemble de bâtisses superbement déstructurées mais solides, témoignant d’une passion pour l’asymétrique.
Sous la houlette de Sarah Lombardi, actuellement en charge de la CAB de Lausanne, et de Valérie Rousseau, cofondatrice de la SAI (Sté des Arts indisciplinés), un bouquin du genre incontournable est sorti en 2005 sur l’œuvre de Richard Greaves, anarchitecte. Remarquablement illustré de photos dues à Mario del Curto, c’était fatal qu’il s’épuise. Tant mieux pour les petits chanceux qui le possèdent.
On peut aussi glaner de l’information par ci, par là. Le bruit avait couru que Richard avait abandonné son site. Ce n’est pas vraiment le cas. L’article de Jean-Louis Lanoux dans 303 (Richard Greaves, bâtisseur de l’oblique) précise des choses indispensables à connaître pour ne pas désespérer de «l’urbaniste funambule (…) à l’allure d’éternel adolescent, mince et dansant». Richard que diverses péripéties «ont éloigné de son site historique, s’est installé dans un village voisin où il crée derechef».
Et son public peut donc continuer à l’encourager de loin en respectant la tranquillité nécessaire à son travail, à sa vie et à celle de ses proches puisqu’il a fondé une nouvelle famille.
Dans son nouveau cadre, Greaves travaille toujours avec «la vidange du monde», ces «monstres» (comme nous les appelons en Europe) que la société industrielle multiplie autour de nous. Il transforme et inclut ces «déchets» pleins de promesses dans des installations qu’il assemble au moyen de cordelettes plutôt que de clous qui agressent les matériaux.
Lanoux, à ce sujet, cite un propos fort éclairant de Richard Greaves : «J’ai beaucoup aimé et observé les vieux objets, les objets utilisés, les objets rongés par la force du temps et les histoires humaines. Je ne me considère pas différent : une chose qui a beaucoup servi, qui a vécu, que l’emploi et l’abus ont usée et polie».
Les photos de mon post sont de Louise Boucher, la compagne de Richard. Merci Lou, de les avoir prises pour Ani et ses lecteurs! Elles nous donnent une forte envie d’hiver québecois. Merci de nous faire savoir que «Richard continue de défaire des anciens bâtiments : école, grange, pour en faire des nouvelles cabanes selon ses méthodes et sa marginalité».
C’est réconfortant de savoir que, de temps à autres, il retourne dans le rang Chaussegros s’occuper de ses anciennes bâtisses. «L’action de la neige et de la pluie peut avoir raison d’elles mais de patrimonialisation il n’a cure» écrit l’auteur de l’article sur Greaves dans le n°119 de 303. L’action de l’eau, c’est bien connu, fascine Richard Greaves. «Toutes mes cabanes sont devenues croches (= tordues) grâce à l’eau». Laissons lui ce mot de la fin.
17:28 Publié dans Ailleurs, De vous zamoi, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : richard greaves, mario del curto, jean-louis lanoux, sarah lombardi, valérie rousseau | | Imprimer | | |