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03.02.2008

La chambre de Darger

Bon aujourd’hui, je vous propose de me suivre dans la chambre de Darger. La vraie, telle qu’elle a été photographiée par Michael Boruch.

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Regardez-la bien : personne ne peut plus la voir car le 851 de la rue Webster à Chicago -domicile du créateur 40 ans durant- ne l’abrite plus. Le contenu de cette chambre a déménagé en l’an 2000 sur la Milwaukee Avenue (756 N) de la même ville. C’est le siège de l’Intuit, c’est-à-dire le Center for Intuitive and Outsider Art. Sous la houlette de Jessica Moss, «Curator of the Henry Darger Room Collection», cet Intuit a la bonne idée de nous offrir, jusqu’au 28 juin 2008, une exposition du «home» dargergeois. Voici une image de cette installation (le cliché est de John Faier).

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«Installation» et non reconstitution ou restauration car l’Intuit a la bonne idée de ne pas nous proposer ce travail, pourtant minutieux dans l’exactitude, comme la réplique d’une réalité du passé. Je vous propose, Animuliens de la terre, d’applaudir de toutes vos mimines à ce décalage assumé parce qu’il a l’avantage, en ne cédant pas à un illusoire réflexe revival, de respecter le créateur et de pousser le public à la réflexion sur sa création, non au fétichisme à propos de sa personne.

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Après tout, Henry Darger n’organisait pas de visites guidées de son laboratoire. Il est bon de ne pas l’oublier.

19:34 Publié dans Expos, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : art brut, Henry Darger | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

J'aimerais vous voir préciser la différence que vous faites entre "installation" et "reconstitution" de cette chambre, puisque vous dites par ailleurs qu'il y a eu "travail, minutieux dans l'exactitude"... Installation ou reconstitution, m'est avis que même s'il y a du "décalage assumé", il y a tout de même de la pétrification dans l'air.

Écrit par : Le sciapode | 03.02.2008

Moi je crrrrrrrrrrrrrains surtout ami-nula et monosciatique, mes amis, qu'à vouloir d'un côté préférer le décalage assumé à la reconstitution versus la pétrification risquée on ergote la moitié de la nuit pour des nèfles... (daus mèles ou daus merèles, en Pictavien classique). Tout cela n'est qu'idéologie... gratuite. On pourrait tout aussi bien dire "à chacun selon son désir !" brûler, monocolorer l'ensemble (voir expos à Neuchâtel à Bouzigue...), ou faire un inventaire à la Prévert, avec des cartelettes... ou vendre le tout à l'encan, au Qatar ou à Barhein, ou même au musée de Bègles...
C'est affaire d'intelligence, de goût, de projet... à l'identique ou à peu près, décalé, à le charme d'une fidèle liberté retrouvée, mais n'explique rien de plus, interprète à peine, mais le "reconstitueur" prend sa posture dans les charentaises légèrement décalées du concepteur d'origine... C'est donc affaire de re-pré-sen-ta-tion de chacun d'une telle œuvre... portes grandes ouvertes sur la plus grande liberté de re-génération, de génération en génération...
Ce débat, est celui de toute mise en scène de toute œuvre.
Souvenez-vous des tableaux accrochés à l'envers, ou de travers... pour le plus grand bon-heur de l'artiste !
Cher ami-nula, ce traitement ne saurait être qu'une possibilité parmi tant d'autres; mais pour vous, chère ani, celle-ci a le goût d'un grain de raisin muscat conservé dans l'eau-de-vie du Père Darger, comme aurait dit Fombeure.
Merci de cet accueil sur votre site si passionnant...ahan !

Écrit par : Bonnet d'âne (du Poitou) | 04.02.2008

Ben moi, j'en tiens finalement plus pour les photos (les films pourquoi pas aussi, hein Mr Decharme?) de la fameuse chambre. J'y voyage bien plus réellement que dans toutes ces reconstitutions décalées ou pas, décalées-exactes ou pas, décalées-inexactes ou pas. En plus ça me coûte moins cher en billet d'avion.

Écrit par : Le sciapode | 05.02.2008

N'ayez crainte chère Ani, je ne vais pas en mettre une tartine comme ce Bonnet d'Âne !
Simplement, je voulais suggérer à notre Sciapode incontrolable que deux ouvrages l'attendent (il en connaît un des deux je suppose) :
- Le dernier ouvrage de Roland Barthes, "La Chambre claire", paru en 1980, année de sa mort accidentelle ;
- et le petit ouvrage, le petit bijou du poète André Duprat... (quoi ? vous ne connaissez pas André Duprat ?) c'est un ami ! "La photo reprise" ...

Écrit par : Michel Valière | 05.02.2008

Bien sûr, il manque la poussière.
La patine qui s'attachait à la présence de Darger (comme la poudre aux ailes d'un papillon) fait défaut.
Elle a été remplacée par une sédimentation éparpillée et pour tout dire théâtralisée. Ce pourrait être un décor où un acteur viendrait jouer le rôle de Darger.
N'est-ce pas toujours comme ça quand le créateur a pris définitivement congé de son oeuvre?
Cependant, ce qu'il y a d'intéressant ici, c'est que la chose se donne pour ce qu'elle est : un prolongement plastique contemporain (un métadiscours, si on veut) et non une pseudo-reviviscence repassée en contrebande.
Le public n'est pas mystifié. On ne lui vend pas une vessie pour une lanterne, un simulacre pour la vérité.
Un simulacre qui se dénonce comme tel n'est pas un simulacre. On est ici en présence d'une évocation, l'évocation de la scène où l'art brut pourrait advenir.

J2L

Écrit par : J.-L. Lanoux | 02.03.2008

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