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18.12.2008

La maison aux fenêtres qui rient

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C’est un giallo. Un «jaune» si vous préférez. Nous on dirait un «blême» ou un «noir» par allusion aux séries du même nom. Enfin c’est du glauque, quoi. Un thriller horrifique à l’italienne puisque «giallo» fait référence à ces romans policiers populaires en usage chez nos voisins de la botte.

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C’est le genre de film que je regarde du coin de l’œil sur le câble dans les intervalles où j’attends que se télécharge le mickey que je cherche depuis 10 minutes à incruster dans ma note. Avec cette méthode, je loupe des trucs mais c’est idéal pour me protéger quand la télé fout trop la trouille. C’est que ça peut être angoissant un giallo! Surtout quand il est super-efficace comme cette Casa dalle finestre che ridono (La Maison aux fenêtres qui rient) du réalisateur Pupi Avati.
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Ce film pictural et zarbi qui date de 1976 repasse sur Cine FX, samedi prochain, 20 décembre 2008 à 16h10. Branchez-vous dessus, vos cadeaux de Noël attendront dans leurs magasins vigi-piratés. C’est beau comme du Dario, Dario Argento of course.
Mais si je vous en parle, c’est pas parce que je sais que vous aimez l’hémoglobine.

Faut que ça saigne, d’accord et ça saigne très fort dans la Casa mais c’est surtout dans la peinture que l’on nage. De la peinture qui se confond avec de la folie. Vous me voyez venir? Car la peinture, une peinture folle qui fait dire au peintre : «les couleurs, elles coulent de mes veines» c’est ça le sujet du film.

On la croise par ci par là : des tableaux du style surréaliste fantastique autodidacte décalé, post années soixante. On aimerait bien d’ailleurs (cinéphiles à vos claviers!) savoir qui les a fait, à quel accessoiriste nous les devons. Le peintre est mort. Il s’est suicidé, d’un suicide pas propre. Dans une église de campagne de l’Emilie-Romagne, il a laissé une fresque, un martyre de Saint-Sébastien auprès duquel ceux de Mantegna ont l’air d’être des bizounours.

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Une scène de meurtre sauvage en fait, comme le découvrira petit à petit le héros principal, un jeune restaurateur raffiné (on est en Italie) venu pour réparer les injures du temps (ou du vandalisme) infligées à la peinture. Obsessionnellement, le film revient à cette peinture, c’est que le peintre fou, son plaisir c’était de peindre des personnes en train de mourir.

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On l’avait baptisé «le peintre des agonies» dans son village. Et comme il avait des sœurs assez garces pour lui procurer des modèles et des occasions … Stefano, le restaurateur de tableaux, reçoit de l’aide comme tout héros qui se respecte mais elle lui fait vite défaut. Son copain se fait défenestrer. Quant à la trop belle institutrice avec laquelle il ne tarde pas à faire zig-zig, on peut pas compter dessus. Pourquoi se laisse-t-il enfermer dans une grande baraque habitée par une vieille dame crépusculaire ? Mystère. Mais ça nous vaut des petits plans étroits comme des lames de couteaux.

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Un vieux magnétophone, des volets peints de bouches au sourire ensanglanté, la présence-absence de l’artiste morbide sature l’ambiance. Il paraît que le réalisateur a collaboré avec Pasolini sur Salo. Je vais vous dire une chose : ça se voit.

00:38 Publié dans Ailleurs, Ecrans, Images, Oniric Rubric | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : giallo | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Animulette, bravo pour avoir déniché ce petit bijou que j'avais découvert à l'époque de sa sortie, à Rome, dans les merveilleuses (ah oui) années 70. J'avais adoré ça, même si j'en garde un souvenir un peu flou. Je crois même l'avoir vu plusieurs fois dans la même semaine, entraînant au cinéma une bande de copains gentiment révoltés et passablement déjantés, lecteurs de Tolkien et Guy Debord. Ce "giallo" atypique, surfant sur la vague de Dario Argento, fantasque et comique, effrayant et halluciné, est le plus grand succès de ce ce cinéaste originaire d'Émilie-Romagne (patrie des fous et des délirants créatifs, d'Antonio Ligabue, de Fellini et j'en passe...), dont l'oeuvre brille par sa rafraîchissante hétérogénéité, sa joyeuse inconséquence, et témoigne d'une liberté de ton (celle de l'éternel "amateur") si précieuse et si rare dans le cinéma italien – et dans le cinéma tout court. Et puis Avati aime le jazz. Avati popolo ! Alla riscossa ! Je te laisse continuer la chanson... MdP

Écrit par : Michou de Palerme | 19.12.2008

Cette maison qui rit (jaune ?), posée là il y a trois jours, m'a laissé pantois... (J'allais écrire pends-toi !) Aussi n'ai-je pas cru bon, jusqu'à ce dimanche matin, jour du seigneur (là encore, j'allais écrire du Saigneur ! décidément) de vous livrer mes impressions.
En effet, quelque part, je me sens un peu loin , dépaysé, loin du JDG... Ma question: cette casa della fenestra che ridono, est-ce encore un "environnement poétique" ? Ou plus simplement un décor de cinéma, studio de plein air inattendu ? En tout cas belle idée saugrenue, pour ne pas mettre du surréaliste, comme cette maison, à tout bout de champ. Elle me rappelle celle qui a servi de cadre au film "La maison brûlée"... une maison abandonnée parmi champs et collines. (C'est tout pour la comparaison).
Et, surtout, bravo pour la composition de cette note, qui "tranche" un peu sur tant de fadaises affichées dans la bloguosphère.
Et merci ! Vous êtes un maître, Miss Ani. Continuez vos recherches et vos approches sur les Rives et dérives de l'art".
P.S.:
J'ai oublié, savez-vous que j'ai cru vous reconnaître, l'autre jour, dans le public de l'Académie d'Agriculture, à Paris, au milieu des bêlements de brebis, des appels des bouviers, des jurons de charretiers... Mais cette casquette, cette capuche rouge, comme seuls repères dans ce "repaire"... C'est votre maison qui rit "là haut parmi ces champs, l'y a-t-une bergère...." comme le serine la b.d.B (la bergère de Belvert) qui m'a fait sauter cette idée entre l'occiput et mes sourcils, si ... sourcilleux.

Écrit par : M.V de Belvert entre Clouère et Clain | 21.12.2008

@ M.V. de B.
Et oui, c'était moi, le 4 déc. dernier à la Maison de l'Agriculture! En réalité un palais de la république à la Cecil B. de Mille avec les noms des héros gravés en or sur les murs.
Vous avez reconnu mon petit chaperon rouge.
C'est vrai que j'aime la galette, les petits pots de beurre, le jus de pomme et le chabichou mais le criez pas sur les toits, ça va me nuire dans la jet set.
J'avais déjà entendu Michèle Gardré-Valière chanter.
Je l'avais jamais ouï pousser des petits cris perçants comme une bergère d'autrefois qui rassemble ses bêtes.
J'adore cette façon de faire revivre les mots de la campagne oubliée en plein septième arrondissement.

Écrit par : Ani | 21.12.2008

Je n'ai jamais vu la maison de Jeannot (celui du plancher) mais je l'imagine un peu comme cela.
Dans le réalité, cette ferme italienne existe encore.
Ce n'est pas un décor de cinéma par conséquent. D'ailleurs on peut vérifier:

http://www.youtube.com/watch?v=B_em0dzVekA

C'est étonnant quand même de voir qu'un cinéaste a eu l'idée qu'un peintre fou maquille automatiquement sa maison. Ceci dit, c'est vrai, ce serait intéressant de savoir qui, sur le tournage de "La casa che ridono", s'est chargé de réaliser les fresques et les tableaux qu'on voit dans le film.
Cordialement,
Phil Sine

Écrit par : Phil | 21.12.2008

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