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16.02.2013

Un cri passage du Mississipi

La lasagne contemporaine au canasson roumain vous dégoûte? Alors : Jambalaya, crawfish pie, fillet gumbo! C’est la saison sud. Faut en profiter.

Sud, sud, sud : gros arrivages en ce moment! Sud des Etats-Unis s’entend. Les autres c’est pas class. Sud, sud, sud, même l’art brut s’y met. Il ne m’est art brut que du sud. Il n’est bon bec brut que du sud. Le sud, le sud, toujours renouvelé. Le sud, vous dis-je. Bon, c’est un peu agaçant ces campagnes promotionnelles. Sud par ci, sud par là, sud arrive, sud est là…

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Quand tout le monde est poussé à regarder dans la même direction, on a envie de se faire une sortie de route. Mais on ne peut pas s’empêcher de suivre la musique quand même.

 

Et la musique, la musique du sud, est bonne chez Christian Berst. C’est la seule chose dont le galeriste ne parle pas sur son site super bien documenté, à propos de son exposition des œuvres de Mary T. Smith (jusqu’au 2 mars 2013). Elle prend pourtant dans ses bras consolants le visiteur qui franchit la porte du 3/5 passage des Gravilliers (75003).

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Ce n’est pas la première fois à Paris que nous voyons ces tôles ondulées et ces panneaux de bois, bichromes ou monochromes mais toujours peints avec une autorité fervente qui semble venir d’un fond de lucidité sauvage, d’une histoire de labeur et de douleur où se conjuguent surdité, misère, ostracisme et expressivité.

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Christian Berst lui-même en avait déjà présentées en 2009 dans American Outsiders I, une exposition collective. Et Mary T. Smith, aux belles robes très «peinture», figurait déjà dans Art Outsider et Folk Art des Collections de Chicago à la Halle Saint-Pierre en 1998.

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J’emprunte à la biographie de cette créatrice, établie à cette occasion par Martine Lusardy et Laurent Danchin, ces lignes significatives : «Aujourd’hui, et depuis longtemps, il ne reste rien du musée en plein air de Marie T. Smith : le succès et les nombreux amateurs sont passés par là, obligeant même vers la fin cette étonnante artiste improvisée à produire sur commande des travaux de plus petit format, parfois le temps d’une simple visite et en présence du destinataire».

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Je les emprunte pour souligner un mérite de l’exposition actuelle de la Galerie Christian Berst. C’est que, non seulement elle crée l’ambiance en nous berçant dans le blues feutré et enveloppant mais elle n’occulte pas ce fait essentiel : les productions de Mary T. Smith, loin de relever d’un art de chevalet, sont les pièces orphelines d’un véritable environnement d’art brut.

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Des parties d’une œuvre globale qui leur donnait plus de force encore d’être inaliénable, c’est-à-dire non consommable dans l’acception commerciale du terme. C’est pourquoi j’ai trouvé beaucoup d’intérêt à visionner le diaporama qui passe en boucle sur grand écran dans la berstienne galerie.

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Surtout avec mon séant (les petites âmes errantes en ont aussi) mollement enfoncé dans le canapé blanc antonionesque de ce vaste lieu. On y saisit au vol bon nombre d’images de cet univers de plein air si personnel, au temps où il fonctionnait à son plein régime.

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C’est à dire à son usage exclusif. Pour ceux et celles qui aiment les souvenirs, ils ou elles pourront emporter le catalogue où cette impression se prolonge par plusieurs clichés.

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