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01.11.2014

Ni class, ni con, seulement BRUT

Aujourd’hui ouverture. Ouverture de la chasse aux ÉDL (éléments de langage). Dans mon collimateur un distinguo qui pullule. Je veux parler de l’opposition entre œuvres classiques et contemporaines. Opposition factice qu’on nous lâche dans les bottines chaque fois que l’on se promène dans la forêt de l’art brut.

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Peu importe si cette distinction rabâchée n’enfonce rien d’autre que la porte ouverte d’une évidence chronologique. Qu’il y ait eu des créateurs d’art brut dans le passé et qu’il y en ait aujourd’hui n’est pas, après tout, une nouvelle bouleversante. L’important n’est nullement que le distinguo soit pertinent pour ceux qui en organisent le lâcher. L’important est qu’il soit répété à tout bout de micros.

Car c’est ainsi que fonctionne la vilaine bête à deux dos de l’art brut classique slash art brut contemporain. Comme un vulgaire élément de langage qui vise à squatter notre quantité de neurones disponibles. Si tant est qu’il en reste après le passage du «Plug anal» sur la place Vendôme.

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Un ÉDL, je vous dis. Rien qu’un ÉDL des familles, cette dichotomie class-con. Comme tous les ÉDL qui se respectent, celui-ci veut nous faire faire le boulot à sa place en nous transformant en perroquets.

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Il se soucie comme d’une guigne de notre libre arbitre, inutile valeur d’usage selon lui. Sur le pauvre marché de nos idées, il ne se préoccupe que de la valeur d’échange. Tout ce qui l’intéresse c’est de tourner en rond. Pour quel profit philosophique? C’est la question.

Opposer l’une à l’autre deux facettes diachroniques de l’art brut c’est enfoncer un coin dans la chair de son concept. Tenter de le casser et de l’abattre. Revenir imaginairement à la confusion à laquelle il mit fin, dans l’espoir de faire prendre la sauvagine pour du poulet au ketchup-to-date plus commercial parce que moins rare.

Possible que les joyeux braconniers qui s’emploient à formater ainsi notre pensée en détachant, d’un art brut soit-disant historique, un art brut soluble dans la pire misère de l’art dit-contemporain, n’aient pas conscience de ce qu’ils font.

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Sans doute ne cherchent-ils, en fin de compte, qu’à passer de la pommade sur la blessure narcissique que la coupure épistémologique de Dubuffet leur a infligé pour jamais.

Mais s’il est vrai que les mots ont un sens, ils ont aussi des connotations qu’ils traînent derrière eux comme des casseroles. Classiques vous évoque ainsi un tas de vieilles barbes XVIIe dignes de la pédagogie Larousse de papa.

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Contemporains vous a un p’tit parfum néo-dadaïste, post-punkesque et conceptualo-minimal très tendance.

Apparemment y’aurait pas photo. Le piège est un peu gros! Nous ne sommes pas obligés d’y tomber en nous comportant comme du gibier. Alors au diable l’appât de l’opposition entre œuvres d’art brut classiques et contemporaines! Dédaignons le. Ce n’est qu’une facilité du prêt-à-penser de notre époque décerveleuse où tout se règle par des rapports marchands.

L’art brut est un fait. Un fait sans origine ni fin.

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L’art brut est comme un hobo qui prend le train en marche sans savoir d’où celui-ci vient ni où il va.


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17:30 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, éléments de langage, plug anal | |  Imprimer | | Pin it! |

Commentaires

Oui!

Écrit par : matthieu morin | 04.11.2014

Est-ce à penser qu'on pourrait voir dans les œuvres d'art brut un agencement topologique semblable à celui qui régit l'inconscient? Dès lors leur temporalité appartiendrait plus à la construction psychique individuelle qu'à une modernité historique.
Si le qualificatif "contemporain" entraîne avec lui toutes sortes de connotations sur lesquelles vous avez raison de nous alerter, il ne faut pas négliger le fait que les structures psychiques et leurs symptômes changent dans leur expression - mais, c'est là peut-être qu'il faut donner raison à Dubuffet - pas dans leurs mécanismes!

Écrit par : Béatrice Steiner | 07.11.2014

Cette affaire d’art brut et son rapport au contemporain pose une multitude de questions. Quel rapport les créateurs de l’art brut entretiennent–ils avec la culture, leur inscription dans leur temps et donc leur rapport à la contemporanéité en est une. La question de la temporalité psychique versus temporalité historique en est une autre. Ne faut-il pas sortir des clichés et des exaspérations pour aborder ces questions ?

Écrit par : question | 09.11.2014

@ Question

Dirait-on pas à lire vos tentatives de déminage que le petit scud animulien vient d'atteindre sa cible?
Il n'y a que les propagateurs d'EDL pour user comme vous le faites de cette pauvre ruse de la political correctness: discréditer ceux qui révèlent leurs grosses ficelles en les taxant d'exaspération.
L'expression de la moindre libre opinion vous est à ce point une urticaire?
Aux laveurs de cerveaux, tout est cliché.
Sauf les vieilles lunes de la "contemporanéité" qu'ils promènent partout comme de nouvelles stars.

Écrit par : Réponse | 09.11.2014

Les commentaires sont fermés.