20.08.2007
A chacun son mauvais goût !
Le musée du mauvais goût.
C’est Louis Chéronnet, historien de Paris et critique versé dans la photographie, qui en a eu l’idée. Du moins selon un certain Olivier Quéant qui dans un article très prout prout, Le goût prime la qualité, paru dans Images de France en août 1944 aurait aimé «que ce projet ne restât pas à l’état de boutade». Dans ce «musée encore imaginaire», nous fait miroiter l’Olivier «on clouerait là au pilori des milliers d’objets et de formules de tout acabit et l’on y amènerait les élèves de nos écoles en leur disant : voilà ce qu’il ne faut pas faire !»
Pour vous situer le contexte, c’est très peu de temps avant la première exposition de Jean Dubuffet chez René Drouin.
Poursuivant son idée, O. Quéant appelle à la rescousse un conférencier de la Commission d’art et de création en charge du tourisme. Celui-ci aurait voulu rassembler «les créations excentriques ou tapageuses réalisées, avant la guerre, par une fraction du haut commerce parisien pour le compte de richissimes visiteurs». Parmi ces «somptueuses horreurs», parmi «ce bric-à-brac de la prostitution artistique», l’orateur anonyme ne cite qu’un exemple mais il vaut son pesant de nougat : «un lit en argent massif, pesant 500 kilos, orné de quatre statues articulées de femmes nues avec perruques en cheveux naturels».
A cette évocation, je vois que mon chéri salive. Par bonheur, le dentiste lui a interdit le nougat.
Info de dernière minute ! Il existe chez nos amis étatsuniens un musée du mauvais goût, le MOBA, d’où le portrait ci-dessous de nos amies les bêtes est tiré.
11:25 Publié dans Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | | |
Commentaires
Je ne comprend pas dans quel sens il faut lire cette intervention.
Il y a un artiste américain contemporain, Jim SHAW, qui a collecté un certain nombre de peintures achetées pour rien dans des brocantes. Ce sont des peintures d'anonymes. Il en a fait des expositions partielles.
Il existe LA FABULOSERIE à Dicy dans l'Yonne (89) qui regroupe et expose ce que l'initiateur Jean Bourbonnais (architecte parisien qui a lui même bricolé de grosse poupées carnavalesques) appelle ART HORS NORME.
Ces artistes étaient des travailleurs qui se découvraient cette passion à leur retraite ou suite à une maladie.
Cet art est en dehors du commerce lucratif. Dans son introduction au catalogue de la Fabuloserie, Michel Ragon considère que cet art retrouve les racines de l'art. Obsessionnel, drôle et angoissant, violent et sexuel, pauvre dans ses matériaux.
Jean Dubuffet s'intéressait davantage à l'art fait par ce que la science appelle "fous".
Pouvez vous préciser le sens de votre intervention ?
Écrit par : olivier | 07.09.2007
@ Olivier
Merci pour votre commentaire. Oui, ma note n'était pas des + évidentes. Les vacances! Et puis Animula prétend surtout poser des questions, pas apporter toujours des réponses.
Ce qui m'a semblé intéressant dans cette archive sur un musée du kitsch c'est que il y a 60 ans, elle montre qu'on anticipait sur des recherches d'aujourd'hui.
Voir par ex. le livre de J.-Y. Jouannais: L'idiotie, art, vie, politique, méthode (Beaux-Arts magazine, 2003).
Et puis l'idée du lit, ça me rappelle une création de Lucien Favreau, un créateur dont j'ai parlé dès les débuts de mon blogounet. Je ne connais pas la réalisation de Jim Shaw dont vous parlez mais, les peintures anonymes, l'écrivain Georges Courteline les collectionnait déjà.
Écrit par : Ani | 11.09.2007
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