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25.12.2013

Le Noël de la môme Néant

Inviter quelqu’un pour Noël? La première personne qui me passe par la tête fait généralement l’affaire. Cette année : Jean Tardieu. Beaucoup de poètes que j’aime s’appellent Jean : Jean L’Anselme, Jean Follain, Jean-Pierre Verheggen… Il y a des exceptions. Des Raymond, des Géo, des Henri.

Coïncidence : c’est en sortant du film Henri (dont je vous ai annoncé la sortie le 28 mai dernier) que je me suis retrouvée accro à un poème qu’on y entend interprété par un comédien de la Compagnie de l’Oiseau Mouche. Dans l’histoire c’est la fête chez les Papillons blancs, un foyer de personnes handicapées mentales. Les résidents donnent un spectacle. L’un d’eux déclame ce truc épatant (ici récité par l'auteur)
podcast

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 La

Môme Néant

Quoi qu’a dit ? A dit rin.

Quoi qu’a fait ? A fait rin.

A quoi qu’a pense ? A pense à rin.

Pourquoi qu’a dit rin ?

Pourquoi qu’a fait rin ?

Pourquoi qu’a pense à rin ?

A’xiste pas

Cela me rappelait quelque chose. Queneau? Non. On s’est crêpé le chignon, mon chéri et moi pour deviner l’auteur. Lui tenait pour Michaux, moi pour Norge. A cause de l’ambiance belge du film sans doute. Où apparaît Noël Godin, le bien prénommé au jour d’aujourd’hui.

Monsieur I-Pad eut tôt fait de nous détromper. C’était Jean Tardieu l’auteur de ce poème dont le titre est : La Môme néant. Cette Môme néant, si métaphoriquement reliée au personnage de Rosette incarné par Candy Ming, risque fort de nous être utile l’année prochaine.

2014 s’annonce avec son cortège de bons sentiments à l’égard de ce qu’il est convenu d’appeler «les handicapés». Et son cortège de mauvais jugements à propos de leur art d’atelier que des confusionnistes voudraient faire passer pour de l’art brut.

Ce qu’il y a de bien dans le film de Yolande Moreau c’est qu’il montre combien une «handicapée légère», loin d’être totalement dépendante des autres, apporte de la consolation humaine à un triste névrosé porté sur l’alcool. Simplement parce qu’elle rêve sans malice d’amour et de normalité.

A l’opposé du sirop caritatif, la réalisatrice, par ses justes et émouvantes images, refuse comme Michel Thévoz «d’envisager le handicap en termes de déficit (…)».

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Si comme je l’espère, vous avez trouvé, au pied de votre sapin, le petit livre de ce dernier sur Josef Hofer, plongez vous dans La Question du handicap, son premier chapitre. Il contient des considérations éclairantes sur le sujet.

Par exemple : «Il n’y a pas de caractéristique stylistique du handicap. Animer un atelier dans un cadre thérapeutique, c’est une chose; mais grouper, exposer et promouvoir le tout-venant de telles productions par sollicitude humanitaire, à l’instar des Jeux olympiques des handicapés, pour donner aux patients l’illusion d’être des artistes à part entière, cela procède d’un paternalisme humiliant».

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Boire ensuite une Trappiste à la santé de Yolande Moreau et de Michel Thévoz n’est pas interdit. Echanger des propos de comptoir avec Andy Cap non plus.

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13:47 Publié dans art brut, Ecrans, Ecrits, Lectures | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Allez, d'accord : une trappiste à la santé de Yolande Moreau !
Et de Michel Thévoz, bien que certains paternalismes ne soient pas tant "humiliants" puisqu'ils sont déjà quelque chose en mouvement.
Et bien sûr à la santé d'Animula Vagula !

Joyeux NOÏO HEL !!!

Écrit par : ˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉ | 25.12.2013

Je ne crois pas me tromper en disant que Henri est un clin d'oeil à Henri Serin, le représentant en parapluies dans les Galettes de Pont Aven. En effet, la même réplique se trouve dans les deux films: "t'es gentille, toi". En plus employée dans une situation qui se ressemble où un homme déjà mûr est consolé par une jeune femme.

Écrit par : Charlie | 28.12.2013

Les commentaires sont fermés.