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18.12.2005

Damien Hirst et l’Homme du commun à l’ouvrage

C’est un des artistes «les plus cotés du monde», selon le dernier numéro d’Arts Magazine. Il s’appelle Damien Hirst et l’une de ses œuvres, exposée dans une galerie, a été royalement fichue à la poubelle par un agent chargé de l’entretien dont on ignore malheureusement le nom. Cela se passait en 2001 à Londres, nous apprend Christine Kerdellant, l’auteur de l’article d’Arts Mag intitulé Bouteilles (con)signées. L’œuvre en question était «un amas de bouteilles vides, cendriers pleins et tasses à café sales», ce qui fait que "l’homme du commun" a pu expliquer son geste splendidement désinvolte sans avoir recours à des théories iconoclastes. «Je n’ai pas pensé que ça pouvait être de l’art» s’est-il contenté de dire. L’artiste (je parle de Damien Hirst) aurait paraît-il bien ri. Un bon point pour lui. Il n’en a pas moins reconstitué l’amas de détritus grâce à la photo prise pendant le vernissage. C’est le genre d’histoire qui chatouille les zygomatiques de votre petite âme errante. Pas les vôtres ?

19:50 Publié dans Gazettes | Lien permanent | Commentaires (5) | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Votre histoire de Damien Hirst me fait penser qu'il a existé, si l'on suit Claude Massé, un monsieur très simple, du côté du Languedoc, qui entassait des bouteilles vides les unes contre les autres dans un champ abandonné au point de créer comme une mer de bouteilles. Une sorte de land art brut, un happening involontaire permanent, un ready-made sauvage (comme ce que faisait Bispo de Rosario de l'autre côté de la mer au Brésil, avec ses objets entassés ressemblant à du nouveau réalisme ou aux ready-made de Duchamp dont paraît-il il n'avait jamais entendu parler, mais dont il n'est pas interdit de penser qu'il avait pu voir des reproductions des urinoirs dans des magazines ou en passant dans des galeries brésiliennes, sans prendre en compte tout le discours qui accompagnait bien sûr...). Son entassement à lui aussi a disparu. Les amateurs de place nette ne chôment pas. C'est tout de même curieux de constater le parallélisme de ces ready-made des deux côtés de l'usage social de l'art, à la fois chez nos artistes contemporains qui sont si souvent prétentieux et aussi chez les créateurs sauvages qui n'organisent aucune communication autour de leurs actions.
Voilà ce que je voulais vous dire. Mes zygomatiques quant à eux n'ont pas trop bougé...
Amicalement.
L'infatigable.

Écrit par : L'infatigable | 18.12.2005

Ces maudits mots
Ma remarque s'adresse soudainement à L'Infatigable, que je me suis hasardée à lire en ce dimanche soir frisquet, dans son commentaire ci-haut sur Damien Hirst dans l'espace de notre Ani-Va chérie. C'est votre avant-dernière phrase qui m'a sourdement interpellée, comme une plainte répétée de beluga, puisqu'elle me donne une impression de lieux communs qui me semble habiter insidieusement l'environnement de l'art brut depuis sa naissance, et qui me fatigue tellement, tellement. Les "créateurs sauvages n'organisent donc aucune communication autour de leurs actions"... voilà donc. Et les "artistes contemporains sont si souvent prétentieux". Éclaircissons l'emploi de ces deux mots, "communication" et "prétentieux", retournons-les dans tous les sens, appliquons-les et confrontons-les aux grandioses rencontres que nous avons faites chez ces artistes hors-pistes, voyons si ces termes tiennent encore la route. En toute franchise, mes investigations me font épouser d'autres conclusions que les vôtres sur ces points. Peut-être parlons-nous simplement deux langues différentes. Reprenons peut-être cette question sous d'autres lunes, j'ai quelques rêves à rattraper.
Lili

Écrit par : lili | 19.12.2005

Chère Lili frileuse,
vous n'avez pas beaucoup pensé à relever ce qui me paraissait plus important dans ma réaction à savoir le "curieux parallélisme des ready-made des deux côtés de l'usage social de l'art" que je pointais du doigt afin d'interroger l'éventuel lecteur. Le créateur contemporain "si souvent prétentieux", je veux bien le retirer, même si je m'étais pourtant prémuni en nuançant à tout va avec mon "si souvent". Mais mon expérience du "hors-piste" (ça sent son amateur de ski ou de raquettes au pays des "bêtes lumineuses", ou me trompé-je?) me fait souligner et contresigner mon "créateur sauvage qui n'organise pas de communication autour de ses créations", tant pis si c'est devenu un cliché depuis les origines de l'art brut (et même au delà de celui-ci, c'est peut-être une histoire de bon sauvage). J'y tiens à ce cliché. Même si c'est faux, je préférerais que ce soit vrai. J'aime ceux qui ne se soucient pas de "communiquer". Le terme même me donne la nausée.
Bien à vous. Tout cela vous réchauffe-t-il?
L'infatigable.

Écrit par : L'infatigable | 19.12.2005

Chère Lili,
L'infatigable n'a pas tout à fait tort, mais tout à fait raison non plus avec son "curieux parallélisme des ready-made des deux côtés de l'usage social de l'art": l'artiste essaie de nous faire penser le monde en s'adressant nommément à nous tandis que l'auteur d'art brut adresse sa perplexité à la cantonnade sur le mode du "à bon entendeur, salut!". Il n'organise pas la communication à proprement parler, il la laisse se produire, au bon vouloir du hasard de "l'autre". L'artiste désigne le prélèvement qu'il opère dans le monde, tandis que l'auteur d'art brut montre à qui veut bien ce qui lui fait signe sans forcément faire sens.

Écrit par : Lucette | 21.12.2005

Il me semble que dans le petit débat avec Lili, il y allait aussi d'une question de modestie (on a parlé d'art modeste ici ou là) et de prétention. J'en connais un qui parle d'art "immédiat" pour insister d'une autre façon sur la modestie des créateurs qui n'organisent pas la publicité autour de leurs créations (ça les dépasse, ça n'arrive généralement pas à leur esprit, pas parce qu'ils sont bouchés à l'émeri, mais, je crois, parce qu'ils sont tellement submergés "par ce qui leur fait signe", comme dit Madame Lucette, qu'ils sont trop débordés pour s'occuper de "communiquer" ; du reste, je ne comprends l'opinion de Michel Thévoz dans son livre de 1975 sur l'Art Brut, lorsqu'il écrit que toute communication est médiocrité, que dans cet unique sens du mot "communication": publicité).
L'infatigable.

Écrit par : L'infatigable | 21.12.2005

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