09.03.2014
Tagami Masakatsu : une première à Paris
C’est toujours comme ça quand je suis comme une loque. Il y a toujours une Animulienne de bonne volonté pour me sortir de mon silence. Et avec une découverte de taille en plus.
Cette fois-ci c’est Tagami Masakatsu, un Japonais du meilleur genre autodidacte. Il vit dans un village à une heure et demie de Tokyo. Son œuvre encore inconnue en France sera révélée au public parisien le jeudi 20 mars 2014 à partir de 18h, rue de l’Aqueduc dans le dixième.
Diane, mon informatrice, dont le patronyme (Winckler) a l’air tout droit sorti d’un roman de Georges Perec, professe. Dans une école d’art, s’il vous plaît ! Son enthousiasme pour la peinture de ce sexagénaire entièrement immergé dans son art est communicatif. «Elle est riche, foisonnante, libre» m’écrit Diane. Un portrait qui se minéralise jusqu’à se faire une montagne dans la tête accompagne le carton d’invitation au vernissage de l’expo Tagami.
Le texte a le mérite de ses phrases claires, assimilables par une petite cervelle comme la mienne. On y apprend que Tagami, dans sa jeunesse, ne savait pas trop quoi faire de sa peau. Qu’il s’est entièrement consacré à la création la trentaine venue. Que Tagami a eu la chance de naître dans une famille compréhensive qui lui donne des moyens pour vivre. En visionnant la vidéo sur youtube, on saura aussi que Tagami porte un T-shirt rose. Qu’il parle en douceur et avec humour de son passage-éclair dans une académie. Que les œuvres des autres artistes le laissent froid.
Neuf ans durant, il a travaillé de neuf heures du matin à neuf heures du soir. C’est qu’il a tant à faire! Il ne cesse de s’exprimer par les images qu’il produit, simplement et avec plaisir selon ses dires. Presque comme un enfant.
Ce qu’il en circule sur le Net suffit à nous convaincre du résultat. Avis aux amateurs! L’avenir dira si cette œuvre attachante sera relayée chez nous par les défenseurs d’une création qui, sans être de l’art brut, entretient avec celui-ci des affinités électives.
Parmi les acteurs du marché d’affaires «outsider», seuls ceux qui ne pensent qu’à se tourner vers une clientèle formatée par le conceptualisme officiel craindront de se brûler au feu généreux de l’expressionnisme de Tagami.
Laissons nous pour notre part toucher par la chaleur de ses couleurs. Par la gamme étendue de ses sonorités plastiques. Et par l’élégance décalée de ses gravures nourries d’une tradition déviée et sublimée.
C’est l’antenne parisienne de la galerie Atsuko Barouh à Tokyo (où la première grande exposition de l’artiste fut montée) qui nous présente Tagami. Barouh, Barouh, ça vous rappelle sans doute –chabada bada, chabada bada– le compositeur de la musique d’Un homme et une femme, le film de Claude Lelouch récompensé à Cannes en 1966.
C’est en effet à Pierre Barouh et à sa fille Maïa que l’on doit la découverte de Tagami. Et ça vaut bien une Palme d’or (brut).
19:55 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (4) | | Imprimer | | |
Commentaires
Ce Pierre Barouh, il réapparaît régulièrement où on ne l'attend pas. Un curieux avec un nez... À quand un opéra ? (de Katsu bien sûr.)
Écrit par : ˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩│ˉˉˉˉˉˉˉˉ│∩ | 10.03.2014
et pourquoi ce ne serait pas de l'art brut? Au nom de quel critère? Certes il semble se positionner comme "artiste" mais sur un mode particulier, celui d'une sorte de position mystique: une "révélation" qui l'a engagé à laisser de côté toute réalité (les contraintes de travail p ex) pour s'y consacrer (les vrais mystiques entrent au couvent - ce qui n'est pas loin de revenir au même).
En tout cas ce qu'il produit "ne doit rien à personne" comme dirait ACM...ce qui est peut-être pour le coup un critère.
Écrit par : Béatrice Steiner | 10.03.2014
belles couleurs et beau graphisme.
Écrit par : fog | 14.03.2014
Bonjour à tous,
Un grand artiste qui possède son propre univers. Il a soixante ans, il est temps pour lui d'être découvert...C'est superbe, j'adore.
Jean Baptiste
Écrit par : FERAGUS | 15.03.2014
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